28 avril 2011

Timber Timbre - Creep On Creepin’ On (2011)

Je n’étais pas vraiment rentré dans l’album précédent (2009), mais je n’arrive plus à sortir de celui-là. Le trio canadien livre là pour moi son sommet. Un disque cinématographique (certains parlent de Lynch ou Aronovski dans l’univers) qui tient du miracle. A sa tête, on retrouve le multi-instrumentaliste Taylor Kirk. Et ce qui marque dans ce nouvel album c’est sa voix. Chargée d’échos comme aurait pu l'être celle de John Lennon dans les 70’s, elle survole le disque, à la fois douce et jazzy, un véritable instrument à elle seule. Un disque d’un romantisme noir absolu, qui apaise autant qu’il inquiète.

Et autant dire tout de suite qu’il y a des singles. " Creep on creepin’ in ", une ballade jazzy à tomber avec son intro slidée. "Bad ritual" et sa soul magnifique murmurée d’une voix fatiguée sur fond de piano angélique. Et ce "Black water", pur moment de musique soul inspiré des années 50/60 mais à la production très moderne. On y entend le saxophone de Colin Stetson, et comme souvent dans le disque, le pianiste fil rouge Mathieu Charbonneau.


Enregistré dans une église (très à la mode en ce moment, Jésus avait-il un groupe ?), l’album est surplombé de mélancolie et de doux spleen. Une croisière à l’instrumentalisation luxuriante mais faite de respirations. Il y a aussi des plages tribales inquiétantes ("Obelisk", "Swamp magic") qui donnent un côté psychédélique au disque façon Pink Floyd je trouve. Ca le rend étrange, déviant et onirique. Et puis j’adore le titre de ce morceau "Too old to die young", n’est-ce pas ce que l’on ressent tous en ce moment ?

En bref : disque de folk soul inquiétant et rassurant à la fois, porté par une voix qui s’est trouvée, un premier pas chez les grands.




Le site officiel

Les énormes "Bad ritual", "Woman" et " Creep on creepin’ in " :







Lire la suite

Mark McGuire - Living With Yourself (2010)

Mark McGuire est surtout connu pour être le guitariste émérite du trio electro/ambient/drone Emeralds dont les amateurs ont tous encore en tête les vagues synthétiques de Does It Look Like I’m Here - surtout Dave dont la chronique ne manquait pas d’éloges. Et si son talent se révélait par quelques petites touches subtiles au milieu des synthés de John Elliott et Steve Hauschildt, il s’exprime ici dans toute sa singularité. Mais le jeune guitariste n’en est pas à sa première livraison en solitaire, bien au contraire. On lui doit déjà toute une flopée d’enregistrements - 32 parus ces trois dernières années, presque autant qu’Emeralds - aux tirages extrêmement limités éparpillés sur différents labels (Wagon, Éditions Mego entre autres) en plus de ses collaborations (Skyramps, Silver Futures). À cela s’ajoute une reconnaissance grandissante qui lui a déjà valu le titre de guitariste le plus talentueux de sa génération par The Guardian. Tout ça à seulement 24 ans ; respect !

Living With Yourself est donc - vous l’aurez compris ! - un album de guitares. Acoustiques ou électriques, voire méconnaissables, elles y sont omniprésentes et remplissent l’espace. Car, le jeu particulier de Mark McGuire ne saurait s’exprimer sans ces nombreux assemblages de loops qui se superposent inlassablement, additionnés à un usage subtil du delay. C’est pourquoi les notes de guitares clapotent et virevoltent dans un imbroglio de notes surtout sur "Brain Storm". On pense parfois au trio Maserati, le côté "dance" en moins, notamment sur l’ouverture de "Clouds rolling in", même si les sonorités d'Emeralds ne sont pas loin ("Clear the cobwebs" et son final en gouttes d'eau).


Mais, alors que chacun des morceaux pourrait relever du pur exercice de style, le guitariste Américain y instille une dose d’émotions à fleur de peau. Car Living with yourself est aussi une œuvre autobiographique, une sorte d’introspection dans les souvenirs de l’enfance. Chaque titre renvoie à un souvenir précis parfois rendu flou par la défaillance de la mémoire. Ce flou, c’est ce drone souvent relayé en arrière plan mais dont la densité grandit et finit par tout envelopper. L’inaugural "The vast structure of recollection" débute d’ailleurs par des samples, bribes de paroles d’enfants, avant d’être noyé dans un crescendo de bruits. Et quand le brouillard s’estompe, c’est pour laisser place à un entrelacs de guitare mélodieux. Avec beaucoup de notes, McGuire parvient quand même à rendre sa musique légère et mélodieuse, preuve d'un véritable talent de soliste.

En bref : Mark Mc
Guire signe ici un disque intensément beau, sans doute le plus accessible de sa discographie, que les adeptes d'Emeralds pourront apprécier à sa juste valeur.




"Brain Storm" :



Mark McGuire, en action :



À noter que le label autrichien Editions Mego prévoit d'éditer, le 5 mai, une compilation rassemblant une vingtaine de morceaux de Mark McGuire issus d'éditions limitées (plus d'infos ici)

Lire la suite

26 avril 2011

Metronomy - The English Riviera (2011)

Cette année, il semble que les musiciens n’aient qu’une seule hâte : tremper les doigts de pieds dans la mer, jouer au beach volley, bouquiner sous un parasol et faire des conquêtes auprès des adeptes du topless. En effet, si l’hiver est passé si vite c’est qu’on ne pouvait se lasser d’écouter le titre "Riviera" des bordelais Pendentif qui nous amenaient un peu plus près de toutes ces activités exclusivement estivales. Mais l’on n’en est jamais si près qu’avec le nouvel opus des anglais (comme le titre de l’album l’indique !) de Metronomy.

Et comme chez Pendentif, l’été est annoncé par des chœurs féminins, gage de séduction et de bikini. Cette voix fluette appartient à Anna Prior, nouvelle recrue parmi d’autres qui forment la nouvelle version de Metronomy. En effet, lorsque Gabriel Stebbing quitte l’équipage, le métronome fait peau neuve : Gbenga Adelekan (bassiste) et bien sûr Anna Prior (batteuse et arme de séduction). Alors on ne sait pas bien comment équilibrer les pourcentages pour savoir à qui on doit une telle réussite : au duo Joseph Mount (compositeur, interprète et multi-instrumentaliste de toujours) à Oscar Cash (saxophoniste et claviériste) ou à tout ces matelots fraîchement embarqués avec eux dans l’aventure. Mais une chose est sûre, on savoure.

Après tout, on ne pouvait pas moins attendre d’un album qui s’ouvre sur 37 secondes de cris de mouettes ("The English Riviera") : on est tout de suite placé du côté expérimental et conceptuel du groupe, mais ce n’est pas aussi flagrant (et lassant) que sur Pip Paine (Pay The £5000 You Owe) (2006), ni aussi clairement orchestré que sur Nights Out (2008). Ici, nous sommes directement confrontés à la force toute personnelle de Metronomy. Des titres comme "Loving arm", "Love underlined", "Trouble" ou "We broke free" sont définitivement plus difficiles d’accès. Oon ne rentre vraiment dedans qu’à force d’un immense rabâchage auditif. Et si l’on est déjà amoureux du groupe depuis deux albums et demie, on finit même par aimer le chant plaintif de Joseph Mount sur "Trouble" comme on chérit les défauts à demi donnés d’un amant de longue date.


Et puis comment ne pas accepter de se lasser un peu sur quelques titres quand en contrepartie (puisque les titres cités si dessus parsèment l’album si discrètement !) la bande à Joseph Mount nous offre des tubes - délaissés de la force électronique de ceux de Nights Out mais dans la continuité de leur parcours - qui peupleront nos playlists estivales et s’invitent déjà dans nos longues journées printanières. On surfe de "Everything goes my way" - sublimée par le chant d’Anna Prior - à "Corinne" - émouvante et langoureuse comme les rêves les plus légers - en passant par "The look" et "The bay", deux tubes savamment orchestrés à la Nights Out, pour nous faire tourner la tête à chaque écoute ! Et bien sûr je ne vous parle plus de "She wants", le single qui suscite maintes et maintes déclarations d’amour !

En bref : si The English Riviera était un homme, il serait de ce genre bien rare qui tourne ses défauts en qualités, si bien que l'on ne s’en lasse jamais.




Le Myspace et le Site Officiel

A lire aussi : Metronomy - Nights Out (2008) et Metronomy - My heart rate rapid (2008)

"The Look" :

Lire la suite

25 avril 2011

Owiny Sigoma Band – Wires (2011)

Quitte à rester dans le domaine de l’Afro, je profite de l’occasion pour partager la dernière trouvaille du DJ-producteur-animateur radio Gilles Perterson. C’est sur son label, Brownswood Records, que vient de sortir Wires, le premier EP du Owiny Sigoma Band. De ce dernier, on ne connaît pas grand chose, si ce n'est qu'il a été formé par une bande de Londoniens qui, un jour de 2009, ont décidé d’organiser une rencontre avec deux musiciens, Joseph Nyamungo et Charles Okoko, originaires d'un petit village du Kenya nommé Owiny Sigoma. Ces sessions aboutissent à l’enregistrement de deux EP, dont Wires, entre house, pop et savoir-faire local.

L’intérêt de l’EP réside dans sa face A, où le remix de Theo Parrish figure à la place du morceau original. On n'est qu'à moitié surpris. Le DJ et producteur originaire de Détroit, l’un des pionniers de la deep house, livre une version bien plus travaillée sur la basse que l’original. Il distille, comme à son habitude, une house dépouillée, nonchalante et légèrement vaporeuse. La face B ravira les amateurs de pop. La version originale commence par un petit gimmick de guitare africaine qui reviendra tout au long du morceau. Soutenu par les différentes caisses de la batterie, le chanteur accompagne pendant un temps puis finit par laisser sa place à un jam entre les différents musiciens. On pourra également s’amuser à comparer la différence de traitement entre les deux titres.

En bref : Sans réinventer le genre, Wires demeure un joli objet musical. Une passerelle entre house et pop.




Owiny Sigoma Band // Wires (Theo Parrish Remix) by Brownswood



Lire la suite

22 avril 2011

K-S.H.E - Routes Not Roots (2011)

Qu’est-ce que la house ? A qui s’adresse-t-elle ? A-t-elle un sexe ? Un message ? Une couleur politique ? Ces questions, sur lesquelles bien peu de DJs se penchent, Terre Thaemlitz tente d’y répondre depuis plus de 15 ans sur des disques qui sont toujours un peu plus que de simples objets musicaux. Volontairement, il casse les formats, s’éclipse, touche aussi à la photo, à la vidéo, aux arts plastiques, change régulièrement de pseudo avant de revenir par une autre porte, peu attaché à la notion d’auteur et à la reconnaissance publique. A travers tous ces revirements et réflexions, c’est sa propre identité qu’il interroge, et la possibilité de vivre heureux en étant différent.

Transsexuel (ou androgyne, comme il se définit lui-même), Thaemlitz a quitté New York, qu’il déteste, pour Tokyo, où la vie est selon lui plus aisée pour les minorités sexuelles. L’album qui nous intéresse ici date de 2006 et n’était justement disponible qu’au Japon. Sa réédition chez les Français de Skylax fait suite au succès de Midtown 120 Blues (Mule Musiq), sorti sous le nom de DJ Sprinkles en 2009, et que j’avais renoncé à chroniquer, découragé, comme souvent, par le nombre de critiques (logiquement) élogieuses sur les blogs. Mais vu que celui-ci est au moins aussi bon, je ne peux décemment pas passer à côté.

Routes Not Roots est un album bavard, militant, bourré d’interludes et de spoken word. On y parle du regard des autres, du Sida, de la violence ordinaire... Parfois avec une certaine brutalité, comme sur ce "Stand Up" où des rires en boîte répondent à une histoire tragique (narrée par Terre lui-même ?) de lynchage d’un trans dans le métro de New York. Une sorte de malaise, de douleur même, affleure sur une bonne partie des 12 titres, mais le propos militant ne prend jamais le pas sur la beauté de la musique, parfaite alliance de house, de jazz et d’ambient, portée par un piano rêveur omniprésent et un groove intense et répétitif.

Sans introduction, Terre entre directement dans le dur et dans le deep avec "Down Home", ses violons et ses accords de piano expressionnistes. C’est l’un des gros titres de l’album, et l’un de ceux qui correspondent le plus au format house classique. Autre morceau de bravoure, "Hobo Train" étale son beat rugueux et son prêche sur plus de 12 minutes et s’achève dans un éblouissant entremêlement de guitare hispanisante et, encore une fois, de piano jazzy. En parfaite adéquation avec son « message », la musique de Thaemlitz est terriblement honnête, sans effets ou presque, sans cache-sexe, suis-je tenté de dire en écho à la pochette. On touche là à l’essence de la house, tout simplement. Plusieurs tracks font d’ailleurs des clins d’œil appuyés aux pionniers de Chicago, notamment "Infected" et ses boucles disco, et le diptyque "Fuck The Down-Low" / "B2B".

Même lorsqu’il se sert de samples archi-grillés, qu’il s’agisse des chœurs du "Another Star" de Stevie Wonder (sur "Crosstown"), ou d’un passage du bijou de Talk Talk, "The Rainbow" (sur "Double Secret"), ses choix ne se discutent pas tant ils semblent relever de l’évidence. Ce qui ne signifie en rien que Routes Not Roots est un album fluide. Bien au contraire, il nous fait subir une succession d’émotions contradictoires, passant souvent de l’une à l’autre de manière plutôt abrupte, ou les faisant cohabiter dans un entre-deux ambigu qui n’a évidemment rien d’accidentel. Et c’est précisément ce qui en fait une œuvre à part, à mille lieues du commun des albums du genre, et un autoportrait saisissant de son auteur. Car il y a à peu près autant de différences entre Terre Thaemlitz et le producteur house moyen qu’entre Jean Genet et Marc Levy. Quelques-unes, donc.

En bref : la réédition d’un chef-d’œuvre de Terre Thaemlitz, double réflexion sur le sort des minorités sexuelles et la nature profonde de la musique house.




Le Myspace et le Soundcloud de Skylax Records
Le site de Comatonse, le label de Thaemlitz
Une interview (en français) réalisée en 2010 par nos confrères de Soul Kitchen






Lire la suite

18 avril 2011

Josh T. Pearson + Brook Pridemore - Concert à La Dynamo le 17/04/11


À peine eut-il franchit le seuil de la porte et descendu les quelques marches en spirales qui mènent à la scène que l'aura mystique de Josh T. Pearson enveloppait la salle. Car le Texan à la longue barbe, ex-leader du trio Lift To Experience, force le respect. Il dégage quelque-chose, une sorte de classe mêlée à une allure de cow-boy. Sa barbe en dit long mais sous cette pilosité excessive se cache un regard malicieux rendu légèrement hagard, certes, sûrement par quelques réjouissances alcoolisées en backstage. Sifflotant pendant son installation sur scène, il se révèle peu à peu très communicatif avec le public de La Dynamo. Et, force est de constater que notre Texan a de l’humour. "I like to win but I love Toulouse" énonce t-il fièrement avec l’accent texan étouffé dans sa barbe avant de nous raconter ses mésaventures de tournée ; apparemment la perte des gains des cinq derniers jours, oubliés à une station service.

Josh T. Pearson est véritablement hanté par ses compositions. Au fil des morceaux, sa voix ne cesse pas un instant de nous bercer de sa langueur et de sa profondeur gutturale. Souvent les yeux fermés, inflexible devant son micro, le corps entier incliné vers l’arrière, il égraine les accords de ses compositions. Son jeu nuancé, tout en finger-picking, se fait envoûtant tantôt léger, effleurant les cordes à moitié étouffées, tantôt insistant, grattant les cordes avec passion. Quelques fois il coupe même le son de l’ampli et s’éloigne du micro : juste sa voix, sa guitare, la simplicité absolue et la magie opère toujours. Son chant cathartique déclenche une salve d’émotions, plus pénétrantes encore que sur l’album (Last Of The Country Gentleman, chroniqué ici), sans pour autant se répandre dans un pathos mielleux. Avec seulement quatre accords et un capodastre qu’il décale de quelques cases sur le manche de sa guitare, T. Pearson parvient à façonner des ambiances mystiques mais jamais barbantes.

Josh T. Pearson, "Woman when I've raised hell" :



Myspace et site officiel


En première partie, Brook Pridemore inaugurait la soirée acoustique avec une antifolk énervée et entraînante. Déjà cinq albums signés sur le label Crafty Records et plusieurs collaborations à son actif, le new-yorkais fait preuve d’une énergie contagieuse sur scène. Multipliant les accordages et attaquant les cordes de sa guitare avec force, Brook Pridemore chante ses joies, ses colères, et les aventures/mésaventures de ses amis.

Brook Pridemore, "Just Like Nathan Hale, Pt. 2" :



Myspace

La Dynamo sur Facebook

Lire la suite

16 avril 2011

Mr Raoul K - Introducing My World (2011)

Raoul Konan débarque en Allemagne en 1992. Charpentier dans la petite ville de Lübeck, il se lance en parallèle dans le DJing après avoir été fortement marqué par le défilé techno et house music de la Love Parade d'Hambourg en 1997. Quelques années plus tard, le natif d'Agboville, en Côte d’ivoire, monte son label, Baobab Music, dans la ville hanséatique, pour y sortir ses propres productions. Depuis, Mr. Raoul K est l'auteur d'une tripotée de maxis – que je découvre à l’occasion de la sortie de son album. Déjà, son premier EP, Le Cercle Peul, développait une house progressive, aérienne qui avait séduit la critique. L’utilisation de sonorités africaines, dont il revendique clairement la filiation, fait partie intégrante de ses productions. Jusqu’à ses musiciens, qu’il fait venir du continent de ses ancêtres.

Le sorcier aux dreadlocks livre son premier album sur le label japonais, Mule Music, dont le catalogue recèle d’un certain Kuniyuki Takahashi, chroniqué dans les colonnes de Dodb. Une tonalité "world music" pour "Introducing My World" qui commence tout logiquement par l’Afrique. Dans "A Guinean Village", un titre chanté, et soutenu par un jam de percussions, on entend la mélodie d’un sanza électrique, cet instrument typique composé de lamelles de fer. Le morceau suivant, "African Governement", installe sur un rythme plus soutenu, une atmosphère brûlante, avec son tourbillon continuel de cordes. Les motifs mélodiques reprennent ces figures géométriques, que l’on retrouve sur la pochette de l’album. C’est notamment le cas du l’excellent titre "Japon Japon" qui évoque aussi bien la pays nommé qu’une peinture de Vasarely.

Avec "Himalaya", un titre qui nécessite le port d’un masque à oxygène, on entame une ascension vertigineuse. L’image était inévitable, tant cette tension se retrouve durant tout le morceau. Pas d’apex, mais une grimpette sans fin où les accords de piano se perdent quelque part, plus haut. Aller, puis retour sur le continent africain avec "Li Voi Rien", au jeu de mot évident qui alterne chant et word speaking. La deuxième partie de l’album se fait plus house. Les sonorités africaines sont toujours présentes, mais les passages chantés disparaissent au profit de l’instrumental. Le titre "Le Cercle Peul", aux mouvements concentriques, semble ne jamais s’arrêter. Si l’album peut sembler par la suite un peu plus aride que certains d'anciens morceaux comme "Le Tchadien" ou "Abuja", Mr. Raoul K s’affirme d’une grande maturité et d’un talent certain pour la musique électronique.

En bref : Premier album et premier sans faute pour un DJ de grande envergure. D’une richesse étonnante, Introducing my world impose un artiste à suivre de près.





"Himalaya" :



"Japon Japon":



Lire la suite

15 avril 2011

Free Moral Agent - A Mini Documentary (2010)

Ceci n’est pas un disque. Ceci est un mini documentaire (10min à peine, en anglais), promotionnel mais pas trop, sur un groupe découvert par hasard à Austin, au bord de la piscine. Et quel groupe ! Venus de Los Angeles et encore assez confidentiels, FMA n’a sorti qu’un album, Control This en 2010. C’est Isaiah "Ikey" Owens le claviériste des Mars Volta qui en est à l’origine et l’on peut dire que leur musique est à la croisée de nombreux genres : prog, pysché, hypnotique, rock, et dans tous les cas, du groove à foison.

Ce mini documentaire fait donc un tour rapide de l’équipe. De la chanteuse au bassiste et à son impressionnante collection de disques. Du machiniste au guitariste. Sans oublier le batteur, dément. Forcément on n’allait pas nous montrer le contraire, mais tout ce petit monde semble vraiment bien s’entendre en toute simplicité. Chacun aurait apparemment la possibilité de composer ses propres morceaux pour le groupe. On leur prédit un bel avenir, avec en fil rouge ce morceau dément et forcément non représentatif "Sound at sea". Si ça ne vous donne pas envie d’en entendre plus je ne comprends plus rien.

Leur Myspace et leur site officiel

Le mini docu :



"Sound at sea" :


Lire la suite

12 avril 2011

The Kills - Blood Pressures (2011)

Depuis 2008 et le Midnight Boom de nos très chers Kills, l’on comblait difficilement le manque de duos rock’n’rollesques. On n'hésite pas à accorder notre confiance à John & Jehn mais leur séduction se fait douce alors que l’on attendait – de plus en plus impatients – un geste des Kills et de leur énergie charnelle si bien menée. On aura donc attendu trois ans avant de se mettre de nouveaux titres sous la dent, glissant notre oreille vers les projets parallèles de Mosshart pour mieux se dire que – décidément – le rapport de force dans un duo musical n’a jamais était mieux incarné que chez VV et Hotel. Car oui, cette "tension artérielle" que nous dévoilent les Kills s’offre à nous comme le plus beau produit d’une pression entre deux êtres unis dans la production artistique depuis près de dix ans.

Cette nouvelle aventure s’ouvre sur un "Future starts slow" à la sensualité obsédante. On redécouvre la voix nerveuse d’Alison qui est mise en relief par les chœurs et le rythme établit par Jamie Hince. Il ne manquait que "Satellite" pour tomber complètement sous le charme de la formule que le duo semble avoir ici choisie : des sonorités rageuses justement dosées grâce à une production précise – mais jamais trop accentuée – et un chant brûlant, dont l’agressivité séduit comme jamais.

Les titres s’enchaînent et donnent l’impression d’un disque compact : on n'est pas surpris quand le rythme s’emballe et que la voix s’enflamme sur "Heart is a beating drum" et "Nail in my coffin" et on se laisse embarquer sur les grandes routes américaines dans une voiture de collection avec les deux comparses qui se jouent de la métaphore de la vitesse : "Heart is a beating drum" fait directement écho au titre de l’album – que l’on traduira par "tension artérielle" - tandis que "You don’t own the road" nous emmène au delà des limites de vitesse, dans l’univers des Kills, dans un dernier tête-à-tête avec l’adrénaline.

Séduits mais pas surpris, c’est un peu comme ça que l’on se sent quand les dernières notes de "Nail in my coffin" résonnent. Et puis VV et Hotel décident de nous faire une surprise. Sauf qu’au moment de nous passer la bague au doigt, l’anneau se révèle trop petit et le charme instantané est rompu. C’est "Wild charms", la ballade menée par Jamie Hince, qui en un peu plus d’une minute réussit à briser le cycle énergique des quatre titres précédents avec de fausses confidences sur l’oreiller.

Heureusement, on retrouve le potentiel tubesque à son apogée de suite après avec "DNA" dont le refrain se prête aisément au jeu de la danse lascive et de la séduction ardente. Sauf qu’Alison veut aussi y aller de sa petite ballade : "The last goodbye", qui traîne en longueur sans jamais vraiment nous convaincre. Deux petits écarts sentimentaux donc, mais on s'accroche à cette force si rare dans les duos d’artistes sur neuf autres titres aux ondulations rythmiques particulièrement addictives.

En bref : Comme souvent chez les Kills, on aime ou on déteste. Mieux vaut se débarrasser de ces clichés pour enfin apprécier la richesse du contenu et la tension – réellement présente et non exagérée – entre ces deux musiciens qui toujours se retrouvent.




Le site officiel et le Myspace

"Satellite" :



Lire la suite

Budam - Man (2011)

Volvox Music est décidément un label que l’on apprécie. Après Family Of The Year et Mintzkov, c’est au tour de Budam de nous enthousiasmer. J’avais déjà chroniqué Stories Of Devil, Angels, Lovers And Murderers le premier album de ce jeune artiste, et j’étais loin d’anticiper sa marge de progression. D’un climat cabaret à la Tom Waits, Budam s’est transformé en un extraordinaire faiseur de sons. Man est un des cinq meilleurs disques que j’ai pu écouter cette année, et ce serait dommage de vous en priver.

Son histoire est particulière. Ancien guitariste de jazz, l’homme partit un temps de ses Iles Féroées natales pour Cuba où un grave accident lui empêcha l’usage de son instrument. Suite à cette blessure il entreprit un petit tour du monde à la rencontre d’autres cultures. Musicalement, il en est revenu grandi. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Budam déborde d’idées. Cet album n’est rien de moins qu’un concept album anti prétentieux sur les thèmes de la nature, la religion, l’amour et la mort, rien que ça. Ces chansons sont des puzzles généralement composés de trois sections distinctes qui se rejoignent en climax en fin de morceau.

C’est le cas de cet énorme "The man who knows everything", baroque et féroce, enregistré à la perfection sur plusieurs niveaux sonores. Les vocaux y sont complètement fous, et Budam qui ne se considère pas vraiment comme un chanteur a invité à ses côtés les vocalistes Ása Vrá et Eivør Pálsdóttir. A côté de ça il peut écrire les crevantes ballades "The bicycle" et "You are my religion" aux paysages sonores épiques, comme sur tout l’album d’ailleurs. "The fly","The elephant" ou "Aeroplane" sont d’autres immenses morceaux, tout aussi exubérants que spontanés. "God is ****ing with your heads" évoque quant à lui le grand Nick Cave, rien que ça. Et comme on finit toujours un grand disque par un grand morceau, "All your dream you get to keep" est un a capella qui devrait vous arracher les larmes.

En bref : avec beaucoup d’humour et d’introspection, un passionné de théâtre qui n’en est plus à son premier coup d’essai livre un disque kaléidoscopique étonnant.




Le site officiel et le Myspace

Découvrez les étonnants "The fly" et "The bicycle" en live, extra pour se faire une idée du personnage :





Lire la suite

11 avril 2011

Ghost Note - Kapwa (2011)

Phil South et son label ne se contentent pas d’organiser – paraît-il – les meilleures soirées de New York et de régaler les amateurs de house et de nu disco avec des vinyles de Mark E ou DJ Nature. Depuis quelques mois, Golf Channel Recordings élargit sa palette en s’engouffrant dans un psychédélisme moderne, électro-acoustique, très bien illustré par le dernier EP des Portugais de Gala Drop, récemment chroniqué dans ces pages, ou par ce disque daté de janvier dernier. Ghost Note, c’est le duo formé d’Alexander Posell et d’Anton Esteban, deux artistes pluridisciplinaires, qui travaillent généralement dans les milieux de la mode et des arts plastiques, réalisent des court-métrages et des films publicitaires, et trouvent accessoirement le temps de sortir des disques et de mixer ici ou là. Leur précédente livraison, l’EP Holy Jungle, remontait à 2008.

L’idée de ce 12’’ a émergé l'an dernier, lors d'un voyage d’Anton Esteban dans son pays d’origine, les Philippines. C’est lui qui a pris la photo qui orne la pochette, lors de la préparation d’une cérémonie de crucifixion volontaire comme il s’en déroule chaque année à Pâques – un marronnier pour les journaux télévisés du monde entier. La violence de l’image trouve une résonance dans le climat de chacun des deux tracks, et surtout dans la face B, "Abularyo", une tranche d’horror-disco que les Italiens de Goblin ne renieraient pas, avec ses chœurs flippants et ses roulements de toms à foison. Le début de "Kapwa" est aussi assez angoissant. Percus, gongs et clochettes nous plongent dans une jungle oppressante, en plein rite sacrificiel, puis des petits synthés aigus et sadiques ne font qu'accentuer cette sensation d'étouffement. Mais le cauchemar finit par s'estomper et se mue alors en une sorte de rock psyché lumineux avec guitares, orgue et harmonica. La progression est épique, exaltante, et la mélodie rappelle certains thèmes d’Ennio Morricone pour Sergio Leone. Une tuerie de plus pour Golf Channel !

En bref : un curieux 2 titres partagé entre disco horrifique, rituels mystiques et psychédélisme spaghetti. La face A vaut son pesant d’or.



Un mix récent d'Anton Esteban pour Test Pressing

A lire aussi : Umberto - Prophecy Of The Black Widow et Gala Drop - Overcoat Heat EP




Lire la suite

Akron/Family - S/T II: The Cosmic Birth and Journey of Shinju TNT (2011)


Depuis 2005, on connaît le penchant du trio pour les paysages à la géographie accidentée, les plaines rectilignes et les sommets les plus escarpés, se jouant de toutes frontières. Avec ce nouvel opus, les trois hippies n’ont rien perdu de leur fougue, bien au contraire, et les huit titres nous en font voir de toutes les couleurs : freak folk, rock psychédélique, country rock, ballades, avec en supplément quelques touches de funk et d’électro. Le disque se révèle souvent aussi insaisissable que son titre - le groupe lui-même avoue n'avoir aucune idée de sa signification - et confirme le parti-pris déjà engagé sur Set’ Em Wild, Set’ Em Free.

Car Seth Olinsky (guitare/chant), Dana Janssen (batterie), et Miles Seaton (basse), en bons hédonistes qu’ils sont, jouent et chantent avec leurs tripes et c’est ce qui rend leur musique surprenante voire déroutante. "Light emerges" par exemple résume à lui-seul l’esprit viscéral de leurs compostions : les xylophones sautillants inauguraux se dissipent peu à peu pour amorcer un crescendo de saturation que clôturent des chœurs au souffle épique. À cela s’ajoute un côté tribal souvent teinté de mysticisme comme sur l’incantatoire "A AAA O A WAY". Et lorsque le groupe lâche la bride, les riffs de guitare teintés sixties virevoltent et atteignent les cimes ("So it goes", "Another sky"). On pense ici aux autres barbus de Band Of Horses pour le côté épique voire emphatique, The Flaming Lips pour les empilages sonores barrés, et à moult autres groupes ou l’instinct animal devient collectif.

Akron/family sait également ralentir le tempo pour des compositions éthérées comme sur le sublime "Island" et son final en steel-guitar et bruits tropicaux. L’album comporte d’ailleurs de nombreuses ballades où le trio se plaît à multiplier les harmonies de voix ("Cast a nest"). Les trois derniers titres clôturent le disque sur des contrées oniriques où le groupe devient finalement émouvant surtout sur "Fuji II" et son final en nappes de sons. Et que dire de "Canopy" : sa voix murmurée et ses guitares slidées sont un vrai délice.

Au milieu de ce melting-pot volcanique, les Américains éparpillent de nombreux samples étranges qui contribuent beaucoup à l’ambiance générale du disque : des bruits exotiques à la fin d’"Island", les 45 secondes de bruit de "Tatsuya Neon Purple Walkby" ou les clapotements de lave en fusion sur "Fuji I". Ces bruits confirment ainsi la légende qui tourne autour du processus de création de ce cinquième Lp : composé dans une cabane à proximité d’un volcan de l’île japonaise d’ Hokkaido, et enregistré dans une gare abandonnée de Detroit avec le producteur Chris Koltay (Liars, No Age, Holy Fuck).

En bref : trois hippies célèbrent la nature et la vie sur un disque une fois de plus versatile et barré mais surtout énergisant et positif.




Le Myspace, le site officiel, et le site du label

"Another Sky":



Le clip d'"Island" :


Lire la suite

08 avril 2011

Festival Primavera Sound 2011, Barcelone, 26-28 mai

Cette année encore il va être difficile de faire mieux que le fameux festival barcelonais en termes de programmation. C’est un peu comme si tous les groupes indés du moment étaient présents, que certains anciens aussi, et que la porte d'entrée avait été définitivement fermée au mainstream. En plus c’est assez étonnant de voir comment cette année la programmation correspond à nos colonnes, en équilibre entre pointures électroniques et stars du rock indé. Et comme c’est devenu une habitude incontournable pour nous, on y sera pour vous raconter tout ça. Vivement le mois de mai !

Programmation (sélective) de l’édition 2011 :

Animal Collective, Ariel Pink’s Haunted Graffiti, Avi Buffalo, Battles, Belle & Sebastian, Big Boi, Blank Dogs, Caribou, Cloud Nothing, Connan Mockasin, Das Racist, DJ Shadow, DM Stith, Ducktails, Echo & The Bunnymen, El Guincho, Emeralds, Explosions In the Sky, Field Music, Fleet Foxes, Gang Gang Dance, Gold Panda, Gonjasufi, Grinderman, Half Japanese, Holy Ghost!, Interpol, James Blake, John Cale, Lindstrom, Low, M. Ward, Matthew Dear, Mercury Rev, Mogwai, Odd Future, Of Montreal, P.I.L., Papas Fritas, Pere Ubu, PJ Harvey, Pulp, Rubik, Salem, Shellac, Simian Mobile Disco, Sufjan Stevens, Suicide, Suuns, Swans, The Black Angels, The Fiery Furnaces, The Flaming Lips, The National, The Tallest Man On Earth, The Walkmen, Twin Shadow, Ty Segall, Warpaint, Wolf People, Yuck…

Le site officiel du festival

Lire la suite

07 avril 2011

Knowing Looks - Abandoned Skip / Last Kiss At The Plains Hotel (2011)

Notre vieux camarade de blog Antoine ne nous a certes pas gratifié d’une chronique depuis bien longtemps, mais il n’a pas cessé de fureter dans les bas-fonds du web pour en extraire quelques précieux minerais, qu’il s’agisse de jazz, de hip-hop ou, comme ici, de musique électronique. C’est en effet à lui que je dois la découverte de Jason Hopfner, alias Knowing Looks, un petit gars de Toronto qui fait le lien entre la scène micro-house canadienne et les sonorités britanniques du dubstep. Le mois dernier, il a sorti sans faire trop de bruit un excellent 10’’ sur le petit mais costaud label londonien WNCL (West Norwood Cassette Library), avec deux titres très différents, dont on devine qu’ils ont nécessité un travail de fourmi.

"Abandoned Skip" penche sérieusement vers un dubstep percussif et sec à la Shackleton, plein de cassures rythmiques et d’interférences, agrémenté vers la fin de petites voix oniriques et de synthés funky. Mais c’est en face B qu’on trouve le plat de résistance, "Last Kiss At The Plains Hotel". Un track qui rappelle fortement l’un de mes producteurs favoris, Marc Leclair (AKA Akufen, Horror Inc…), dont le label, Musique Risquée, avait justement pressé un EP de Knowing Looks en 2008. Dans cet exercice de cut-up de très haut niveau, Knowing Looks côtoie les sommets que son compatriote avait atteint avec My Way, son sublime album de 2002.

Le trip commence dans un enchevêtrement d’onomatopées et de breaks de batterie. Il prend de l’ampleur avec les apparitions successives puis combinées de violons cinématographiques, de glitch, de percus façon batucada, d’accords de guitare jazzy... Le climax est atteint lorsque déboule une mélodie latine, moite et nostalgique (assez proche de celle de "Bésame Mucho"). C’est aussi précis, technique et groovy qu’Akufen ou Todd Edwards, et aussi opulent que les travaux de Matthew Herbert à l’époque où celui-ci sortait des disques dignes d’intérêt et ne se réfugiait pas derrière des concepts arty à la con. Ces vénérables influences, digérées et conjuguées à des références très actuelles à la bass music, font de Knowing Looks un nom à surveiller dans les mois qui viennent.

En bref : les inconditionnels d'Akufen et de ses collages sonores ne se remettront pas de la face B de ce 10", une pièce de micro-house sophistiquée comme on en entend trop rarement.



Le site et le Soundcloud de Knowing Looks
Le site et le Soundcloud de WNCL

A lire aussi : Horror Inc. - Aurore (2010)




Lire la suite

06 avril 2011

Colonna - L’Armata Di L’Ombra (2010)

Vous êtes sans doute passés à côté de ce disque. Moi je le possède sans trop savoir qu’en faire depuis septembre dernier, mais mois après mois c’est une évidence, c’est excellent. Plantons tout de suite le décor, Colonna comme son nom l’indique est un rappeur corse, dont on ne sait quasiment rien, et L’Armata Di L’Ombra est son premier album (du moins sous ce nom et sous cette forme). Du hip hop donc, uniquement instrumental, à base de beats, de samples et d’extraits audio, le tout dans un esprit résolument sombre et 90’s. Et la recette est impeccable.

C’est à priori un Olivier ancien guitariste métalleux, fan de RZA (Wu-Tang Clan) et de tout ce que New York a fait de mieux en rap il y a 20 ans qui est l’auteur de cette bande originale inclassable. Même le format rappelle à un score de film de gangsters des années soixante : 35 minutes pour 21 titres. Autant dire qu’il s’agit d’avantage d’une collection et d’un enchaînement de samples que de réels morceaux avec un début et une fin. Le disque s’écoute bien évidemment d’une traite, et c’est sans doute pour cela qu’il est revenu si souvent sur ma platine.

Colonna est donc un beatmarker corse qui s’inspire de l’actualité politico judiciaire. La pochette, sensée représenter le combat des peuples et la résistance contre l’oppression, est d’ailleurs la même que celle de l’album Gas Mask par The Left. Coïncidence il me semble. L’Armata Di L’Ombra lui est un festival de samples analogiques type sp1200 entrelacés sur des beats gras et torturés, aussi lugubres que martiaux. On pense parfois à Chinese Man ou Dj Shadow, bien que l’ensemble reste plutôt downtempo. Mention spéciale aussi à la dernière plage et à son véritable chant corse, "U populu vincera". En tous cas quelque chose que je ne connaissais pas.

En bref : des instrumentaux hip hop qui se suffisent à eux-mêmes par un activiste du beatmark corse. Pour les curieux.




Le site officiel et quelques titres en streaming

A lire aussi : Kabal - Etats d'âmes (1998)

"A concolta" et le teaser de l’album :





Lire la suite

05 avril 2011

The Strokes - Angles (2011)

Putain dix ans ! Il y a tout juste une décennie je me rendais sur les bancs de la fac au son d’Is This It ? . C’était nouveau, c’était tout beau. Aujourd’hui sort le quatrième effort (on peut parler d’un effort !) des cinq Américains et tout le monde les attend forcément au tournant. Avant même de l’avoir écouté on entendait déjà le poncif "c’était mieux avant". Certes. Le contexte, tout le monde le connait, alors on va le résumer en une phrase : une attente interminable, des projets solo innombrables, une ambiance délétère, des problèmes d’alcool… Alors on pensait à un album au bord de la rupture, ce n’est pas vraiment le cas.

Les Strokes ont changé : pointes d’instruments africains, onces de synthés, quelques boîtes à rythmes, ok. Ce qui est déjà positif c’est que même malgré tout ça, et à part sur "Games", on ne tombe que très rarement dans cette affreuse mode post new-wave actuelle. Les Strokes ne sont plus très rock non plus. Seul "Metabolism" pose un peu les couilles sur la table, et encore. Certains reprocheront à ce titre un côté héroïque à la Muse, pour moi c’est celui que si rapproche le plus de First Impression Of Earth, que finalement je réécoute assez régulièrement, et on ne doit pas être beaucoup à le faire.

Ensuite pour moi l’album est divisé en deux catégories de morceaux : les purs morceaux Stroksiens, identifiables instantanément, et les morceaux un peu plus indécis ou Casablancas et sa bande tentent des trucs. Rien de bien fou mais ils essayent. Personnellement ce que j’aime c’est les Strokes, et donc ce sont les singles "Under the cover of darkness", "Life is simple in the moonlight", "Gratifaction" ou encore "Machu Pichu". Rien de neuf sous le soleil, mais de petites cavalcades de guitares agréables plutôt de bonne humeur. Le cœur de moelle du disque est donc plus expérimental (à l’image de la pochette colorée pour une fois): "You’re so right", "Taken for a fool" ou la comptine "Call me back". Des titres pas indispensables qui font penser tour à tour à des b-sides de Duran Duran, Cars ou Big Star. Peut faire mieux.

En bref : ni la claque ni l’échec annoncé, le quatrième album des Strokes est inégal mais agréable à l’écoute. 10 ans de plus au compteur ne les ont pas rendus plus forts, mais ne les ont pas encore tués sur l’autel du rock indé.




Le site officiel

"Metabolism" :



Lire la suite

04 avril 2011

Concours - Places de concert à gagner pour Moriarty, L et Botibol au Krakatoa de Bordeaux le 4 mai

Le Krakatoa de Bordeaux organise une bien belle soirée le 4 mai prochain avec la présence de Moriarty, sextet cosmopolite formé en 1995 autour de 6 musiciens d'origine américaine, française, suisse et australienne qui délivrent une ambiance cabaret western inspiré du folklore américain des années 30. L sera également là pour présenter son premier album Initiale et son univers si particulier par la même occasion. Botibol on le connait et on l’aime, on l’a d’ailleurs chroniqué ici pour son album Born From A Shore sorti en février dernier.

A cette occasion Dodb et le Krakatoa vous proposent de gagner l’une des deux places mises en jeu. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Pour quelle chronique a-t-on déjà parlé de western ?

Et d’envoyer votre réponse et votre nom avant le vendredi 29 avril au soir à
contact@desoreillesdansbabylone.com. Bonne chance à tous.

Réserver sa place sur Digitick

Le site du Krakatoa et les Myspace de Moriarty, L et Botibol

"Jimmy" en acoustique :



Lire la suite

01 avril 2011

Jacques Greene - Another Girl EP (2011)

En janvier dernier je m’enthousiasmais pour le premier EP d’un Québécois fort talentueux nommé Jacques Greene. The Look se tenait en équilibre entre deep house et UK funky, déclinant des vocaux R&B pitchés sur d’énormes synthés, aussi puissants que subtils. Un disque tout simplement brillant. A peine trois mois plus tard, celui que de nombreux blogueurs qualifient déjà de petit génie remet ça, toujours chez l’excellente maison écossaise LuckyMe. Visiblement soucieux de profiter de la hype autour de son protégé, le label de Hudson Mohawke a peut-être un peu précipité la sortie de cet EP, de sorte qu’il n’offre qu’un seul titre original – on aurait aimé en avoir davantage à se mettre sous la dent. Dans sa version vinyle, Another Girl est accompagné de deux remixes d’anciens titres par Braiden et Mark Flash (d’Underground Resistance) qui ne brillent pas par leur intérêt, tandis que les deux meilleures versions, celles de Machinedrum et surtout de Koreless, sont malheureusement réservées à la version digitale.

Concentrons-nous donc sur Another Girl, titre qui mérite à lui seul l’acquisition de cet EP. Greene nous refait le coup des voix R&B, et cette fois c’est au "Deuces" de la sculpturale mais un peu gourdasse Ciara qu’il emprunte quelques vocalises, répétées et déformées à l’envi pour dicter l’évolution du morceau, et enveloppées par une basse analogique et des myriades de petites nappes profondes et bienveillantes. Dans cet exercice, le Canadien est en passe de devenir une référence. Peut-être "Another Girl" est-il le meilleur titre de sa jeune carrière, il est en tout cas le plus estival et le plus sexy. Plutôt lent, très ouvragé, c’est un concentré de phéromones, une vraie "feel-good song" qu’on risque d’entendre plus d’une fois d’ici la fin de l’été.

En bref : la nouvelle sensation canadienne Jacques Greene continue sur sa lancée avec ce track furieusement sexy, remarquable fusion de house et de R&B.



Jacques Greene sur Soundcloud et Myspace
Le site du label LuckyMe

A lire aussi : Jacques Greene - The Look et Koreless - 4D / MTI




Lire la suite

Microcultures renouvelle l’appel aux dons pour Tokyo/Overtones

Nous avions trouvé l’initiative sympathique l’année dernière, et surtout bien différente de My Major et Compagnie. C’était pour soutenir la création du troisième incroyable album du groupe Phantom Buffalo. Les internautes étaient invités à "faire un don" et ainsi accéder à différents "packs". Le Mp3, le cd, le vinyle, le t-shirt, la place de concert, autant d’éléments qui se débloquent en fonction du montant versé, très facilement via Paypal. L’élément qui fait la différence : c’est le groupe qui récupère réellement l’argent versé, afin de produire le plus bel objet possible. Et surtout, le "client" peut participer activement au projet. Un label participatif qui a tout compris en somme.

Depuis hier, un deuxième projet est en marche, afin d’aider le fabuleux groupe havrais Tokyo/Overtones à sortir leur deuxième album sous le nom de The Underground Karaoke. Les différents paliers et toutes les explications sont disponibles sur ce site que l’on vous encourage à visiter et à faire tourner : http://www.microcultures.fr/tokyoovertones/

Le morceau "30Nerves" par Tokyo/Overtones :



Lire la suite

Concours - The Flaming Lips, places de concert à gagner

L’info vient tout juste de tomber, la bande à Wayne Coyne annonce un concert à emporter dans un endroit encore tenu secret, même si l’on parle déjà d’une petite boucherie bordelaise, à moins qu’il ne s’agisse d’une boulangerie. Le groupe devrait y jouer en intégralité acoustique le White Album des Beatles, à l’envers, les yeux bandés et uniquement avec des instruments Play School. Pour renforcer le caractère extraordinaire de ce concert, le lieu ne sera communiqué que deux jours après le concert !

Pour essayer de tenter de participer à ce concert, il suffit de répondre à la question suivante :

Quelle était la marque de la robe que Mimie Mathy portait pour son premier rôle au cinéma ?

Et d’envoyer votre réponse avant le 1er avril 2010 à contact@desoreillesdansbabylone.com. Bon courage à tous.

Lire la suite