Considéré comme l'un des disques les plus expérimentaux de Santana, Welcome se démarque de la titanesque discographie du groupe (plus d'une trentaine d'albums), en proposant un melting-pot musical portant la marque d'un genre initié entre autre par Miles Davis et Franck Zappa, le Jazz fusion. Plus qu'un disque, Welcome est un vestige du temps, qui fossilise au travers de ces 9 pistes un paysage musical aux horizons multiples, témoignage intemporel d'une époque totalement folle. Rock, jazz, samba, soul, funk, autant de styles qui s'entrechoquent dans un univers sonore aux limites sans cesse repoussées.
De son ouverture jusqu'à sa conclusion, Welcome surprend et suspend, plongeant l'oreille dans une ivresse musicale dionysiaque. Premier écho cosmique de l'album, "Going Home" et son électronique liturgique, grésille dans un concert de cymbales, sublimé par la sonorité mystique d'une guitare électrique dissonante. Transcendantal...
Cette inauguration, préambule d'un trip vers une autre dimension, inaugure avec grâce un cheminement toujours incertain dans son dénouement. De l'amour du jazz il est ici question mais pas seulement... Difficile d'apposer une étiquette sur ce disque tant ses résonances sont issues d'univers musicaux différents. En leur approche les titres répondent du jazz, de cette manière de perdre le fil pour mieux le retrouver, tout en mêlant des styles bien hétérogènes. Santana s'amuse ainsi avec nos tympans, en traversant un répertoire musical qui laisse pantois.
D'une piste à l'autre, la surprise est toujours au rendez-vous. De la pop-soul de "Love, Devotion, and Surrender" à la Samba du titre éponyme "Samba de Sausalito", les virages pris à 180 degrés sont légion mais jamais indigestes... La preuve avec "When I look into your eyes" et ses lignes de guitares tourbillonnantes répondant à des percussions soumises çà et là au sifflement d'une flûte enchanteresse, pour enfin exploser dans un épectase électronique, incongru mais absolu.
Le cirque continue, démesure et grandiloquence au programme, se profile l'endiablant "Mother Africa". Hymne à la vie bondissant et entêtant, qui émoustille les sens de part sa rythmique infernale, soutenue par l'ange Michael Shrieve, reconnu à jamais lors du fameux Woodstock de 1969 pour son dantesque solo de batterie sur "Soul Sacrifice".
De notre mère africaine et universelle fait suite "Light of life", petit bijoux de funk aux élans lyriques porté au firmament par la profondeur de l'arpège déstructurée inhérent à la guitare de Carlos Santana. Une guitare qui nous ensorcelle à nouveau durant les onze minutes de "Flame Sky", tornade musicale qui compose à l'improviste des gammes atemporelles, suspendues quelque part dans les nues. Enfin Alice Coltrane, veuve en cette période du mythique saxophoniste, s'invite sur la dernière piste "Welcome", distillant au piano une cascade de notes qui ruissellent sur notre chair, encore frissonnante de plaisir...
En bref : album à l'ambition artistique démesurée, expérimental et inclassable, célébrant la rencontre du jazz et du rock en s'appuyant sur un parterre d'instrument vertigineux, Santana s'affirma avec ce Welcome comme un groupe majeur de la scène musicale des 70's.
En écoute sur Deezer
0 Comments:
Post a Comment