30 avril 2012

Juveniles & Django Django - Concert au 106 de Rouen le 24/04/12


Malgré le début des vacances, le Club du 106 a fait salle comble mardi 24 Avril pour accueillir une des têtes montantes de la nouvelle scène anglaise avec une électro-pop des plus efficaces, le groupe Django Django qui vient de sortir son premier album. Il fût brillamment précédé par le groupe rennais Juveniles dont les quelques titres phares annoncent quant à eux un futur premier album de qualité.


Lire la suite

29 avril 2012

Maps & Atlases - Beware and Be Grateful (2012) + live

C’est en qualité de tête d’affiche que les Américains de Maps & Atlases ont clôturé leur tournée consécutive à la sortie de leur dernier Lp, hier soir à La Flèche d’or, précédés par les français de Mungo Park, Minors et This Town Needs Gun (l’invité-surprise de la soirée dont le math-rock mélodieux n’a pas laissé indifférent).

Avec seulement deux Lp en huit ans d’existence, le quatuor a pris le temps de raffiner sa pop ultra rythmée et ingénieuse. Le son a bien évolué depuis le premier Ep, en 2005, qui lorgnait plutôt du coté du punk, puis les excellents Tree, Swallows, Houses (2006) et You & Me & The Moutain (2008) où les guitares commençaient à enchaîner les gimmicks, révélant alors un penchant des deux guitaristes pour le tapping et les boucles répétitives. Chaque titre révélait son lot de cassures rythmiques, de breaks enflammés et de mélodies bigarrées. 


Lire la suite

27 avril 2012

Liz Green & Revolver - Concert au 106 de Rouen le 13/04/12


Un concert alliant la folk de Liz Green et la pop de Revolver a de quoi surprendre. C'est pourtant l'affiche présentée par Le 106 de Rouen le vendredi 13 Avril pour le retour du groupe Revolver en tournée pour son second album. Après des succès comme "Get Around Town" et "Balulalow" issus de son premier album, ce jeune groupe devait montrer à des spectateurs qui les avaient appréciés qu'il pouvait passer de statut de groupe prometteur à celui de groupe à renommée nationale.


Lire la suite

Concours - Terror Bird à l'Espace B, places à gagner

Le 11 mai prochain, Hartzine invite à l' Espace B de Paris la canadienne Nikki Newer alias Terror Bird venue présenter Secret Rituals son prochain Lp. Jusqu'à aujourd'hui en formation avec son mari (photo), elle sera cette-fois ci accompagné d'un backing band exclusivement féminin (Bianka et Karre). Ce sera l'occasion de venir écouter la voix magnétique de Nikki posée sur des instrus shoegaze et minimalistes. Pour l'occasion Hartzine et Dodb s'allient pour vous faire gagner 3 fois 1 place pour la soirée. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :


Lire la suite

26 avril 2012

Villette Sonique 2012, du 25 au 30 mai

C’est déjà la septième édition de la Villette Sonique, qui est très vite devenu l’un des meilleurs festivals parisiens grâce à une programmation en équilibre entre rock expérimental, musique électronique et hip-hop. L’année dernière j’avais pu y voir les Emeralds et Animal Collective notamment, et aussi profiter d’un des grands atouts du festival, les concerts en plein air des samedi et dimanche après-midi. Le set de Caribou avait été mémorable, tout comme le mix de James Pants ou la performance de Kode9 sous un soleil radieux, avec la Géode en toile de fond. Cette année, encore une fois, la liste des invités force le respect.



Lire la suite

23 avril 2012

Love In Cage & Zola Jésus - Concert au 106 de Rouen le 12/04/12

Pour tous les amateurs de musique cold et raffinée, l'affiche que Le 106 de Rouen présentait ce jeudi 12 Avril était plus qu'alléchante. Les deux groupes formaient un ensemble naturellement cohérent et présentaient une alternance intéressante entre voix masculine et voix féminine. Le public rouennais a ainsi accueilli le groupe Love In Cage, groupe normand électro-cold bien connu des spectateurs et composé du chanteur Isthmaël Baudry, du guitariste Alexis Campart et de la bassiste Marielle Marchand, et ensuite la chanteuse Zola Jésus, venue pour son troisième album.

Après la sortie de son premier album l'année dernière, le groupe rouennais Love In Cage s'est constitué une atmosphère bien à lui. Une musique électro-cold mise en valeur par une projection de photographies du chanteur Isthmaël constitue le cœur de ce projet pleinement artistique. Le set permet aussi de voir l'évolution du groupe puisque de nouveaux titres apparaissent. Le groupe alterne ainsi des morceaux de l'album comme "Minimal Sound", "The Trees" qui ne sont pas sans rappeler le groupe The Cure de la période de Seventeen Seconds ou "Position", titre éponyme de l'album et qui est d'autant plus emblématique que, chanté en français, il met en scène l'art photographique d'Isthmaël, avec des titres récents qui ont une tonalité plus rock comme "Boy Next Door" et "Short Film Camera".

La chanteuse Zola Jésus continue le concert dans le même esprit pour présenter son troisième album Conatus qui suit Stridulum sorti en 2010. Un album toujours dans une atmosphère électro-cold, mais peut-être un peu plus pop que les précédents, tendance qui coïncide avec la blancheur de ses vêtements et qui suggère un univers moins angoissé mais peut-être plus mystique. En prenant le nom de deux personnages historiques pour la portée révolutionnaire de leurs actes, Nika Roza Danilova inscrit son art dans une perspective intellectuelle et philosophique, et le titre de l'album ne déroge pas à cette règle puisqu'il fait directement référence à un concept du philosophe hollandais Spinoza. Le conatus, c'est l'effort pour persévérer dans l'être, effort qui traverse tout individu vivant. Ce concept met donc en avant la vitalité qui circule à travers chacun d'entre nous, faisant de nous tous des créateurs de notre propre vie, et c'est ce vitalisme teinté de mysticisme qui est sans doute à l'origine des aspects les moins sombres du troisième album.

Dès que le concert commence le public est sous le charme de cette chanteuse dont la petite taille fait immédiatement ressortir le dynamisme. Reprenant des morceaux de Conatus comme les doux "Avalanche" ou "Lick The Palm Of The Burning Handshake" ou les plus électros "Hikkomori" et "Seekir", son jeu de scène devient une véritable chorégraphie, allant même errer au milieu du public hypnotisé par sa silhouette diaphane et sa voix d'une gravité céleste. Des titres connus comme "Vessel" seront tout de suite reconnus par les spectateurs et sont la preuve de la renommée qui l'entoure peu à peu.

L'enchaînement sans dissonance de ces deux univers aura ainsi été l'occasion d'une soirée musicalement et même esthétiquement très exigeante. Un groupe et une chanteuse dont les performances en concert renforcent les qualités de leurs albums respectifs.

Les sites de Love In Cage, Zola Jésus et du 106


Lire la suite

San Miguel Primavera Sound 2012, du 31 mai au 2 juin 2012

Pour la quatrième année consécutive, Dodb se rendra au désormais incontournable Primavera festival de Barcelone (à défaut de Coachella) du jeudi 31 mai au dimanche 2 juin. On le sait le fameux festival espagnol s’est fait une spécialité d’une programmation pointue et élitiste (pas de David Guetta donc) à très forte dominante rock indé américain des 90’s. Ainsi on y retrouvera les grands habitués du rendez-vous que sont Shellac, Melvins, Mudhoney, Wilco, Spiritualized et Yo La Tengo, mais aussi quelques retours en force tels que Archers Of Loaf, Neutral Milk Hotel, Josh T Pearson ou The Olivia Tremor Control.

Sous le soleil barcelonais et sur le majestueux site en bord de mer du Parc Del Forum, ce sera aussi l’occasion d’écouter un peu de hip-hop avec les nouveautés ASAP Rocky et Death Grips ainsi qu’un peu d’électro (la faiblesse du festival il faut bien le dire) avec The Field, John Talabot et les vilains Justice. Pour le reste on prend tout ce que l’indé américain a produit de mieux ces deux dernières années et on mélange tout ça sur au moins cinq ou six scènes. De quoi donner le tournis une fois de plus.

Le site du festival

Plus de noms (mais pas tous non plus) :

ASAP Rocky, Archers Of Loaf, Baxter Dury, Beach House, Björk, Black Lips, The Cure, Death Cab For Cutie, Death Grips, Death In Vegas, The Drums, Erol Alkan, Field Music, Franz Ferdinand, Goldflesh, Grimes, Neutral Milk Hotel, Josh T Pearson, Justice, Mazzy Star, Melvins, Mudhoney, Neon Indian, Obits, The Olivia Tremor Control, Other Lives, Real Estate, Sandro Perri, SBTRKT, Spiritualized, Veronica Falls, Washed Out, Wilco, The XX, Yo La Tengo, Girls, Atlas Sound, Wavves, The Rapture, Swans, Shellac, The War On Drugs, Iceage, Trash Talk, Lee Ranaldo, Sharon Van Etten, Japandroids, Beirut, Richard Hawley, The Field, John Talabot, Dirty Beaches, Thee Oh Sees, Rufus Wainwright, Kings Of Convenience, Hannii El Khatib, Father John Misty (ex-Fleet Foxes), Saint Etienne, The Wedding Present, Yann Tiersen, Jeremy Jay



Lire la suite

20 avril 2012

ITV Video - Brandt Brauer Frick (2012)

On vous avait présenté ce trio allemand à ses débuts, il y a deux ans, impressionnés par la qualité de sa mixture électro-acoustique et du clip très kraftwerkien de "Bop". Entre temps, Daniel Brandt, Jan Brauer et Paul Frick ont sorti plusieurs EPs et deux albums, You Make Me Real puis Mr. Machine, où ils poussaient encore plus loin leur concept en supprimant quasiment tous les effets électroniques. Ils ont surtout trouvé leur public grâce à des performances live grandioses, dont celles avec leur Ensemble de 10 musiciens. Avec Aufgang, c’est certainement le projet le plus intéressant de ces dernières années en matière de mélange entre techno et musique classique.

Du coup, lorsque l’ami Nicolas Ducrot, journaliste-caméraman pour France 2, nous a proposé de filmer une interview des trois acolytes dans leur studio berlinois pour Dodb, on a tout de suite jugé que c’était une bonne idée. Voici le résultat.

Interview : Brandt Brauer Frick from Nico Ducrot on Vimeo.

Le clip de "Pretend" :



Le site de Brandt Brauer Frick
A lire aussi : Brandt Brauer Frick - Paino Shakur EP (2010)

Lire la suite

18 avril 2012

EOD - Utrecht (2010)

Passé sous mon radar en 2010, cet EP épuisé depuis bien longtemps bénéficie d’un nouveau pressage et je le découvre à cette occasion, assez ébahi je dois dire par sa qualité et sa diversité. Je n’avais jamais entendu parler d’EOD. Certains ont cru pendant un temps que c’était Aphex Twin, mais en fait non... Il se trouve que c’est un dénommé Stian Gjevik, originaire de Trondheim, en Norvège. Il a sorti quelques bons maxis, notamment sous le nom de CN, et aussi une compilation digitale de 71 titres réalisés depuis 2005. Amoureux des synthétiseurs analogiques et des boîtes à rythmes antédiluviennes, EOD risque fort de sortir de l’anonymat en 2012 avec un planning de sorties très chargé et une performance prévue à l’occasion du 21e anniversaire du label Rephlex.

Entre house et électro 90’s, "Utrecht" plonge l’auditeur dans une sorte de chaud-froid lysergique. Les nappes éthérées se mêlent à une basse ronde, c’est à la fois assez brut de décoffrage et extrêmement doux, caressant. C’est du son d’after, pénétrant et contemplatif. Le seul défaut de ce morceau est de ne durer qu’un peu plus de 4 minutes, alors que son côté épique aurait pu être encore plus développé sur une durée plus longue. On ne commence à comprendre les comparaisons avec AFX qu’à partir du second titre, "Phontron (030303 Mix)", beaucoup plus représentatif de l’EP, qui fait la part belle aux vrilles acides, aux saccades rythmiques et aux synthés à la Boards of Canada.

Sur "Flab" comme sur "On Herald Go", EOD s'inspire clairement de la braindance qui sortait sur Rephlex ou Warp au début des années 1990, à l’époque où ces labels britanniques régnaient sur les sphères électroniques. Il use et abuse de la TB-303 et des vieux drum pads et joue sur le contraste entre des beats lourds et heurtés et des mélodies légères et nuancées. Sa palette va de l’ambient la plus limpide ("Came Went") au son de rave le plus euphorique ("la fin de Flab"). Au-delà des sonorités vintage, c’est surtout la liberté créatrice d’EOD qui ravive la nostalgie pour cet âge d’or de l’électro UK où l’on se fichait bien des formats et des idées préconçues. Rien que pour ça, j’inscris le Norvégien sur la liste des artistes à surveiller de près.

A noter : l'artwork est signé Merijn Hos

En bref : cet EP, aussi somptueux que sa pochette, revisite la techno cérébrale du début des années 90, avec douceur et acidité.




Télécharger Son mix pour le blog mnml ssgs 

EOD sur son site, FB, Twitter, Bandcamp

A lire aussi : Akufen - Battlestar Galacticlown (2012)



Lire la suite

Radio Moscow - Concert à L’IBoat de Bordeaux le 16/04/12

Depuis le temps que je voulais chroniquer leur dernier album, The Great Escape Of Leslie Magnafuzz, leur passage à l’Iboat tombait à pic. Parce qu’autant Radio Moscow sur disque, ça déchire, mais alors en live c’est encore mieux. Généralement présenté comme un power trio de l’Iowa, Radio Moscow n’est autre que l’œuvre d’un seul individu, le jeune et chevelu Parker Griggs, considéré comme certains comme le meilleur guitariste actuel, rien que ça. Sans aller jusque là, Radio Moscow ne ment pas sur la marchandise et propose selon ses mots de la Psychedelic blues music for your soul.

Il fait chaud à l’Iboat pour l’occasion bien rempli par une foule bigarrée toutes générations confondues. Les anciens (entendons nous sur les plus de 40 ans) ont du venir pour retrouver les réminiscences assumées du MC5 et de Jimi Hendrix qui hantent tous les titres du groupe depuis leur début. C’est d’ailleurs le petit reproche que je leur ferais, ce côté monomaniaque dans le son, chaque titre ressemblant étrangement au précédent, qui lui-même ressemble irrémédiablement à une face B de Jimi.


Mais sinon c’est impeccable et l’on prend un grand pied de rock n’ roll. La section rythmique (Zach Anderson & Cory Berry) est phénoménale, c’est rempli de break, de wah wah, de fuzz, et le prodige Griggs derrière son rideau de cheveux nous montre tout ce qu’il est humainement possible de faire avec une Stratocaster. Volontairement rétrograde et ancré dans les 70’s, Radio Moscow est en tous cas ce qui se fait de mieux dans le genre aujourd’hui.

Le site officiel et celui de l’Iboat

Extrait live de leur passage à Paris :



Lire la suite

17 avril 2012

Akufen - Battlestar Galacticlown (2012)

Avec les comebacks de Pépé Bradock et I :Cube, celui de Marc Leclair est l’un de ceux que j’attendais de pied ferme cette année. Alors qu’on annonçait un album de Horror Inc., c’est sous le plus connu de ses pseudonymes que le Canadien publie cet EP sur son label Musique Risquée. A part quelques remixes récents, cela faisait 9 ans qu’il n’avait pas sorti de disque en tant qu’Akufen, un blaze qui rappelle de très bons souvenirs, ceux de son époque Perlon et de son album, My Way, référence absolue en matière de micro-house. Le fait d’utiliser ce pseudo n’a rien d’innocent : alors que Horror Inc. est réservé à ses travaux les plus angoissés et mélancoliques, Akufen est nettement plus dancefloor et survolté. Contrairement au superbe Aurore EP de 2010, qui contenait de longs passages ambient et downtempo, Battlestar Galacticlown est quasi-exclusivement rythmé par d’impitoyables beats tech-house qui tabassent.

C’est une sorte de retour aux sources pour le Montréalais. Dans leur conception, ces cinq nouveaux titres ne sont pas très éloignés des excellents "Deck The House" ou "Late Night Munchies" de 2002. A la manière de Todd Edwards, Akufen utilise toujours la technique du cut-up et amoncèle, agence et organise l’interpénétration de milliers de samples microscopiques provenant de milliers de sources différentes – on sait qu’il avait passé 2 ans à enregistrer la radio pour réunir le matériau nécessaire pour son album, et qu’il aime aussi promener son micro au hasard de ses voyages pour capter quelques sons originaux. Sous ses airs foufous et erratiques, cette musique foisonnante est extrêmement structurée.

Il faut beaucoup de rigueur pour retomber sur ses pattes lorsqu’on construit une mélodie à partir d’une telle quantité d’éléments disparates, qu’il s’agisse de klaxons, de bêlements de chèvre, d’échantillons de jeux vidéo ou d’orchestre à cordes. Dans une instructive interview pour Resident Advisor, l’an dernier, Leclair expliquait justement combien il aimait, chez Steve Reich ou chez l’artiste mathématicien M.C. Escher, l’équilibre entre discipline et abandon. Même si l’on est forcément moins impressionné par la prouesse technique qu’il y a 10 ans, il faut bien constater que peu d’artistes se sont engouffrés dans cette brèche (peut-être parce que c’est beaucoup de travail…), en dehors d’autres Québecois comme Guillaume Coutu-Dumont, Stephen Beaupré et Knowing Looks, ou de l’indétrônable parisien Ark.

C’est donc très plaisant de retrouver ce son à la fois fun et sophistiqué, qui n’oublie jamais d’être funky grâce à des lignes de basse proprement énormes – celle de "Bos Indicus" ressemble presque à du Larry Levan. Les morceaux qui me plaisent le plus sont les plus jazzy, ceux qui contiennent le plus d’éléments acoustiques et les samples les plus longs, comme le fabuleux "You Like Red Beans ! (We Go Together)", traversé par de magnifiques saillies de guitare slide bluesy. Guitare que l’on retrouve sur le tout aussi bon "T’es Con, T’es Content", sorte de swing manouche technoïde, comme si les Triplettes de Belleville étaient télétransportées à Detroit – d’ailleurs les pionniers de la techno Kevin Saunderson, Juan Atkins et Derrick May n’étaient-ils pas surnommés les "Belleville Three", en référence à leur ville d’origine ?

C’est vrai que la pochette, réalisée par Zupton, a un côté un peu écœurant, mais elle correspond bien au caractère humoristique et ludique d’un disque truffé de bruitages de cartoons et qui se clôt sur un remix épique de musique de camion à glaces, logiquement nommé : "Chocolate, Strawberry, Peach, Vanilla, Banana, Pistachio, Peppermint, Lemon, Orange, Butterscotch, Ice Cream Cone" (!). En tout cas on ne peut pas accuser Marc Leclair de se prendre trop au sérieux.

En bref : Marc Leclair réendosse son plus célèbre avatar pour revenir aux fondements de son esthétique : une micro-house complexe et groovy à base de collage de samples frénétique et de basslines phénoménales. Avec en prime un soupçon de blues et une touche de swing déluré.


 

A lire aussi : Horror Inc. – Aurore (2010)
Acheter  Battlestar Galacticlown chez l'International Records


Des extraits, en attendant mieux :



Lire la suite

16 avril 2012

Grimes - Visions (2012)

Comme avec Gonjasufi en 2010 j’ai ressenti à nouveau la sensation de me trouver complètement dépourvu, incapable de mettre un nom sur ce que j’entendais. Ce fut à la découverte de cet album, et surtout d’une artiste. Et pourtant Claire Boucher, seule derrière ce projet, est loin de faire l’unanimité. Il faut dire que sa musique est pour le moins étrange et ne laisse pas indifférent. Certains seront assez vite décontenancés par un r’n’b électronique qui ne ressemble en rien à ce que pourrait annoncer la pochette, magnifique par ailleurs. Sans parler de cyber-pop post-internet comme elle le fait elle-même, je peux dire que je suis intrigué.

On sait donc de Claire Boucher qu’elle est canadienne et solitaire. Mais son personnage médiatique est lui pour le coup un peu plus agaçant que son joli minois. Une fois hippie, l’autre punk, mais finalement très hipster. N’est pas chamane qui veut en terrains pop, et Grimes devra faire mieux que Cocteau Twins ou Fever Ray pour ses affiliations les plus proches. Exclusivement synthétique, Visions (son troisième album) est très homogène et donne une impression de grande maîtrise. Des beats électroniques, des boucles synthétiques, un falsetto vaporeux et des mélodies soignées, on peut dire que ça fonctionne.

Prenez "Oblivion" par exemple. Pure morceau de pop ambiante, très féminin, à la fois délicat et brutal. Ce Visions pour un album sensé être mélancolique est finalement assez dansant (jusqu’à "Eight" et son penchant presque Ed Banger). Des morceaux il y en a plein et des très différents. Tous ne se valent pas non plus, mais de manière générale les mélodies sont assez bien troussées. Après on aime la voix ou pas. En tous cas à écouter, ce climax musical qu’est le refrain à une note de "The colour of moonlight", joli morceau de dubstep céleste et spectrale.

En bref : on adore ou on déteste ce r’n’b futuriste et dansant par une canadienne perchée qui pour ma part a plutôt bien réussi son coup.




Le site officiel





Lire la suite

Interview - Seventeen Evergreen

Le meilleur album pop psyché de l’année est pour l’instant l’œuvre du duo américain Seventeeen Evergreen. Sans faire de vagues, ces hippies écolos humanistes et amateurs de science-fiction travaillent dans leur coin à l’abri des regards pour notre plus grand plaisir. Immanquablement, on a voulu en savoir plus et poser quelques questions à Caleb Pate, l’une des deux têtes pensantes du groupe.

Qu’avez-vous fait pendant 5 ans depuis votre dernier album ?

On a construit un studio dans la grande chambre d’une maison en briques qui était abandonnée dans les collines de San Francisco. La crise a eu de bons côtés pour nous. On y a écrit et enregistré le nouvel album. On l’a fini il y a bientôt deux ans et il ne sort que maintenant.

Qui a réalisé la pochette de l’album et que représente t-elle ?

La pochette vient d’une de mes idées et Antoine Boilevin l’a superbement illustrée tout en maintenant le lien avec celle de l’Ep et de ce que nous aimons. L’idée de départ vient d’une installation de type "Arche de Noé" qui se trouve en Norvège. C’est une sorte de cave qui répertorie toutes sortes de graines et dont le but est de sauvegarder la biodiversité des cultures. C’est aussi l’idée que l’humanité se détruit elle-même et qu’avec un peu de prévoyance on peut éviter cela ou au moins essayer de maintenir la vie sur cette planète. Antoine a utilisé les instruments de musique comme métaphore pour cette noble, dérisoire mais importante tentative de survie.

Steady On… est un album beaucoup plus dansant que Life Embarrasses Me... Etait-ce un choix délibéré ?

Non pas vraiment, l’album est juste un instantané de ce que nous avions envie d’écrire à un moment T. Notre musique a différents tempos, humeurs et aspects. Le côté dansant est juste l’un d’entre eux. On a été inspirés par certains morceaux dansants qu’on a joué en public et on a pensé que ça serait cool de les jouer en mode album et de les étirer pour que le côté hypnotique et cérébral s’allie à des expériences plus corporelles.

Est-ce que Steady On.. est un concept album ?

Pas vraiment, même si c’est vrai qu’une continuité de thèmes traverse la plupart des morceaux et de l’artwork. L’idée qu’en 2012, tout le monde se sent plus fort grâce à la science et les technologies, pour le meilleur comme pour le pire, et que nous sommes à un moment où les mondes de la pseudo science-fiction et de la pataphysique se rejoignent pour de vrai. Sommes-nous tous des scientifiques ? En tous cas nous avons beaucoup de travail à faire encore.

Pourquoi n’y a-t-il que huit morceaux sur cet album ?

Le disque fait quasiment 40 minutes. Il y a de très nombreux exemples de grands classiques qui sont en dessous des 40 minutes, même en dessous de 30 parfois. Nous avons enregistré d’autres titres qui sont disponibles sur l’Ep Psyentist qui est sorti en novembre, mais nous avons pensé que l’album était mieux comme ça avec ce tracklisting là.

Steady On.. est à la fois facile d’accès et expérimental. Comment avez-vous fait ça ?

Déjà merci pour la remarque ! On adore la musique pop tout comme expérimenter en studio. On reconnait que notre musique pop préférée est basée sur les expérimentations.

Comptez-vous tourner en France et en Europe prochainement ?

Oui, à la fin de l’été ou en automne. D’ailleurs on cherche des dates !

Est-ce que Seventeen Evergreen peut jouer acoustique ?

Oui, on l’a déjà fait et on le refera.

Est-ce que c’est important pour vous d’avoir le contrôle total sur la production de l’album ?

Jusqu’à présent oui. On pourrait travailler avec un producteur extérieur si l’entente était bonne et s’il pouvait nous aider à rendre notre musique et nos envies meilleures que si on les faisait nous-mêmes. Ou alors pour essayer quelque chose de complètement nouveau.

Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ?

Là tout de suite, une moitié de Seventeen Evergreen va aller faire une petite ballade à vélo avant qu’il ne pleuve et plus tard je retrouverai l’autre moitié pour une session de studio où nous expérimenterons des sons étranges pour une radio du coin, puis nous ferons une mixtape et enfin on va se pencher sur la dernière version de notre nouveau clip qui sortira d’ici quelques semaines.

Le site officiel

Le trailer psychédélique de l’album :



Lire la suite

14 avril 2012

Beth Jeans Houghton & The Hooves Of Destiny -  Yours Truly, Cellophane Nose ( 2012)

Sortir un premier album est toujours un grand saut. On risque très rapidement de se glisser dans un genre musical et de ne plus pouvoir en sortir. Si on s'y sent à l'aise, tant mieux, le public reconnaîtra les sons qui lui plaisent tout en se laissant griser par la subversion que tout grand artiste sait imposer à son genre fétiche. Mais si on a l'esprit un peu plus lunaire, les cases musicales sentent vite un air de renfermé et il est préférable de prendre des chemins de traverse. C'est sans doute ce qu'à pu se dire Beth Jeans Houghton en nous concoctant ces dix morceaux.

Cette jeune chanteuse aux cheveux blonds cendrés que les hasards biographiques situent entre Newcastle et la Californie nous livre un horizon allant de la folk à la pop psyché. Ce contraste apparaît dès la pochette de l'album : un extérieur sombre couvert d'êtres hybrides mi-femmes mi-lions laissant place à des couleurs seventies dans le livret intérieur. Oui un ensemble bien étonnant mais d'une grande cohérence grâce à la voix puissante de cette nouvelle diva, dont certaines envolées lyriques réveilleront certains souvenirs aux fans de Kate Bush.

Dès l'inaugural "Sweet Tooth Bird", le ton est donné, Beth Jeans Houghton livrera une course à travers cet album. Son parcours sera entouré par ses musiciens, et choristes à l'occasion, de The Hooves Of Destiny, qui ont tous le même tatouage pour marquer leur fidélité à cette aventure. Cette cadence imposée par la batterie se poursuivra dans "Humble digs", "Atlas" et "Veins" et s'imposera comme un des rythmes dominant de l'album. Toujours dans cette tonalité, "Liliputt" montre comment ce rythme et le violon qui accompagne la chanteuse font ressortir le prisme le plus négatif de cette voix, comme si elle était condamnée à la fuite, à l'errance, au désespoir. Ces sentiments prennent encore plus d'intensité dans le beau clip dirigé par Ben Jeans Houghton où les images de la chanteuse fuyant dans la nuit s'entremêlent à une évocation de tableaux.

Irradiant à partir de cet ensemble principal, des morceaux plus doux montrent un univers serein. "Dodecahedron" et "The barely skinny bone tree" dévoilent une chanteuse plus posée, le second titre où elle est accompagnée d'une guitare folk lui donnant même un air lunaire. C'est dans ces chansons qu'on se surprend à écouter les paroles pleines de poésie, un univers où les métaphores végétales, biologiques, et humaines se confondent.

Entre cette errance et cette douceur, "Nightswimmer" et "Franklin Benedict" offrent dans une troisième voie une pop plus joyeuse où les aspects psychés et lyriques sont les plus manifestes. Si le spleen semble être son territoire favori, elle n'hésite pas à rire elle-même aux éclats avec cette bombe lancée à la toute fin de l'album, "Carousel", un titre quasi-punk qui semble mis là par erreur si le reste de l'album ne nous avait pas habitué à ces extravagances. Spleen, sensibilité et extravagance qui pourraient rapprocher Beth Jeans Houghton de l'univers du Prince Miiaou.

En bref : Beth Jeans Houghton nous propose ici un album quasi inclassable entre pop, folk et psyché mais d'une grande qualité. Avec sa voix diaphane aux multiples tonalités, elle explore principalement une mélancolie pleine de poésie.




Le Myspace de Beth Jeans Houghton

Yours Truly, Cellophane Nose en écoute sur Deezer


Lire la suite

12 avril 2012

The Stranglers - Espace Julien, Marseille (10/04/12)

Hugh Cornwell en congés depuis bientôt 25 ans et Jet Black sous défibrillateur, c'est donc une moitié de formation originelle d'Etrangleurs qui se produit ce soir à l'Espace Julien, dans le cadre d'une vraie tournée, et quasi exhaustive des grandes villes françaises de province.
Qu'à cela ne tienne, si nous sommes forcément un peu orphelins du phrasé racé et très tongue-in-cheek du guitariste aristocratique -même si Boz Barne est impeccable et à cent coudées au-dessus de l'insupportable Paul Roberts,- et alors que les coups de boutoir de Ian Ballard ne font pas toujours oublier le swing du bon vieux Jet, restent les deux éléments mélodiques prédominants des Stranglers, les claviers tenus par l'inusable Dave Greenfield, et la basse martelée et frottée par l'imputrescible JJ Burnel -60 ans ; on hallucine en le voyant !

Un JJ Burnel devenu au fil des années le leader charismatique de son groupe, par la force des choses et du fait de sa francophonie, il se fait cabotin sur les terres de ses ancêtres : on n'échappe ainsi pas au couplet sur les élections à venir, le temps qu'il fait, en sus du bulletin de santé de Jet.

Le set, une fois terminé le rituel d'ouverture "Waltzinblack" a le bon goût de revisiter les heures glorieuses des infernaux quatre premiers disques ;  la moitié du set est ainsi dédié aux moments forts de Rattus Norvegicus (1977), No More Heroes (1977), Black And White (1978) et The Raven, l'album viking de 1979.
Avec parfois des choix surprenants comme ce tiercé d'ouverture envoyé sans temps mort : "Burning Up Time"/"Sometimes"/"The Raven" - les deux premiers titres ne comptant pas parmi leurs plus cités, et aussi certaine relecture d'une obscure face B d'époque, j'ai nommé ce hurleur "Shut Up" que tout le monde avait oublié. Ah, et dans la série single mythique de la première heure, on a aussi droit à "5 minutes".
Alors, on aurait certes aimé entendre des "Down In The Sewer", "Dead Ringer", "Peasant In The Big Shitty", "Nuclear device", ou (snif !) les insurpassables "School Mam", "Genetix" ou "Toiler On The Sea" (leur plus grand titre ?) du... Men In Black, mais le groupe a le bon goût de proposer les indispensables singles vintage que furent "Peaches" et "Duchess" qui comptent aussi parmi leurs meilleurs titres, et aussi dans un registre plus apaisé l'incontournable "Golden Brown" -seul titre où la basse de Burnel jouée au pouce peut respirer 5 minutes (pas fait exprès...) et un autre classique serti de sa guitare espagnole, "European Female".

On le voit, peu de place pour les titres lents et plus mélodiques ; La Folie (n'était "Golden.."), Aural Sculpture et Dreamtime (à l'exception de... "Always The Sun" évidemment, mais quid de "Nice In Nice"?) seront savamment ignorés.
Et le nouvel album dans tout ça ? Eh bien, ce Giants, guère réussi par ailleurs à l'exception de son morceau-titre, de l'opening instru et de l’inénarrable pochette ("on m'a volé mon pendu !"), il est réduit à la portion congrue de quatre titres sur 10.
Quoi qu'il en soit, on ressort d'un concert des Stranglers beaucoup plus exténué et repu que d'un concert de Portishead, Et le rappel qui est ponctué d'un "No More Heroes" bienvenu et de la reprise de "All Day and All Of The Night" ne faillira pas à la règle - les hommes en noir se sont auparavant fendus du hit de Bacharach "Walk On By" déjà gravé en son temps en single.
Dieu que tous les groupes de puceaux boutonneux qui abreuvent les charts anglais devraient en prendre de la graine.

Un extrait de "Hanging Around":



L'intro du concert de la tournée, ici le Bikini à Toulouse :


Lire la suite

11 avril 2012

Concours - Django Django en concert à Bordeaux, places à gagner

C’est l’un de nos gros coups de cœur de ce début d’année, et le groupe anglo irlando écossais est de passage à Bordeaux le jeudi 26 avril à Barbey. L’occasion de vérifier sur scène l’efficacité d’un premier album sans failles qui devrait logiquement se retrouver dans de nombreux tops de fin d’année. Alors si vous voulez écouter live les hits que sont "Default", "Waveforms" ou "Wor", c’est à cette question qu’il va falloir répondre :

Dans quel groupe adoubé par Dodb jouait John McLean, frère de David McLean des Django Django ?

Merci d’envoyer votre réponse à contact@desoreillesdansbabylone.com avant le mardi 24 avril minuit avec votre nom et prénom. Bonne chance à tous !

Lire la chronique de Django Django - S/t (2012)
Le site de Barbey et celui du groupe



Lire la suite

Souleance - La Belle Vie (2012)

Ce n’est pas tous les jours qu’on met la main sur un album français aussi funky et léché que celui-là. D’une fraîcheur calibrée pour l’été, La Belle Vie porte bien son titre, puisque l’on sent d’emblée qu’il a été confectionné avec le plaisir comme seul guide - sans esbroufe, et sans aucune prétention de révolutionner quoi que ce soit ni d’étaler son érudition. Soulist et Fulgeance sont pourtant des experts en matière d’excavation de vinyls. Alexis Eleftheriadi alias Soulist, est d’ailleurs bien connu pour ses sélections rare grooves, qu’il distille dans son émission sur Radio Campus (Future Basics, tous les mercredis à 21h30) ou lors des soirées parisiennes What The Funk. Il a également fait énormément de premières parties de concerts (The Roots, James Brown, Common…). Amateur de sons analogiques, le Caennais Pierre Troel, alias Fulgeance, s’illustre depuis 2007 sur des EPs de bass music et de hip-hop instrumental à la Brainfeeder. Son premier LP solo, To All Of You, est sorti l’an dernier.

Joignant leurs forces en 2009 sous le nom de Souleance, ils ont depuis signé 3 bons maxis et font leur retour en fanfare ce mois-ci avec un nouvel EP (La Gourmandise) et donc ce premier album, tout de même composé pour un petit tiers d’anciens morceaux. On a d’ailleurs plaisir à retrouver le boogie vrombissant de "Cool FM" (que ne renierait pas Dâm-Funk), le breakbeat 80’s agrémenté de clochettes disco de "Le Monde", ou l’électronica teintée de chanson brésilienne (avec cuica et berimbau) de "Passarinho". "Manana", aussi, avec ses faux-airs de Nicolas Jaar. Je regrette juste l’absence de "Chemise", leur très bon edit du classique disco "She Can’t Love You". Si les nouveaux tracks sont dans le même esprit fun et ensoleillé que les anciens, le duo a pris en compte les exigences du format album et a varié les BPM et les ambiances.

Il y a de belles pièces downtempo pour chiller, comme "Rendez-Vous" ou la trop courte "La Plage", qui mêle un thème à la John Barry à une guitare bossa-nova et au bruit du ressac des vagues sur le sable fin. Il y a des grooves bien gras taillés pour les house parties et les barbecues – je vois bien Ju se griller quelques côtelettes au son de "Boobs" ou de l’énorme ligne de basse rehaussée de flûte de "La Romance". Il y a aussi du hip-hop de très bonne facture, notamment sur "Pride (ft. Rashaan Ahmad)" et "Unseen (ft. Homecut)". De belles instrus avec des cuivres, des refrains soulful et des beats sophistiqués. La classe américaine. Et que dire du jam super funky et talkboxé "Le Plaisir", qui invite le génial multi-instrumentiste Shawn Lee à la batterie, ou du morceau-titre, splendide, qui fait penser à Exile ou Nujabes.

Avec un solide socle black music en commun, les deux compères sont complémentaires, ce qui leur permet de multiplier les approches et de livrer un disque complet. L’un est plutôt DJ, l’autre plutôt producteur. L’un amène les samples et les scratches, l’autre les structures rythmiques et les synthés analogiques, même si les rôles peuvent parfois s’inverser. On peut dire qu’ils se sont bien trouvés. Procurez-vous leur album. Achetez français.

En bref : un avant-goût d’été avec le duo français Souleance et sa funk électronique mâtinée de hip-hop. De beaux samples, des synthés à la californienne, des invités de prestige : un premier album impeccable et qui donne le sourire.




Le site du label britannique First Word Records

A lire aussi : Katalyst – Deep Impressions (2011)




Lire la suite

06 avril 2012

Pepe Bradock - Imbroglios Part 1 (2012)

A chaque fois c’est pareil, dès qu’on annonce un nouveau Pépé Bradock, je suis excité comme un gosse et je n’ai qu’une idée en tête, me rendre chez mon disquaire et acheter la chose, sans même l’écouter. Cette confiance aveugle n’ayant jamais été déçue, je n’ai aucune raison de changer de méthode. En 16 ans, depuis son premier EP avec Ark, je crois bien que Julien Auger n’a jamais sorti quelque chose de mauvais, ni même de médiocre ou de moyen. Dans une indépendance farouche et avec une élégante discrétion (surtout ces dernières années), il a construit l’une des œuvres les plus cohérentes et originales de la musique house. Enormément de DJs le citent comme l’une de leurs principales influences, et pas seulement en France. Bref. Le nouveau Pépé est arrivé et, ô joie, c’est le premier volume d’une série de 4 EPs à paraître, comme d’hab’, sur son propre label, Atavisme. Le macaron est agrémenté de cette note énigmatique : « Opération Veaux Carnivores : Original Motion Picture : Pépé Bradock’s Remixes »…

Les quatre nouveaux titres correspondent bien aux canons habituels de Bradock : totalement hors-format, ils débordent d’idées, d’humour, de changements de rythme et d’événements parasites. "Katoucha ?" est comme une suite de "Path of Most Resistance" (2009), c’est-à-dire un hymne house musclé à gros clap porté par de belles harmonies de synthé et bourré de petites saillies oniriques et jazzy, avec un léger arrière-goût de Todd Edwards. "12Turn13" est le nom d’un club de Brooklyn, mais le titre lorgne davantage vers une techno dark façon Detroit, sur laquelle vient se poser une ribambelle de micro-samples tous plus intrigants les uns que les autres.

"Inconsequent Pussy" et "Attaque de Boulangerie" présentent une autre facette du producteur, qui a toujours eu un sérieux penchant pour la musique expérimentale. La première donne une idée de ce que pourrait donner une collaboration entre Moodymann et Pierre Henry : piano soulful, beat housey en sourdine, ronronnements de chat, avalanche de sons concrets aigus et dérangeants… Complètement dingue. "Attaque de Boulangerie" est au moins aussi étrange, mais dans une veine plus ambient et hypnotisante. C’est une sorte de musique de film noir déviante, dont tous les éléments semblent flotter, jusqu’à l’arrivée d’un beat qui, au lieu de se développer comme on pourrait s’y attendre, s’évanouit au bout de quelques secondes seulement. Le constat est sans appel : encore un sans-faute du Pépé.

En bref : premier épisode d’une série de 4 EPs, le nouveau Pépé Bradock est évidemment une bombe de house loufoque et d’expérimentations jazzy et concrètes. Inégalable.





A lire aussi : Pepe Bradock - Confiote de Bits / A Remix Collection et Swimsuit Issue 1789 (2009)




Lire la suite

Nicholas - Still Playing House (2012)

Cela fait à peine deux ans que le nom de Nicholas a commencé à apparaître sur des compiles et des EP de petits mais très respectables labels comme On The Prowl ou Quintessentials. A ses débuts, le jeune Italien, originaire de Pérouse, donnait dans le nu disco funky, dans l’esprit d'un Mark E. Guidé par son attirance pour les sons clinquants et l’atmosphère des clubs du début des 90’s, Nicholas Iammateo a peu à peu basculé dans un son plus housey et plus roots, quitte à verser dans une sorte d’hommage permanent à l’âge d’or de la house new yorkaise. En ont résulté quelques excellents maxis et surtout Back On Track, une consistante collection de remixes justement consacrée à Nu Groove, légendaire label de la Big Apple de 1988 à 1992. Apparemment, la concoction de cette compilation n’a pas étanché sa soif de dance exubérante, puisque Nicholas revient avec un album de 13 tracks (plus 2 remixes de Gerd et Hunee) dont le titre, certes pas révolutionnaire, a le mérite de ne pas mentir sur la marchandise.

Still Playing House est l’œuvre d’un fétichiste qui a grandi dans l’admiration d’artistes comme Bobby Konders, Joey Negro, Kenny Dope ou les frères Burrell. Il y accomplit quasiment toutes les figures imposées du genre, de sorte que s’il était évalué par des juges de patinage artistique, sa note technique serait quasi-parfaite. On y trouve des titres de piano-house, des voix de diva, un prêche ("Hold Us Back"), un speech sur l’universalité de la musique, et même l’inévitable sample de Martin Luther King ("Change")… Pour résumer, on ne peut pas faire moins original. Et cette accumulation de tracks en 4/4 peine à ressembler à un album. En dehors du slow-disco de "Flow", aucune respiration ne nous est accordée. Du coup, je suis incapable d’écouter le disque en entier.

Reste que chaque titre pris individuellement, sauf le médiocre "Look Beyond", vaut son pesant de pesos. Dans sa version originale comme sur le remix de Gerd, le piano d’"All Night Long" est irrésistible, tout comme les nappes et les touches de trompette d’"I Want To Thank You", ou le vibraphone et la basse dodue de "Change". "Call Me" n’est pas mal non plus, mais ne parvient pas à faire oublier l’edit de Dixon du "Call Me" de Mark E, qui utilise le même sample de Diana Ross ("Ain’t No Mountain High Enough"). Quant à "Miss You", elle parcourt les quelques kilomètres qui séparent New York du New Jersey pour quelques minutes de mélancolie soulful très inspirées par Kerri Chandler. Au final, il y a donc de quoi gaver tout bon amateur de house rétro, même si un peu de fantaisie n’aurait pas nui à toute cette affaire.

En bref : ce jeune Italien n’a qu’une obsession, faire revivre les grandes heures de la house new yorkaise du début des 90’s. Et il y parvient plutôt bien sur cet album en forme d’hommage hédoniste et bon enfant.




A lire aussi : I:Cube – Cubo Edits (2012)

Nicholas sur Soundcloud
Le site du label 4 Lux





Lire la suite

04 avril 2012

Seventeen Evergreen - Steady On Scientist ! (2012)

C’est un heureux hasard qui m’a fait retomber il y a quelques jours sur le nom Seventeen Evergreen. Une coïncidence qui a fait remonter en moi le souvenir de l’une de mes toutes premières chroniques sur ce blog, il y a cinq ans déjà. Le duo de San Francisco sortait alors Life Embarrasses Me On Planet Earth premier album définitivement hippie et cinématographique qui a régulièrement tourné sur ma platine depuis. Je les croyais morts et pourtant ils reviennent dans le même anonymat qu’avant avec un superbe album de pop psychédélique, l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné d’entendre en 2012 pour le moment.

Dès la première écoute le constat est sans appel. Caleb Pate et Nephi Evans n’ont rien perdu de leur verve et le son est impeccable (100% auto composé, joué et produit). Pendant ce long quinquennat de silence ils n’ont eu de cesse d’explorer leur musique, les genres, les possibilités de leurs guitares et l’électronique. Sur les thèmes de l’espace et de la densité, ou pour faire plus simple de la duplicité de la vie, ils ont composé un album space-pop de plus, perdu entre le late-80’s et le early 90’s. Pourtant ce n’est ni rétro ni trop penché sur les modes actuelles.

Comprenant qu’il vaut mieux livrer huit morceaux irréprochables que douze moyens, Seventeen Evergreen ne s’épanche pas. En à peine 36 minutes la messe est dite et on rappuie sur Play au moins deux fois d’affilé. D’ailleurs dès l’ouverture et le single "Polarity song" on sait à quoi s’attendre. Un beat électronique lourd, un clavier en boucle, et un effet général "feel good" à la MGMT qui ne laisse pas indifférent. Derrière c’est "Bucky" qui démarre en électro menaçante mais qui s’habille finalement en rengaine 8 bits, hand-claps millimétrés et clavier Kavinsky. Ca en deviendrait presque cheezy.

Puis c’est au tour de "President Clavioline" de partir bien loin, au niveau d’un Beta Band ou d’un Electric Prunes. La voix y est aussi perchée, l’orgue vintage et la guitare sèche sonnent carrément 60’s. Autant dire qu’on tient déjà là trois excellents morceaux sur trois. Et "Wasting time/Castlefield" continue de tracer l’album de manière dansante et habité comme le meilleur des pourtant décriés Empire Of The Sun. Sur "Del Paso heights" on retrouve stricto senso la ligne de basse de "Time to pretend" pour un morceau béat. "Fluorescent kind" se la joue plutôt instrumental, rythmé et atmosphérique. "Dancespider" et "Burn the fruit (Pegasus)" sont exactement du même acabit. Voilà, on est au bout et on rappuie sur Play, juste pour vérifier.

En bref : un duo de San Francisco déjà responsable en 2007 d’un super album psyché-pop remet le couvert et livre un parfait petit frère complètement perché mais accessible.





Le Bandcamp

Acheter  Steady On Scientist ! chez l'International Records

L’album complet en streaming :


Lire la suite

03 avril 2012

Spectrals - Bad Penny (2011)

S’il est un disque qui ne mange pas de pain c’est bien celui-là. Destiné à la détente, il s’enfile en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et dévoile sans bling-bling ni bang-bang une jolie petite collection de titres pop typés 60’s. Aussi bien que, même sorti en 2011, Bad Penny continue son bonhomme de chemin aujourd’hui. Tout juste accompagné par son frère à la batterie pour l’occasion, c’est le jeune anglais (21 ans) Louis Jones qui tient la barre tout le long de ce disque attachant et finalement très soulful.

Pour ce qui est de la voix on nage en plein Alex Turner façon The Last Shadow Puppets, un petit écho en plus. Du côté des guitares pour le moins cristallines on pense plutôt à l’Angleterre des années 80 façon Prefab Sprout. Enfin pour l’ambiance et la production c’est davantage un gentil Phil Spector que l’on entend (Louis Jones est un grand fan). Le disque dans son ensemble est lui très homogène, sans hauts ni bas, sans cesse nonchalant et candide.

Au registre des petites perles à écouter avant les autres : la poésie pop de "Many happy returns", le crooning fun de "Get a grip" ou le très anglais "Confetti". Presque ringard sur le thème de l’amour, le jeune Louis Jones sonne pourtant indémodable. Emprunt d’une douce mélancolie ("Lockjaw") il en devient même touchant.

Mais ce dont on se rend compte avec les écoutes, c’est que l’album est baigné dans une douce ambiance jazzy doo-wop. C’est flagrant sur "Luck is there to be pushed" avec son piano jazzy, sa basse et son strum délicat. Musique de fond pour certains, production au cordeau pour d’autres, Bad Penny semble en tous cas assez mûr et réfléchi pour être plaisant. A noter que Stephen Duffy de Duran Duran s’est chargé du visuel de la pochette.

En bref : dans un mood un peu jazzy mais surtout très brit pop, Louis Jones effleure les oreilles averties sans faire de vagues.





Le site officiel



Lire la suite

Art Blakey and the Jazz Messengers - Moanin (1958)

Voilà du jazz qui saura séduire le lecteur moyen indie pop-rock de DODB, même le plus récalcitrant. La formule s'appelle Hard-Bop : vélocité des premiers bopeurs + retour aux sources de la musique afro-américaine (blues et gospel), le tout dans une combinaison consacrée (deux soufflants, trompette et ténor sax, piano, contrebasse et batterie). Tellement véloce que Horace Silver, pianiste participant aux premières moutures historiques du groupe, trouvait ça "funky"... Le tout au service de mélodies simples et directes, loin de la conception que les non amateurs se font du solo de jazz comme paraphrase infinie et illisible. L'album réunit, en effet, les titres les plus connus des Jazz Messengers et du Hard-Bop en général : "Moanin" et "Blues March".

Le titre d'ouverture "Moanin", fut un tube (qui finit par donner son titre à l'album sur un second pressage), mais il a pour moi un statut très singulier. Avec le solo de Lee Morgan, c'était la première fois que j'entendais des sons aussi étincelants et excitants, c'était la première fois que j'entendais les possibilités d'une trompette jazz, en terme de hauteur de son et de phrasé. La première fois peut-être aussi que j'allais vers un musicien non parce qu'il était reconnu par un sens commun de la critique (je n'avais jamais entendu parlé de lui) mais à partir des sons qu'il produisait. Il est là le son des Jazz Messengers, pas seulement dans le jeu de question-réponse entre le piano et les cuivres qui ouvre le morceau, mais aussi dans cette trompette staccato, aux aigus si précis et piquants, ce phrasé souple, rythmé par de fines altérations, qui font le style soul et funky de Lee Morgan, reconnaissable entre tous.


"Are you real" joue des possibilités de décalage entre les deux cuivres, sur une mélodie pop simple et rayonnante, composée par le ténor sax Benny Golson. Après avoir dansé sur "Moanin", vous vous retrouvez à chanter à tue-tête une mélodie du bonheur. La face A s'achève sur un titre délicieusement évocateur, "Along came Betty", dont le thème, joué à l'unisson par les cuivres, a été inspiré par une jeune femme prénommée Betty, et plus particulièrement par sa démarche. Il s'agissait pour le groupe de capter "l'effet musical de sa grâce et de sa féminité". Le tempo et le jeu lié des cuivres suggèrent cette démarche, tandis que les chorus dressent un portrait plus détaillé de la jeune femme et de son pouvoir de séduction. Là encore la trompette de Morgan est épatante.

La face B s'ouvre sur l'affolant "The drum thunder suite", où les maillets foudroyants de Blakey deviennent le centre organisateur d'une suite de trois thèmes qui nous propulsent à Hollywood, entre film noir, film de gangsters et suspens hitchcockien. C'est l'autre merveille de l'album. Mais il y a aussi le fameux "Blues March", où comment parvenir à faire swinguer une marche militaire, clin d'oeil aux fanfares de la Nouvelle Orléans.

Le dernier titre - seul standard de l'album : "Come rain or come shine"- prouve que les ardeurs hardbop sont compatibles avec un beau standard bien mélodieux.

En bref : le disque de Hard-Bop parfait, mélodieux, dansant, gorgé de tubes et de sonorités éclatantes.





"Moanin", version album :


"Moanin", version live, Belgique, 1958 :


Lire la suite

02 avril 2012

Howler - America Give Up (2012)

American Give Up est imparfait. Jordan Gatesmith a une sacré tête à claques. Son groupe n’invente rien. On va certainement les entendre en boucle tout l’été et très vite les oublier. Et pourtant America Give Up est bourré de tubes, Jordan Gatesmith a une belle voix grave, et on va prendre un malin plaisir à cruiser tout l’été au son de ce groupe très américain (pourtant préféré en Angleterre) qui -il faut le dire- n’aurait jamais existé sans les Strokes. Autopsie d’un plaisir coupable.

Une guitare surf, une intro calme et trompeuse, une mélodie farceuse, deux guitares qui se répondent et "Beach sluts" est lancé. Catchy et brut de décoffrage, Howler semble aimer la college power-pop. Même le graphisme de la pochette rappelle au Flying W de nos gentils Weezer. Ca semble aussi bien fait pour l’amateur de rock que pour faire danser les kids autour de la piscine.

Puis "Back to the grave" enfonce le clou. Ca sonne comme du Ramones, c’est jeune et on retrouve l’urgence typique d’un premier album. 32 minutes pour 11 morceaux soit un format de type punk-rock. Les riffs sont semi-lourds et le jeune Gatesmith (19 ans) s’amuse à aligner les hits concis et entêtants comme s’il devait tout dire en un seul coup. En dessous du par évidemment.

L’ambiance ne retombe que rarement et évoque vraiment Is This It sur le Stroksien au possible "Wailing (Making Out)". A couter aussi : le shoegaze de "Free drunks" et la surf-music "Black lagoon". En fait à bien chercher on ne s’ennuie jamais sur ce qui à priori devrait être le seul disque d’Howler à avoir. Le premier. L’outrancier. L’imparfait.

En bref : ne pas se fier au look et à la réputation mais apprécier ce disque power-pop américain comme il se doit, c'est-à-dire comme une bande originale d’été californien, cheveux au vent et vitres ouvertes.





Le site officiel



Lire la suite