Replica est le 6ème album de Daniel Lopatin sous cet imprononçable pseudo, et c’est aussi le meilleur. Si tout ce que touche le petit gars de Brooklyn ne se transforme pas forcément en or, à l’image du désagréable LP de Ford & Lopatin sorti en début d’année, il est difficile de nier que ses productions en tant qu’Oneohtrix Point Never méritent toutes les louanges qu’elles ont pu recevoir sur le net et ailleurs. Son style, qui s’affine un peu plus à chaque sortie, est on ne peut plus compliqué à définir. Les influences de Steve Reich, du drone et de la Kosmische Musik sont les plus détectables, mais cette musique hautement stupéfiante ne peut se résumer à ça. Car on y trouve également de larges traces d’ambient et d’électronica 90s, ainsi que des résidus de jazz, de house, de musiques classique et contemporaine... Dans l’unique but de nous faire triper, OPN use de tous les pouvoirs qui sont en sa possession, sans aucune considération de genre, et c’est l’un des aspects les plus appréciables de l’album.
Pas tout à fait aussi morbide que le suggère sa pochette, Replica est plus méditatif qu’apocalyptique. Le type de disque qui vous fait entrer bien profondément en vous-même, jusqu’à n’être plus qu’une sorte de conscience décharnée, un squelette métaphysique. Cela tient surtout à son caractère totalement immersif, dû pour l’essentiel à l’accumulation de boucles entêtantes de piano, de cordes intenses, de nappes et de sonorités aquatiques – cf. la bien nommée "Submersible". C’est d’ailleurs de cette capacité à envelopper que l’album tient sa cohérence, malgré un fourmillement d’idées et des morceaux aux structures souvent complexes et évolutives.
Entre l’ambiance presque grégorienne de "Remember", l’incroyable "Sleep Dealer" derrière laquelle se dressent les spectres de The Field et Moodymann, l’électronica à la Boards Of Canada, et la récréation 8 bit de "Child Soldier", Oneohtrix Point Never offre un voyage cosmique all inclusive, tâte de toutes les textures les plus opiacées, jusqu’à massacrer, par moments, ses harmonies sous le bruit blanc ou les parasites. Pour autant, l’ensemble est beaucoup moins noisy et expérimental, plus rythmique et carré que ses productions précédentes.
C’est qu’OPN a changé de méthode pour ce disque, s’appliquant à travailler quasi uniquement à partir de samples de vieilles publicités. Un concept intéressant, qui revient en gros à transformer la merde en or, tout en faisant appel à la mémoire de chacun de manière subliminale. Mais cet aspect théorique reste secondaire car les sources sont impossibles à identifier, et surtout parce que la beauté immédiate de cette musique efface toute velléité de réflexion approfondie au profit d’un état d’introspection plus passif.
Déclenchées par les sons concrets et l’hypnose des boucles, des images surgissent, toujours légèrement embuées, comme atténuées par un trajet de plusieurs années-lumière. Ce sont des visions cosmiques, des bribes d'au-delà qui glacent souvent le sang mais s'avèrent aussi étrangement réconfortantes. Une expérience de cinéma mental assez hallucinante, à réserver tout de même aux oreilles téméraires.
En bref : un exercice pointu de sampling au service d’un psychédélisme électronique à la fois éthéré et très prenant. Le port d’un scaphandre ou d’une combi d’astronaute est vivement conseillé pour s’immerger dans le cosmos d’OPN. L’un des gros trips de 2011.
Le site d’OPN
Les sites de Mexican Summer et Software Records
A lire aussi : Tim Hecker – Ravedeath, 1972 (2011) et Emeralds - Does It Look Like I’m Here ? (2011)
Pas tout à fait aussi morbide que le suggère sa pochette, Replica est plus méditatif qu’apocalyptique. Le type de disque qui vous fait entrer bien profondément en vous-même, jusqu’à n’être plus qu’une sorte de conscience décharnée, un squelette métaphysique. Cela tient surtout à son caractère totalement immersif, dû pour l’essentiel à l’accumulation de boucles entêtantes de piano, de cordes intenses, de nappes et de sonorités aquatiques – cf. la bien nommée "Submersible". C’est d’ailleurs de cette capacité à envelopper que l’album tient sa cohérence, malgré un fourmillement d’idées et des morceaux aux structures souvent complexes et évolutives.
Entre l’ambiance presque grégorienne de "Remember", l’incroyable "Sleep Dealer" derrière laquelle se dressent les spectres de The Field et Moodymann, l’électronica à la Boards Of Canada, et la récréation 8 bit de "Child Soldier", Oneohtrix Point Never offre un voyage cosmique all inclusive, tâte de toutes les textures les plus opiacées, jusqu’à massacrer, par moments, ses harmonies sous le bruit blanc ou les parasites. Pour autant, l’ensemble est beaucoup moins noisy et expérimental, plus rythmique et carré que ses productions précédentes.
C’est qu’OPN a changé de méthode pour ce disque, s’appliquant à travailler quasi uniquement à partir de samples de vieilles publicités. Un concept intéressant, qui revient en gros à transformer la merde en or, tout en faisant appel à la mémoire de chacun de manière subliminale. Mais cet aspect théorique reste secondaire car les sources sont impossibles à identifier, et surtout parce que la beauté immédiate de cette musique efface toute velléité de réflexion approfondie au profit d’un état d’introspection plus passif.
Déclenchées par les sons concrets et l’hypnose des boucles, des images surgissent, toujours légèrement embuées, comme atténuées par un trajet de plusieurs années-lumière. Ce sont des visions cosmiques, des bribes d'au-delà qui glacent souvent le sang mais s'avèrent aussi étrangement réconfortantes. Une expérience de cinéma mental assez hallucinante, à réserver tout de même aux oreilles téméraires.
En bref : un exercice pointu de sampling au service d’un psychédélisme électronique à la fois éthéré et très prenant. Le port d’un scaphandre ou d’une combi d’astronaute est vivement conseillé pour s’immerger dans le cosmos d’OPN. L’un des gros trips de 2011.
Le site d’OPN
Les sites de Mexican Summer et Software Records
A lire aussi : Tim Hecker – Ravedeath, 1972 (2011) et Emeralds - Does It Look Like I’m Here ? (2011)
3 Comments:
Très bon ça Dave, très bon ! Et jolie chronique qui plus est. je sais ce que je vais écouter cette prochaine heure.
Bises.
Merci Ju ! On se voit bientôt à ce qui paraît ! Bises
une si belle chronique ne saurait mentir...
je m'en vais sans tarder rentrer en contact avec ces bribes d'au delà...
dans un genre méditatif/contemplatif mais en mode acoustique, Barn owl m'a bien fait trippé
bises
j
(en ratant les melvins, t'as raté une belle suée pour sardines compressées!)
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