On avait déjà eu droit aux "humeurs mélancoliques" il y a bien longtemps, et nous avons droit à l'âme à présent.
Revoici Josh Haden, faut-il le préciser unique membre originel de ce groupe est toujours le fils du cultissime Charlie Haden, immense contrebassiste (d'ailleurs Josh basse lui aussi) de jazz qui a joué à peu près avec tout le monde, de Archie Shepp à Don Cherry en passant par Ornette Coleman, etc....
Et rien n'a vraiment changé au détour de ce 4ème long format d'un groupe que l'on croyait disparu corps et ....âme donc, si ce n'est le line-up effectivement ; pas même n'a-t-on omis d'orner fièrement la pochette d'une accorte représentante de la gent féminine - et que cette dernière ait fourbi ses armes dans le cinéma porno n'en ôte en rien son élégance au groupe.
L'un des comeback les plus improbables de l'année - mais gageons, bien plus excitant qu'un éventuel retour de Stone Roses ou de My Bloody Valentine aux affaires discographiques- voit Spain accoucher d'une oeuvre en tous points semblables aux exercices précédents, si ce n'est une propension nouvelle à hausser le tempo -enfin, tout est relatif quand on parle de Spain- sur aux moins deux morceaux ("Because Your Love", "Miracle Man").
Prenons d'ailleurs ce "Because Your Love", l'une des grandes réussites de ce disque, que Haden a le bon goût de calquer sur la suite d'accords de "Kill Your Sons", plus grand morceau jamais pondu par Lou Reed, le plus étonnant n'est pas tant cette citation explicite que l'inattendue saturation de type Leslie de l'orgue, élément omniprésent, mais aux sonorités plus généralement électriques soft style Rhodes.
Sur "Miracle Man", c'est encore plus étonnant : Josh chercherait le hit qu'il ne s'y prendrait pas autrement -on pense à un truc genre Huey Lewis and the News (!!!!) en évidemment beaucoup moins gras et vulgaire ; la chanson sortira-t-elle en single ? Il est permis de le penser.
Sinon, pour le reste, Spain fait ce qu'il sait faire de mieux, c'est-à-dire du Spain. Il y a toujours ces arrangements veloutées -les soeurs Haden ne sont jamais très loin, qui aux choeurs, qui aux cordes-, ces bruissements d'orgue minimaliste réminiscent du jazz, ces lignes de basse rondes qui introduisent et illuminent les impeccables "Only One" et autre "All I Can Give" (le chef d'oeuvre du disque), avec son chant déchirant, évoquant parfois les timbres de Gordon Gano (Violent Femmes) ou Stuart Murdoch (Belle and Sebastian).
Le reste est à l'avenant, très bon confort d'écoute, mélodies imparables, et cohésion d'ensemble qui ne craint pas cette fois d'endormir l'auditeur ; ce pouvait être le tendon d'Achille d'une musique aussi ouatée et laid-back que celle de Spain. Cette fois Josh Haden a pensé à muscler son jeu, et à éviter le syndrome Norah Jones- dont le dernier album est tout à fait digne, soit-dit en passant...
Même si l'épure, tant au niveau des paroles (mais on s'en félicite !) que de la musique demeure le cheval de bataille.
En bref : 11 ans après, la magie opère toujours pour ce qui est -on peut l'avancer sans crainte- le meilleur disque de Spain, comprendre le moins lénifiant dans sa quiétude mélodique. L'Eden atteint par l'Haden. Si, si...
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