Si on présente John The Conqueror comme un groupe blues-rock produit par un label prestigieux, on se doute que ce dernier n'est autre que Alive Records. Le seul nom des Black Keys, dont le premier album fût produit par ce label,suffit à caractériser le son qui le caractérise. Ce son, le trio de John The Conqueror le capte depuis ses racines du Sud des Etats-Unis pour en faire la matière première de son premier album.
Dès le premier morceau, "I Just Wanna", le rapprochement avec les premiers albums des Black Keys est inévitable. Voix, rythmique et guitares produisent ce son saccadé propre au blues traditionnel. Mais tout le pari de John The Conqueror est justement de se démarquer autant de cette tradition que de ce grand frère à l'ombre un peu trop étendue. "I Just Wanna" utilise la même recette efficace que les Black Keys pour rajeunir le blues: y mêler une pointe de rock. En fait, la force de ce trio sera justement de faire du blues son socle à partir duquel il pourra explorer différentes directions. Le deuxième morceau, "Southern Boy", se rapprochera ainsi du métal dans son jeu de guitare, alors que,après un très beau début avec un blues très doux, "Time To Go" signera un des plus beaux morceaux de l'album avec sa pincée de rythme pop et sa basse un peu funky.
Si ces écarts par rapport à la tradition blues se retrouveront autant dans "Say What You Whant" et "Come Home This Me", ils lui laissent l'autre moitié des titres. Et il faut bien l'avouer, John The Conqueror est ici très bon. Les deux derniers titres nous le prouvent définitivement avec un lent et langoureux "Passing Time" peut-être trop court et le final beaucoup plus de " 3 More". Ce dernier morceau est sans doute le meilleur équilibre que John The Conqueror arrive à construire entre un blues quasi ancestral et un rock assez dur.
C'est pourquoi il est plaisant de réécouter ce morceau dans l'ensemble Alive At The Deep Blues Fest qui réunit des titres de différents groupes du label joués pendant le Deep Blues Fest de 2012. John The Conqueror prend alors le temps de s'installer dans ce morceau et d'y insérer un dialogue des plus touchants entre la basse de Ryan Lynn et la guitare de Pierre Moore. Même si l'ensemble de ce live est quelque peu inégal, il faut néanmoins s'arrêter sur les morceaux très rock'n roll, morceaux plus enlevés pour Lee Bains III & The Glory Fires et plus rêveurs pour Brian Olive. En tout cas, cette constellation permet de prendre conscience de la richesse de ce label, trop vite enfermé dans le particularisme du blues.
En bref : un premier album très prometteur. John The Conqueror ne maîtrise peut-être pas encore parfaitement l'alliance blues rock qu'il convoite, mais il en est très près. Et c'est bien un nouveau son qui se faufile à travers les dix titres de son album.
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