Andrews Finn n'a plus à
s'inquiéter du succès de son groupe The Veils. Avec leur quatrième
album Time Stays, We Go,
son groupe a gagné son ticket d'entrée pour n'importe quel Olympe
de la musique qui pourrait exister. Entre l'Angleterre et la
Nouvelle-Zélande, Andrew construit peu à peu avec The Veils son royaume musical. Et si le groupe ne produit pas à un rythme effréné, ce
n'est aucunement un signe de paresse ou de maladie stérilisante. C'est
au contraire parce qu' Andrew se donne le temps de trier toutes
les compositions qu'il crée inlassablement entre chaque album comme
ce fut à nouveau le cas entre Sun Gangs sorti
en 2000.
Malgré
ses qualités, Sun Gangs souffrait d'un manque d'unité, entre folk, pop, rock, la
volonté d'explorer différents horizons réduisant la marque de The
Veils à la seule voix d'Andrew. Rien de tel dans l'album que le
groupe vient d'achever. La tonalité rock y est dominante, même si
elle est ensuite constamment travaillée de l'intérieur par des rythmes
folk, pop et même country. Cette corrosion interne n'est pourtant plus
une dislocation de l'ensemble, mais une maturation, un
enrichissement.
Difficile
de décrire un tel album. La première écoute ne produit sans doute
pas un choc inoubliable. On écoute l'album avec plaisir avant de
passer à autre chose, peut-être même en fond sonore. Mais peu à
peu, l'effet se produit. Time Stays, We Go
raconte bien la victoire du passage du temps dans un rock intense, à la limite
de la mélancolie, et surélevé par le chant mélodieux d'Andrew. Un
rock issu du désert californien où a été enregistré l'album, et
d'où il tire cette spiritualité des anciennes tribus indiennes.
"Through The Deep, Dark Wood" est le symbole de l'angoisse qui travers l'album. Avec "Dancing With The Tornado", c'est le morceau le plus énergique, peut-être le plus classique aussi, même s'il offre une pop-rock très efficace. Plus torturé, "Dancing With The Tornado" entre en résonance avec un autre chanteur issu des lointains espaces de l'Océanie, Nick Cave. Mais puisque notre parcours a déjà rompu avec l'ordre naturel des morceaux avec "Dancing With The Tornado", il est sans doute nécessaire d'évoquer ici "Turn From The Rain". Jouant à nouveau avec les éléments, laissant derrière elle la terreur précédente, cette ballade, telle une bulle sonore dans l'album avec "Another Night On Earth", donne un air de légéreté déconcertant.
Le reste de l'album : autant de réussites qui invitent aussi bien à la mélancolie qu'à la rêverie. Les morceaux créent un dialogue entre le rythme qui s'infiltre en nous à la façon d'une ritournelle et le chant d'Andrew. Que ce soit par le rythme produit par le jeu des percussions dans "Train With No Name" ou par la guitare acoustique dans "The Pearl", ils construisent un espace sacré pour laisser la voix dans une entière solitude ("Candy Apple Red") tout en possédant une richesse qu'une écoute répétée semble incapable de tarir.
En
bref : Un des grands albums rock de l'année, qui sera sans
doute trop méconnu car sans l'éclat, l'évidence capable de renverser les foules.
Mais en échange nous y gagnons une pureté qui ravira les plus exigeants d'entre nous.
Site internet: The Veils
2 Comments:
Bon, j'en étais resté au premier album. Je vais m'y remettre.
Génial ce son !
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