01 juillet 2012

The Band - Music From Big Pink ( 1968)

The Band ou l'un des groupes les plus adoubés, mais aussi les plus sous-estimés du continent nord -américain de la fertile période des sixties.Connue à ses débuts, lorsqu'ils s'appelaient encore les Hawks, pour être drivée par son batteur, ainsi que pour avoir été le groupe accompagnateur de Dylan le long des légendaires Basement Tapes, ou bien pour avoir servi de support-band de luxe aux côtés de lrut plus illustre  compatriote canadien Neil Young, dans le fameux The Last Waltz de Scorsese - les pas glamour mais très cool musiciens se font d’ailleurs produire par David Briggs directeur artistique de moult galettes du Loner. Thee Band c’est ce crossover parfait  entre les éléments traditionnels du folklore américain et une pop plus arrangée.

S'il est vrai que ces gens ont pu être être desservis par une image hick, et qu'à côté d'eux d'autres ploucs brillants comme Creedence Clearweater Revival ou Leonard Cohen auraient pu faire de l'ombre à Roxy Music ou Elton John au niveau de l'accoutrement, s'il est avéré que leurs longues moustaches, barbes ou crinières Amish n'auraient pas déparé dans La Petite Maison dans la Prairie, si enfin nos hommes ont redonné ses lettres de noblesse à la chemise à carreau bien avant la mode grunge, eh bien cela ne doit pas occulter les talents multiples de ces multi instrumentistes doublés de merveilleux compositeurs. 

Enregistré au sein de leur propre studio -ce Big Pink qui lui donne son nom- ce premier album sous l'entité The Band, fait la part belle aux traditionnels et aux folks dépoussiérés écrits à quatre mains avec Dylan (également illustrateur de la pochette), mais aussi aux plus belles créations du groupe, que l'on doit généralement à Manuel ou à Robbie Robertson son guitariste.

Il en est ainsi d'un disque puisant l'essentiel de son inspiration dans la Bible, le Nouveau testament, une critique acerbe du matérialisme et des idéaux expansionnistes (le Vietnam) américains - Neil Young disait que son statut de résident américain à la nationalité canadienne lui permettait aussi  ce recul que n'ont pas les natifs sur leur propre pays. Tel dans ce liturgique "Tears of Rage", empreint de dramatique shakespearienne et qui offre une vision désabusée du rêve américain.  Les Mercury Rev au carrefour de leur carrière en donneraient une adaptation extraordinaire. La parfaite "To Kingdom Come" qui lui succède, exsude le mysticisme à travers une très flippante histoire de fantôme, de mauvaise augure, et s'ouvre sur le refrain de la chanson. L'itinérante "In a Station" convie des vocalises angéliques qui contrastent singulièrement avec la noirceur poétique dont elle est baignée.

"The Weight", nouvelle réussite de Robertson et également l'un des plus fameux succès du groupe, amène ce parfum de remords né d'un puritanisme étouffant tel qu'il pourrait s'en trouver au sein de l'inquiétant Dogville de Lars Von Trier, de cette culpabilité qui étreint face à ses semblables.

En face B, c'est un peu le feu d'artifice, car au détour d'un revigorant boogie ("We Can Talk") ou d'un autre majeure composition signée  Robertson-Dylan ("I Shall Be Realeased"), ainsi que  d'un traditionnel, ("Long Black Veil", qui sera repris entre autres par Nick Cave), s'offrent également deux morceaux de choix : le "Wheels of Fire", oeuvre de Dylan et de Danko, reprise par... à peu près tout le monde, et dont Siouxsie and the Banshees ont signé une étonnante cover dans leur album de reprises de 1987, Through The Looking Glass. Ou la fatalité ornée de Mellotron oscillant/

Et LE morceau sans lequel nul grand disque ne saurait avoir droit de cité, et qui n'est certainement pas l'arbre qui masque la forêt, ce "Chest Fever", décrivant les tourments de l'âme d'un amant jaloux (poitrinaire ?). Chanson dantesque introduite par un solo d'orgue de Garth Hudson (le vétéran du groupe), empruntant aux Toccata de Bach,  sur laquelle on peut voir des circonvolutions étonnantes dans le live 1974 du groupe à Wembley.

Peu après cela, le deuxième album éponyme et autre grande réussite du Band, sortirait en 1970. jusqu'à ce que les querelles d'ego  et les premiers départs n'arrivent- en gros, Robbertson signait un nombre anormalement élevé de morceaux au vu de la contribution supposée de ses compères. S'ensuivraient d'autres albums, moins fulgurants que ces deux premiers, mais d'un niveau toujours notablement au-dessus de la moyenne. Jusqu'à l'apogée du Band avec la parution des Basement Tapes et l'avènement de The Last Waltz.
Il est parfois salutaire de faire parler la fibre réac qui sommeille en chaque rocker.

En bref : une oeuvre d'autant plus magistrale qu'il s'agit d'un debut. Tout le folklore nord-américain arrangé et assimilé en 42', pour ce qui reste le meilleur de ce groupe certes peu glamour, mais qui n'en a pas oublié d'être cool.





le site, le Myspace

"Chest Fever"

"To Kingdom Come"


"Tears of Rage" par Mercury Rev

2 Comments:

Ju said...

Je l'ai acheté il y a quelques années en cd et c'est vrai que je le remets souvent.. super disque !

Francky 01 said...

Superbe chronique pour un superbe disque.
Et comme dirait Manoeuvre, à propos de ce groupe :
"Le Band ? C'est comme une cure de radis noir. La racine originelle, l'humus et les écailles de peinture, la rouille sur une Ford Impala et un vieil Indien croisé au volant d'une Mustang, à Denver (Colorado)."

A +