Après avoir manqué l'inauguration de ce nouveau haut lieu de la musique binaire en pays gardois, nous voici au pied du Paloma et ses allures de vaisseau spatial ultra-moderne, ultra chic : à l'intérieur, toilettes neuves et immaculées, petite et grande salle avec balcon, patio avenant avec bar et platines, long couloir avec merchandising, galettes vinyles encadrées aux murs. Ajouté à cela une acoustique parfaite lorsque les guitares ne sont pas en mode hurlant, et vous avez une idée du bon goût, du classieux du Paloma !
Dont il suffit de regarder la programmation passée et à venir pour comprendre qu'il deviendra incontournable ! Si nous sommes là ce soir avec madame Nicks pour la modique somme de 7 euros 50 (tarif "découverte" maison, on appréciera !), c'est pour enfin jauger du talent multi-facettes et hors-normes du nouveau petit prince de la pop garage lo-fi de la florissante scène de Frisco.
Et pour ouvrir cette soirée, Gas Gas, groupe perpignannais, inconnu au bataillon et qui s'avère plutôt une bonne surprise, dans l'historique si souvent erratique des premières parties locales et euh....mitigées.
Emmenés par une espèce de sosie plutôt inspiré de Stuart Murdoch (le frontman de Belle and Sebastian) - qui porte aussi un chapeau, au chant et à la guitare, et d'une bande d'acolytes dans lesquels on distinguera médisants, une nénette aux vocaux fainéants et non autotunés, assise sur un tabouret -oups, on n'avait pas vu qu'elle portait des béquilles- et de 4 autres musiciens au Korg, à la guitare, basse et batterie, Gas Gas, en dépit de coupes de cheveux et d'une allure sage, distille une pop furieuse, survitaminée, très mélodique et addictive. Avec Laurent "Pony Taylor", on se fait la réflexion que ce répertoire roboratif et speedé ne déparerait aucunement chez Ty Segall, à qui la chanteuse a piqué l'une de ses chemises bûcheron. Ou comment montrer de la présence malgré un non-look !
Le look ? Ty Segall et son orchestre n'en ont pas forcément plus. Allure poupine, mèches de cheveux d'un blond que l'on avait plus vu depuis Connan Mockasin lui dévorant le visage, notre jeune homme que la critique actuelle adule et compare parfois à un Beck débutant (bien vu !) ou bien à un proto Kurt Cobain (euh...désolé pour les fans, mais Ty a un Cobain à chaque phalange pour le jeu de guitare, et à chaque orteil pour ce qui est du talent de compositeur) fait le show avec 3 accompagnateurs.
Une batteuse sexy en diable qui couve son Ty et lui décoche des oeillades énamourées durant tout le set, et deux gratteux dont Patti Smith soi-même ne voudrait pas pour ambassadeurs de shampooing, qui accompagnent plus qu'enjolivent les mélodies de Ty. En fait, notre homme se charge de tout, c'est lui qui prend tous les solos dont il use (et parfois abuse) avec une déconcertante aisance.
Le bassiste aux cheveux sales a cette manière de jouer qui nous plait beaucoup à Laurent et moi, c'est -à-dire, le corps de l'instrument très haut, façon les groupes mods 60's vénérés.
Et c'est un florilège : d'abord intimidé ou sur la réserve, Ty se déride peu à peu, présentant quasiment tous ses morceaux comme des chansons d'amour -précisant néanmoins qu'elles peuvent concerner aussi des psychopathes. Les guitares sont crades, jouées très fort et au son souvent dégueulasse -nos oreilles en saignent encore- ce qui ne permet pas toujours de goûter au timbre de Ty .
Lorsque le tempo se veut moins echevelé -car toutes les chansons sont balancées au taquet comme autant d'uppercuts punk-pop de 2'- on se prend à fredonner avec lui les délicates paroles de "Finger" (au moins sur le couplet), de "Caesar" et autres perles de Twins, son dernier oeuvre solo dont il gratifie l'assistance ravie au même titre qu'une bonne revue de sa (très) plantureuse discographie !
Sous l'influence de la H*******N bue à grandes goulées, notre homme dévoile peu à peu une ivresse certaine qui sans doute le désinhibe, au point de faire pogoter furieusement les premiers rangs, et de se lancer lors du rappel dans deux hilarantes et foirées reprises de AC/DC et Led Zeppelin.
Le concert, rappel compris dure une grosse heure, ce qui a permis (pour la modique somme de 7 euros remember) de déguster une quasi trentaine d'hymnes pop saturés pour notre plus grand bonheur ! A peu près autant de temps qu'il n'en faut aux divas de Portishead et de Bjork, pour concéder une dizaine de loooooongs morceaux à 50 euros la place !
Le seul petit bémol émis par votre serviteur sera que Ty n'ait pas empoigné une bonne vieille acoustique désaccordée pour interpréter l'une de ses chansons folk irrésistibles telles "Lovely One". Nonobstant, c'est un fan à qui on doit reconnaître le sens de la formule, qui balancera à haute voix le mot de la fin : TY, TU NOUS REGALES !!!
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