Oui, American Twilight
est le premier album de Crime & The City Solution depuis plus de
20 ans. Mais s'il s'agit bien d'une reformation (augmentée de Jim
White et de David Eugene Edwards), le groupe de l'australien Simon
Bonney ne nous avait jamais vraiment habitué à une existence
continue. Après Sydney et Melbourne à la fin des années 70, et
Berlin au milieu des années 80, la formation reprend du service
maintenant à Détroit. Groupe par conséquent cosmopolite, Crime &The City Solution nous offre donc ici un crépuscule américain.
Ce retour était-il
nécessaire ? Ou ce groupe issu de la scène post-punk
n'aura-t-il pas succombé lui aussi à la mode des reformations ?
Dès l'écoute des huit
titres proposés le verdict est sans faille. Cet album était
nécessaire, aussi nécessaire que le nouveau Nick Cave. Et des
titres comme le somptueux final "Streets Of West Menphis"
ont une proximité des plus troublantes avec l'univers de ce
compatriote de Simon Bonney.
Le ton est donc donné, il s'agira d'un rock à la fois tendu et raffiné, d'une musique sublimée par une voix maîtrisant toute sa puissance.
Le ton est donc donné, il s'agira d'un rock à la fois tendu et raffiné, d'une musique sublimée par une voix maîtrisant toute sa puissance.
Une fois n'est pas
coutume, partons de ce final pour parcourir l'album à l'envers. Nous
arrivons alors au titre éponyme "American Twilight".
Un titre inquiet, une véritable course où le chant semble se
détacher régulièrement des instruments pour former un duo assez
troublant.
En fait, l'étrangeté de
ce titre est sans doute liée à sa place dans l'album. Placé dans la
seconde partie, il est en contraste avec les autres titres de cette
partie plus calme. Des titres plus sensibles, dans lesquels la voix
de Simon Bonney transperce notre âme ("Beyond Good And
Evil") ou se livre à un dialogue quasi amoureux avec un chœur ("Domina").
Il ne nous reste plus qu'à parler du début de l'album. Il paraît
étonnant de ne pas encore l'avoir mentionné. En effet, dès les
premières secondes le choc de "Goddess" est
inoubliable. Telle une musique de western, le groupe se livre à une
ruée sans concession, formant un mur sonore qui étouffe le chant.
Et finalement, c'est tout le paradoxe de l'album : ce passage si
harmonieux entre une musique rock où prédomine la section rythmique
pour laisser place au mouvement, à l'inquiétude et un chant à la
profondeur si évocatrice, si propice aux émotions.
En bref: un retour très appréciable de ce groupe culte. Tel un bijou finement ciselé, l'album s'écoute sans ménagement, livrant à chaque fois tension et émoi du cœur.
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