A moins de vivre sur une île déserte, d'être sourd ou malentendant ou d'avoir migré avant l'heure en terres stellaires, vous avez forcément entendu parler de Sixto Diaz Rodriguez. En effet un film où l'intéressé tient son propre rôle lui a été consacré en 2012, et l'homme a depuis quitté cette lose persistante qui comme pour nombre de ses semblables folkeux semblait le poursuivre invariablement depuis des décennies.
L'artiste a enregistré deux Zénith et une Cigale archi bourrés à son nom, tout un chacun rend hommage à son savoir-faire dont le monde, c'est égal, a failli être privé ; un nouvel et 3ème album est d'ores et déjà annoncé.
Alors que le rythme des sorties s'accélère, le denier Lp de DJ Koze s'impose déjà comme l'un des poids lourds de ce début d'année. Pour les lecteurs réguliers de Dodb, le pseudonyme de ce producteur allemand ne leur est pas totalement étranger. On se souvient de la chronique de l'excellent Reincarnation, cette compilation de ses meilleurs remixes, ou encore de ses nombreux autres maxis. Stefan Kozalla, de son nom, a en effet largement contribué à insuffler un peu de nouveauté, de fraicheur et d'invention à la scène électronique allemande qui ne cessait de se retourner sur les succès qui ont contribué à ses lauriers. Si la recherche et l'expérimentation sonore s'inscrivent parmi les maîtres-mots du producteur, ce dernier a eu le génie d'ajouter une forte dimension ludique à ses productions. Lorsqu'il compose, Stefan Kozalla s'amuse. Et cela se ressent. Et s'il n'évacue pas totalement une certaine gravité et hauteur conceptuelle liée à cette recherche et à la construction de ses morceaux, le producteur a également appris à ne pas se prendre trop au sérieux. Une qualité, on en conviendra, qui n'est pas à la portée de tout-un-chacun.
Yo La Tengo c’est la famille. C’est le groupe dont on n’attend plus grand-chose mais qui continue de nous surprendre. C’est surtout le musée vivant de l’indie rock 90’s. Qui peut aujourd’hui se targuer d’afficher plus de 25 ans de carrière au compteur sans la moindre vague, le moindre split, le moindre come-back ? Eux sont toujours là, et il ne semble s’être écoulé qu’une seconde depuis 2009 et le dernier album en date, Popular Songs, d’ailleurs excellent. Aujourd’hui c’est Fade qui sort, 15ème (?) album du groupe, et il sera dur de trouver quelqu’un pour en dire du mal.
Une petite plongée dans la new wave défricheuse du début des 80's. Inaugurant la mode des duos electro pop avec par exemple leurs compères de Jad Wio ou Metal Urbain / Doctor Mix, Kas Product est cette improbable paire entre l'américaine Mona Soyoc et son acolyte Spatz, ex infirmier HP reconverti expert bidouilleur programmateur, à la commande d'affolants claviers.
Comment pouvait-on être déçu par un disque dont on n'attendait rien ? Car c'est peu de dire qu'en 2013 on les avait oubliés nos chers My Bloody Valentine - définitivement le nom de groupe le plus cool qui soit.
Durant son hiatus il y avait bien ici où là un fan aux aguets lorsqu'un Kevin Shields sorti de sa torpeur pondait soit un remix pour Primal Scream, soit un morceau pour un soundtrack de Sofia Coppola, voire accompagnait sur scène telle sommité indé.
On ne cesse en ce moment de nous assommer sur le manque de créativité des formations musicales actuelles. De ces revivals qui miment les productions d'il y a dix ou vingt ans et minent aujourd'hui l'innovation sonore. Si je ne suis pas plus friand d'expérimentation débridée jusqu'au-boutiste, de déstructuration totale et de remise à plat des acquis musicaux que de réaction musicale forcenée, je suis porté à croire qu'un bon biberonnage aux valeurs académiques a cet atout principal d'être formateur. Cela permet de mieux connaître les structures, le cadre d'un genre particulier, afin de mieux s'en détacher. Mais surtout, d'avoir les capacités de pouvoir isoler, apprécier puis relier les essences et les messages qu'ont voulu faire passer les auteurs. Ce qui est le cas de d'un grand nombre de productions électroniques du moment, vaut également pour nombre d'autres styles musicaux, de la pop en passant par le hip-hop.
Une petite virée hype dans les tréfonds de l'esprit tourmenté de Syd Barrett, ça vous dit ? Revenu aux affaires sous les traits d'un frêle et discret batave -comme Outsiders, comme Q65, chouette !- il est difficile en effet de ne pas songer au lunatic des soirées art-school psychédéliques londoniennes, à l'écoute de ce debut.
Pour l'esprit et le parti-pris rêveur mais aussi et notamment sur "The Ballad of Little Jane", où le phrasé est absolument identique.
Comme c'est souvent de mise, il faudra s'attendre à bouffer de ce jeune hollandais. Ce disque était destiné faire le buzz des Inrocks, Télérama, de partout ; comme on bouffa naguère des hipsters surfaits de MGMT. Mouais......
Il est préférable d'évoquer au sujet du jeune Jacco Gardner qui lui aussi compose et joue de tout, une sorte de version néerlandaise de Kevin Parker des Tame Impala, qui dans une version plus éthérée et moins saturée, aurait pu s'enticher de ces délicats entrelacs de guitare et giclées de Mellotron flûte et violons.
S'il ne s'était fourvoyé pitoyablement dans le disque bobo dépourvu de chansons de Melody's Echo Chamber, abominable et interminable fourre-tout vaguement rétro, qui a mis votre serviteur très en colère !
Ici, il sera bon de regretter oui ! les basses Hohner pincées de Stereolab ou de Broadcast, on ne se privera pas de louer la Leslie du choeur de "Summer's Game", le clavecin présent un peu partout, car cette fois, les chansons sont bien au rendez-vous : de "Clear the Air" où Syd -impossible de ne pas l'avoir constamment en tête- se serait invité sur le tapis musical et chatoyant jadis déroulé par Air, "Cabinet of Curiosities", curieux et perturbant instrumental, "The One Eyed King", très beau morceau baroque, à peine plus enlevé que les autres, la douce valse "Watching The Moon", l'ensorcelante "Puppets Dangling", on en passe et des aussi brillantes.
Alors c'est vrai que l'on pourra justement renâcler à une certaine uniformité due à l'obsession vintage du bonhomme, un ensemble où parfois se distinguent difficilement certaines chansons entre elles, un timbre de voix peut-être encore trop prisonnier de la production pour véritablement s'affirmer.
On ne boudera cependant pas notre plaisir à écouter de vraies chansons, finalement un des seuls plaisirs véritables ces jours-ci.
En bref : il a 20 ans, est hollandais et joue de tout. Jacco Gardner gagnera à affirmer une personnalitépour l'heure encore empreinte de Roger le fou ; maison ne manquera pas de saluer le coup d'essai pop nostalgique. Et revenir en deuxième semaine pour mesurer les progrès accomplis.
Earth Energy Pt. 1 est un Ep dont le genre ne se porte guère à une large diffusion. Sorti en fin d'année dernière, je n'avais encore jamais entendu parler de 2DeepSoul, encore moins de sa maison d'édition espagnole, Minuendo. Après écoute, je dois dire que je partage en de nombreux points leurs manières de concevoir la musique électronique. De celle qui s'écoute et s'apprécie l'après-midi sans même que l'on y fasse attention. Au calme et en toute sérénité. Deuxième sortie pour le duo composé de Brad Peterson et Rai Scott, les deux protagonistes viennent d'horizons différents. Le premier est américain alors que la deuxième est anglaise. S'ils débutent au début des années 90, la tessiture du paysage musical de cette décennie les marque fortement. Avec quelques petites différences qui caractérisent leur éducation musicale, on retrouve les canons habituels de la house de Chicago, de la techno de Detroit et de l'electronica anglaise dans leurs influences.
Foule de quadras et de quinquas vendredi soir à l'Espace Julien, mais pas seulement ! Tout ce que la cité Phocéenne et ses environs compte de fans de rock attitude et obsédés de légende est bien au rendez-vous de l'une des dates de la tournée Shifty Adventures in Nookie Wood de l'un des deux grands gallois du rock and roll - l'autre étant Julian Cope, est-il besoin de le préciser....
C'est dans une fin de
journée hivernale que j'ai rencontré le groupe Orties dans un café
parisien. Projets de deux étudiantes des beaux-arts, ce groupe est pour elles l'occasion de mêler leurs obsessions artistiques ( musique, vidéo, performance) et féministes. Journée promotion oblige, le duo Kincy et Antha accumule
les interviews. Mais peu importe. Les Orties n'ont de cesse de parler
de leur album Sextape (qui
sort le 20 février chez Nuun Rec), cette « colonne
vertébrale » agitée par le sexe, les corps, la vie.
Avec trois albums à son actif, Eugene McGuinness attire déjà des admirateurs fin connaisseurs de son oeuvre. Et, en effet, ce jeune anglais a les qualités requises pour susciter un tel intérêt. Une distinction raffinée, un physique des plus charmeurs, une voix grave qui entoure le public, et un réel sens du songwriting et du rythme, un tel ensemble en une seule personne ne peut être que le compagnon idéal pour ce concert du début d'année.
Belfort, ma cité-mère, mini-Sheffield
fantasmé de carton-pastel, pourtant solidement ancré entre les champs de
l’impossible, berceau de métal où la technique est maîtresse, c’était si
évident. Que je vienne voir Motorama en ton sein, pourquoi aurais-je attendu la
date parisienne ? Car leur Calendar
me passionne depuis plusieurs mois déjà, malgré le scepticisme des premiers
jours. Qui me faisait dire : comment, écouter un énième groupe rejouer les
motifs new wave pourtant maintes fois et inlassablement reproduits au cours de
cette dernière décennie ? Mais vous n’y pensez pas, Talitres, après tant
de disques et de concerts de fades groupes revivalistes, j’avais presque décidé
d’abandonner le genre !
Nous n'avions pas encore évoqué le cas Florian Müller Project dans les colonnes de Dodb. Pourtant, ce discret producteur de deep house du sud de la France le méritait amplement. Avec déjà deux LP et une petite poignée d'EP à son actif, il n'a pour l'instant pas encore fait le moindre faux pas. S'il produit régulièrement depuis 2009, Florian Müller ne compte pas en rester là. Son dernier EP, Just For Fun, sorti sur le label Nowar - à qui l'on doit notamment l'excellent EP Light Is Here de Leonid Nevermind, s'inscrit brillamment dans la veine que le jeune producteur continue d'exploiter. Une deep-house dont les influences se réfèrent à ses héros de Detroit, Chicago ou de New-York. Celui qui se définit volontairement comme un "house lover" concède volontiers à sa musique une couleur nostalgique et mélancolique qui comprend de fortes références au jazz et au blues.
C'est à ce jour l'une des plus importantes et des plus volumineuses anthologie de la musique populaire américaine. Publiée dans une première édition, il y a maintenant plus de 60 ans, elle concentre dans six albums pas moins de 84 morceaux de folk, de blues et de musique country. C'est également et surtout une invitation de premier choix pour (re)découvrir les racines profondes de ce brassage culturel et musical qui a pu germer de ce terreau nord-américain. Une terra nova chargée de promesses, d'accomplissements et de désillusions pour tous ceux qui se sont embarqués dans cette traversée de l'Atlantique. Car c'est bien de la terre dont il est question. De ses hommes et de ses femmes qui ont contribué à sa découverte et à sa conquête. D'histoires quotidiennes et ordinaires. De destins infimes et foncièrement humains.