Pour tous ceux qui réduisent le jazz au bebop ! Des noirs s'emparant des instruments de fanfare abandonnés par les armées sudistes, Greg Foat reprend le geste, et s'empare de son Hammond et des BO groovy françaises à la Georges Garvarentz, Jean Pierre Mirouze et compagnie, avec un zeste de SF et de space music, s'il vous plaît. Greg Foat appartient bien au champ jazzistique, pour reprendre la formule rigoureuse d'Alexandre Pierrepont, famille "musiques improvisées".
Anglais londonien, originaire de l'île de Wight, Greg Foat cultive une certaine distance vis-à-vis du modèle américain, tout style confondu, que ce soit le néo bop, ou le post free passionant de la scène "Downtown" New-Yorkaise, où s'hybrident librement Ornette Coleman et Sonic Youth, musique Klezmer, hardcore japonais et noise rock.
Pour l'essentiel de ce deuxième LP, Foat part d'un thème qu'il reprend d'une BO (d'ailleurs géniale) de Michel Legrand, The Thomas Crown affair, en extrait quatre notes étirées, qui forment la trame harmonique de toutes les improvisations. A travers six variations numérotées, sont explorées les richesses harmoniques de ce thème, avec mise en place à chaque fois d'un groove et d'un tempo différents. C'est bien ce plaisir de la sonorité et de la surprise qu'on retrouve sur ces six variations, où l'on passe d'une trompette languide dans les mediums à un vibraphone sautillant, d'une basse électrique claquante à un Hammond trépidant.
On trouvera aussi deux autres variations dans un registre "Space music" : "Have spacesuit will travel", qui nous font traverser mille galaxies au rythme de boucles arpégées qui feraient vibrer un Etienne Jaumet ou un Sun Ra (sur leur "rocket number 9", of course). "Nous venons de nulle part, pourquoi n'irions nous pas ailleurs", disait Sun Ra. L'île de Wight, c'est un peu nul part, non ?
Foat aime quand même l'épure acoustique, avec ce premier morceau d'une beauté désarmante : "For a breath I Tarry", pour quartet piano-basse-batterie-trompette. Ou avec ce blues lent et raffiné, "Blues for Lila", où l'on entend l'influence du maître vénéré de notre homme, Gordon Beck, et son jeu debussyen. Debussy have the blues !
En Bref : Une excellente galette pour emmerder votre vieil oncle un peu réac qui a une idée très arrêtée de l'essence éternelle du jazz. Une grande variété de timbres et beaucoup d'espace pour l'improvisation.
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Pour la référence :
Et pour le plaisir :
2 Comments:
C'est bon ça !
figure toi que c'est un disquaire de ma connaissance qui m'a fait découvrie ce disque..
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