29 juillet 2013

Nick Cave & The Bad Seeds - Push The Sky Away (2013)

Cinq années. Cinq années ont passé depuis le dernier album de Nick Cave & The Bad Seeds, Dig, Lazarus, Dig! Et pourtant, nous avons tous l'impression que la voix de ce chanteur n'a jamais quitté nos habitudes musicales. Voix reconnaissable dès les premiers mots de "The Mercy Seat" (issu de Tender Prey) ou de "Where The Wild Roses Grow" (issu de Murders Ballads).

Pourtant, la carrière de Nick Cave est tout sauf un chemin bien tracé. Issu de la scène australienne post-punk, ce musicien n'a cessé de multiplier les collaborations et autres projets musicaux, cinématographiques et littéraires. Chanteur, compositeur, scénariste, écrivain, acteur, ce dandy gothique n'en finit pas de cultiver une atmosphère sombre, crépusculaire, réunion insolite entre l'estime que lui porte la scène gothique et celle du grand-public.

Cet album marque pourtant une évolution dans la sensibilité du chanteur. Avec Dig, Lazarus, Dig ! et les deux albums de son groupe Grinderman, Nick Cave a voulu revenir à un rock énergique que son image de crooner et son goût pour les origines de la musique américaine ont eu tendance à éloigner de son territoire. Preuve qu'il n'a rien perdu du bouillonnement de sa jeunesse. Entre temps, son ami d'enfance, Mick Harvey, quitte les Bad Seeds pour continuer sa carrière solo sur un mode plus contemplatif avec Four (Acts Of Love) sorti cette année.

Nick Cave n'a plus à montrer son talent. Quand on écoute une première fois Push The Sky Away, on reconnaît immédiatement ce timbre, ces mélodies, ce mélange sensuel de douceurs et de ténèbres. Pourtant, écoute après écoute, on se dit que Nick Cave a peut-être atteint sa pleine maturité. Il n'a plus besoin de délaisser l'instrumentation rock pour laisser aller son lyrisme. La synthèse de ses deux voies est enfin accomplie.

Comme toujours les albums de Nick Cave sont pensés comme un véritable parcours. Le trois premières titres nous plongent dans une ambiance angoissante. Une tension que viendra dissiper le cycle ouvert par le majestueux "Jubilee Street", sans doute le sommet de l'album avec l'harmonie entre guitare, violon et voix. C'est dans cette douceur retrouvée que Nick Cave pourra nous offrir  "Mermaids" et "We Real Cool", deux morceaux lents et contemplatifs avant que "Finishing Jubilee Street" clôture cette séquence en introduisant les voix féminines qui reviendront à la fin de l'album. Mais avant, l'amour du chanteur pour les bas-fonds de la musique américaine rejaillit dans la bien nommée "Higgs Boson Blues", blues moins par la guitare que par la fêlure qui accompagne le chant.

Il est alors temps de quitter cet album. Le morceau éponyme "Push The Sky Away" nous y aidera avec ce choeur féminin si évocateur d'un chant céleste.

En bref : Nick Cave fait ici son grand retour. Sans atteindre l'énergie des albums de son autre groupe, Grinderman, l'australien atteint la parfaite maîtrise d'un rock à la fois doux et torturé.


6 Comments:

Nickx said...

A noter que ce très bel album a été enregistré dans un studio-mas de St Rémy de France !

Et un rocker de plus à officier chez nous, un !

Vu récemment les images de Nick Cave à Glastonbury, et ce fantastique "Jubilee Street", appelé à devenir un classique !

Nickx said...

St Rémy de Provence, vous aurez rectifié !

Ju said...

Super disque, l'un de mes préférés de Nick Cave depuis longtemps..

Nickx said...

C'est quand Nicky se fait doux qu'il est à son meilleur !

M.Ceccaldi said...

je partage votre enthousiasme
le son de cet album donne la chair de poule

Nickx said...

Nick rules !

What else...