Avec trois albums à son actif, Eugene McGuinness attire déjà des admirateurs fin connaisseurs de son oeuvre. Et, en effet, ce jeune anglais a les qualités requises pour susciter un tel intérêt. Une distinction raffinée, un physique des plus charmeurs, une voix grave qui entoure le public, et un réel sens du songwriting et du rythme, un tel ensemble en une seule personne ne peut être que le compagnon idéal pour ce concert du début d'année.
Mais avant Eugene McGuinness, c'est le groupe rouennais Gordon Melon qui reçut la charge de la première partie du concert. Ce trio de power-rock ne paraissait pas se satisfaire de la torpeur corporelle créée par le froid hivernal. En huit titres, leur set ne laissa gère de répit au public car leur combinaison guitare-basse-batterie est idéale pour ce concentré d'influences déchaînées qu'ils sont encore selon leur dire. Peut-être assistons-nous ici à un concert de transition puisque ce jeune groupe, qui a déjà beaucoup tourné sur les scènes normandes, veut maintenant se lancer dans un parcours professionnel et acquérir un style qui lui est propre. Si des titres comme "Get Better", issu de leur premier EP de 2009, s'inscrivent encore dans un rock très jalonné, "Celestial" dénote une maîtrise beaucoup plus aigue du rythme, et la voix a aussi pris de l'assurance entre temps. Lorsqu'un groupe délaisse la rudesse initiale pour gagner en intensité, c'est le signe qu'il a atteint sa maturité. C'est cette mise à l'épreuve de leur nouvelle étape musicale qui signera sans faillir l'ambiance adéquate avant le nerf tant attendu de la soirée.
Ce nerf, ce n'est autre que Eugene McGuinness qui, après avoir accompagné Miles Kane comme guitariste durant sa tournée, a sorti en 2012 chez Domino Records son troisième album: The Invitation To The Voyage. Cette album explore toute une palette de registres, de la pop, à un rock plus indie. Avec un art maîtrisé de la mise en scène, la présentation de cette diversité fait alterner des morceaux qui mettent en avant sa voix à la fois profonde et suave, une voix qui n'est pas sans rappeler celle de l'illustre Morrissey, avec des morceaux plus rock. Dans les deux cas, les fans sont conquis. Ce rock à la fois entraînant et distingué, voilà ce qui les a nourri durant ce concert. Avec ce troisième album, Eugene McGuinness a pu enchaîner sur scène des titres quasiment tous éligibles au rang de tubes comme Thunderbolt, Sugarplum, et le final jazzy de Shotgun, sans oublier des morceaux aussi doux que Those Old Black And White Movies Were True issu du second album. Nul doute que cette voix et ses mélodies tomberont difficilement dans l'oubli dans les prochaines années.
0 Comments:
Post a Comment