Cinq années. Cinq années
ont passé depuis le dernier album de Nick Cave & The Bad Seeds,
Dig, Lazarus, Dig! Et
pourtant, nous avons tous l'impression que la voix de ce chanteur n'a jamais
quitté nos habitudes musicales. Voix reconnaissable dès les
premiers mots de "The Mercy Seat" (issu de Tender Prey)
ou de "Where The Wild Roses Grow" (issu de Murders
Ballads).
Pourtant,
la carrière de Nick Cave est tout sauf un chemin bien tracé. Issu
de la scène australienne post-punk, ce musicien n'a cessé de
multiplier les collaborations et autres projets musicaux,
cinématographiques et littéraires. Chanteur, compositeur,
scénariste, écrivain, acteur, ce dandy gothique n'en finit pas de
cultiver une atmosphère sombre, crépusculaire, réunion insolite
entre l'estime que lui porte la scène gothique et celle du
grand-public.
Cet
album marque pourtant une évolution dans la sensibilité du chanteur.
Avec Dig, Lazarus, Dig !
et les deux albums de son groupe Grinderman, Nick Cave a voulu
revenir à un rock énergique que son image de crooner et son goût
pour les origines de la musique américaine ont eu tendance à
éloigner de son territoire. Preuve qu'il n'a rien perdu du
bouillonnement de sa jeunesse. Entre temps, son ami d'enfance, Mick
Harvey, quitte les Bad Seeds pour continuer sa carrière solo sur un
mode plus contemplatif avec Four (Acts Of Love)
sorti cette année.
Nick
Cave n'a plus à montrer son talent. Quand on écoute une première fois Push The Sky Away, on
reconnaît immédiatement ce timbre, ces mélodies, ce mélange
sensuel de douceurs et de ténèbres. Pourtant, écoute après
écoute, on se dit que Nick Cave a peut-être atteint sa pleine
maturité. Il n'a plus besoin de délaisser l'instrumentation rock
pour laisser aller son lyrisme. La synthèse de ses deux voies est
enfin accomplie.
Comme
toujours les albums de Nick Cave sont pensés comme un véritable
parcours. Le trois premières titres nous plongent dans une ambiance
angoissante. Une tension que viendra dissiper le cycle ouvert par le
majestueux "Jubilee Street", sans doute le sommet de
l'album avec l'harmonie entre guitare, violon et voix. C'est dans
cette douceur retrouvée que Nick Cave pourra nous offrir "Mermaids" et "We Real Cool", deux
morceaux lents et contemplatifs avant que "Finishing Jubilee
Street" clôture cette séquence en introduisant les voix
féminines qui reviendront à la fin de l'album. Mais avant, l'amour
du chanteur pour les bas-fonds de la musique américaine rejaillit
dans la bien nommée "Higgs Boson Blues", blues moins
par la guitare que par la fêlure qui accompagne le chant.
Il
est alors temps de quitter cet album. Le morceau éponyme "Push
The Sky Away" nous y aidera avec ce choeur féminin si
évocateur d'un chant céleste.
En
bref : Nick Cave fait ici son grand retour. Sans atteindre
l'énergie des albums de son autre groupe, Grinderman, l'australien
atteint la parfaite maîtrise d'un rock à la fois doux et torturé.
6 Comments:
A noter que ce très bel album a été enregistré dans un studio-mas de St Rémy de France !
Et un rocker de plus à officier chez nous, un !
Vu récemment les images de Nick Cave à Glastonbury, et ce fantastique "Jubilee Street", appelé à devenir un classique !
St Rémy de Provence, vous aurez rectifié !
Super disque, l'un de mes préférés de Nick Cave depuis longtemps..
C'est quand Nicky se fait doux qu'il est à son meilleur !
je partage votre enthousiasme
le son de cet album donne la chair de poule
Nick rules !
What else...
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