26 mars 2013

Rhye - Woman (2013)

Dans le creux d'une hanche la musique de Rhye semble s'écouler, glissante sur la peau, Woman ne se lasse pas d'exhiber une sensualité à fleur de peau,  promesse de caresses auditives pour le moins troublantes. Ou quand la musique parvient à se dénuder de la sorte, il devient difficile de résister à ses charmes.


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22 mars 2013

Atoms For Peace - Amok (2013)

Amok définit le premier véritable album du groupe Atoms For Peace, formé naguère en 2009 durant la tournée de concerts accompagnant le projet solo de Thom Yorke, The Eraser. Plus que la réunion d'artistes ayant collaboré avec bon nombre de groupes emblématiques issus de ces 25 dernières années, des Red Hot Chili Peppers à R.E.M, Atoms For Peace traduit l'expression d'un esprit qui n'a eu de cesse de repousser le champs de son expression musicale, et ce, depuis un certain Ok Computer paru il y a quinze ans… Car avant d'être un disque estampillé Atoms For Peace, Amok doit se comprendre comme le prolongement d'une pulsion chronophage, émergée des entrailles du leader de Radiohead, dont l'appétit musical semble décidément insatiable. 


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19 mars 2013

Songs: Ohia - Lioness (2000)

Jason Molina (1973-2013)

Quand la nouvelle est tombée hier après-midi je n’y ai pas cru. Jason Molina n’est plus. J’ai ressenti la même sensation qu’avec Vic Chesnutt ou Sparklehorse il y a peu. Ces "meilleurs" qui partent les premiers et qui nous laissent en héritage des disques à se repasser en boucle pour ne pas oublier. Là encore on pouvait s’y attendre. En 2011 sortait ce communiqué : sujet à l’alcoolisme, Jason Molina devait suivre un traitement médical que son absence d’assurance maladie (USA ce doux pays) lui empêchait de suivre. Son label de toujours, Secretly Canadian, et quelques fans ont mis la main à la poche. Ca n’a pas suffit et retiré dans une ferme en Virginie Occidentale, Molina s’est éteint sans atteindre la barre des 40 ans.


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16 mars 2013

Don Cavalli - Temperamental (2013)

Cinq ans, c'est long pour sortir son second album. Surtout après Cryland, un premier disque d'une grande qualité encensé par les critiques. Cinq ans, c'est court quand on a la vie devant soi. Et qu'on veut élaborer un Temperamental dont on peut être fier. 
 
Tempérament et mental, tempéramental. Un mot-valise qui résume l'art de Don Cavalli. Un blanc qui cultive un goût explicite pour la musique noire. Du gospel au blues et au funk, mais la liste ne s'arrête pas là, Don Cavalli rassemble les genres, les rassemble pour créer le sien, un genre-valise en fin de compte.
 
Tempérament et mental. Ils en faut pour faire un tel album. Un album intelligent, qui passe subtilement d'un style musical à un autre, mais qui n'a pas honte d'être accessible, de jouer autant sur la vie du corps que sur la sensiblerie.


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13 mars 2013

Baby Guru - Pieces (2013)

Si le psychédélisme a une affinité évidente avec l'ivresse, il était naturel pour lui de trouver un terrain d'accueil des plus fertiles sur le sol grec. Terre du dieu Dionysos, ce pays est des plus propices pour les mélanges musicaux les plus inouïs comme ceux expérimentés par le jeune groupe Baby Guru. Après trois ans d'existence, ce trio athénien sort un second album en cultivant un héritage issu autant du groupe Can que de Syd Barrett. Les puristes du psychédélisme seront sans doute déçus à l'écoute de l'album, des sonorités rock ou afro  bouleversant en effet les lois du genre. Les autres ? Ils s'enivreront au gré de leur fantaisie dans chacun des treize morceaux de l'album.


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11 mars 2013

The Greg Foat Group - Girl And Robot With Flowers (2012)

Pour tous ceux qui réduisent le jazz au bebop ! Des noirs s'emparant des instruments de fanfare abandonnés par les armées sudistes, Greg Foat reprend le geste, et s'empare de son Hammond et des BO groovy françaises à la Georges Garvarentz, Jean Pierre Mirouze et compagnie, avec un zeste de SF et de space music, s'il vous plaît. Greg Foat appartient bien au champ jazzistique, pour reprendre la formule rigoureuse d'Alexandre Pierrepont, famille "musiques improvisées".

Anglais londonien, originaire de l'île de Wight, Greg Foat cultive une certaine distance vis-à-vis du modèle américain, tout style confondu, que ce soit le néo bop, ou le post free passionant de la scène "Downtown" New-Yorkaise, où s'hybrident librement Ornette Coleman et Sonic Youth, musique Klezmer, hardcore japonais et noise rock.


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06 mars 2013

S3A (Sampling As An Art) – Holdin’ On EP (2012)

Je me demande comment j'ai pu passer à côté. S3A (Sampling As An Art) est pourtant le genre de projets pour lesquels mes alarmes se mettent à fonctionner dans l'instant. C'est vrai, il est encore question d'une énième dernière trouvaille électronique. Mais cette actualité a la qualité d'être à la fois très parcellaire et très rapide, il est alors assez courant de se laisser dépasser par les événements. Max Fader est dans le genre plutôt isolé. Ce producteur parisien ne semble affilié à aucun groupe et se fait plutôt rare en live. Ce qui est étonnant, c'est qu'il a pu se constituer dans son coin un petit arsenal de destruction massive. Des tubes qui pourraient bien avoir une puissance de feu fictionnelle équivalente au .44 Magnum de l'Inspecteur "Dirty Harry" Callahan… Musicalement parlant, s'entend.


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04 mars 2013

Nosaj Thing - Home (2013)

Avec Home, Jason Chung, le producteur californien de musique électronique et initiateur du projet Nosaj Thing, signe son deuxième album, quatre années après la parution de Drift. Un second essai qui tente de cristalliser moultes aspirations toujours aussi alambiquées, portant la bulle d'un artiste à la surface de cet océan sans fond, que représente la musique électronique expérimentale. Habitué aux collaborations prestigieuses et aux remix tout azimut (Flying Lotus, Daedelus, Radiohead) le californien daigne donc se lancer dans la construction d'un album. Un exercice qui stipule généralement des règles strictes pour que l'élaboration de fragments musicaux perdus çà et là, puissent se joindre et faire sens. Une opération pas si évidente, pour un esprit fertile et pourtant rompu à ladite production musicale. 


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01 mars 2013

Daniel Darc - Nijinsky (1994)

                 Daniel Rozoum, avait finalement rompu face à celle qui lui faisait regretter dans la tendre 'Les Voeux de Bonne Année" de son ultime album (La Taille de mon Âme - 2011), que ses amis étaient chaque année moins nombreux à fêter.

Notre homme semblait avoir le vent en poupe suite aux éloges ayant salué son dernier brelan d'albums et souhaitait  rattraper "le temps perdu par ces fichues années de dope", espérant se montrer enfin plus prolifique à l'image de ses héros Bob Dylan, Johnny Cash et Neil Young,  qui n'avait sorti que 6 albums solo en quelque 25 ans, avait fini par être rattrapé par ses vieux démons, et avait été retrouvé mort à son domicile.


 Affleurent moult souvenirs : les années Taxi Girl bien sûr, ce mythique concert du Palace en première partie des Talking Heads, où Daniel s'était tailladé les veines avec un cutter, traumatisant un public qu'il souhaitait voir sortir de sa torpeur, celui de ce petit bonhomme (il était vraiment minuscule) les bras pas encore noircis de tatouages. cet artiste dont l'humilité et la culture étaient invariablement proportionnels à la morgue destroy qu'il affichait volontiers en interview ("Iggy est une star, je suis une star, les gens le savent, les autres le sauront").

Point de namedropping envahissant où de prétention dans les actes pour ce dandy qui savait se révéler passionnant en interview (conversation fleuve avec les Inrocks en 89, moult entretiens chez Rock & Folk, et récemment une confession magnifique dans les pages de Mojo), se montrer un chroniqueur prolifique et inspiré (ses géniaux portraits dans l'ancienne revue Best de personnalités qu'il adorait dont Coltrane) ; ses mots à la fois simples et touchants distillés dans une poésie facilement accessible.

Ami des musiciens nationaux qui comptent ou ont compté (Christophe, Bashung), Darc avait connu une carrière solo plus qu'erratique, née d'après lui sur une face B de Taxi Girl (l'émouvant "Je suis Déjà Parti"), puis lors d'un premier album Sous Influence Divine (88), d'un joli disque à quatre mains avec Bill Pritchard (Parce Que) : et avait pour les raisons déjà évoquées connu une grande traversée du désert ponctuées de quelques collaborations (Diabologum, Daho, Alizée) jusqu'à la révélation protestante, cette foi qui allait allier le mysticisme (comme Dylan et Cash avant lui d'ailleurs) au bonheur d'une créativité retrouvée (Crevecoeur - 2004), de collaborations quelque peu décevantes avec Bashung et Robert Wyatt pour Amours Suprêmes (hommage à qui vous savez en 2008), et le génial La Taille de moi Ame qui le voyait il y a deux ans, agenouillé extatique sur un autel.

Presque rien jusqu'à cette ultime salve si ce n'est Nijinsky paru dix ans plus tôt, album à la pochette magnifique qui le dépeint assez bien "clown de dieu" funambule et hébété ; il ne ferait presque jamais mieux que cette superbe collection de chansons. Où déjà il pose les bases de ce qui deviendra sa marque de fabrique : une instrumentation dépouillée, l'usage d'un harmonica devenu son instrument fétiche, de la pop à guitares virant peu à peu vers une chanson à la Bashung, recueillie, usage des cordes, folk,  musique limite concrète en ce qu'elle renierait bientôt tous les canons de la mélodie, en dehors des simples ("Nijinsky", "La Pluie Qui Tombe", "Je Me Souviens, Je me Rappelle", "J'irai Au Paradis", "C'est Moi le Printemps").

Sur ce 3ème long format, la vraie personnalité de Darc affleure et donne un sens à son oeuvre future, qui privilégiera l'épure confinant parfois à l'ascèse, la sécheresse. Ce même dénuement qui avait fait tant regretter à Daniel qui ne chantait parfois plus que dans un souffle (sans doute l'inspiration Gainsbourgienne) la production parfois luxuriante des claviers sur certains des (meilleurs) disques de Taxi Girl.

Mais un dénominateur commun dans tous ces titres, dont chaque premier vers pourrait tenir lieu d'épitaphe : une poésie à fleur de peau qui atteint son sommet dans des morceaux plus cabaret ou intimistes tels "Le Feu Follet", "Haute Surveillance" ou le magnifique "Il y a Des Moments".

Darc qui préparait son autobiographie, avait encore beaucoup de belles choses à délivrer ; pour notre malheur, la Faucheuse en a décidé autrement.



En bref : album d'une première renaissance artistique, Nijinsky marque les vraies débuts de la personnalité musicale de Daniel Darc. Et offre au détour de mots simples et touchants de superbes et dépouillées compositions qui seront désormais sa marque de fabrique.



le site

"Sur La Route"


"Il y a Des moments"

"Haute Surveillance"

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