Alors que certains annonçaient leur séparation il y a peu, Thee Oh Sees refait surface avec un album sorti à peine un an après le génial Floating Coffin. Entre électrisme psychédélique et rock sulfureux, les californiens livrent avec Drop un album abrasif, nouvel avorton en série qui succède à pas moins de 9 galettes régurgitées en 7 ans...
On ne change pas une recette qui marche, un adage que la bande de San Francisco semble assez bien supporter, à l'écoute de ce dernier disque balancé comme un cheveu sur la soupe, mais dont l'imprévu fait évidement la force. Maître dans l'art du contre-pied comme sur l'introduction analogique de "Penetrating Eyes", Thee Oh Sees semble adhérer au crédo de la musique automatique, laissant s'échapper avec une vibration sauvageonne des riffs de guitares aux boucles saturées.
Un brin moins punk, l'onde musicale des américains épouse des sphères évidemment éprises des 90's comme sur "Savage Victory", soufflant de ce fait sur les braises refroidies des Sonic Youth ou encore de Brian Jonestown Massacre. A l'origine d'une folk alternative, le son des Thee Oh Sees divague de disque en disque vers un rock garage nébuleux aux influences non fortuites. Si Drop n'entend pas révolutionner un style musical piétiné par de nombreuses formations, il garantira aux Thee Oh Sees de tenir le haut du pavé de la scène garage encore un temps. La clé de cette longévité, des morceaux bricolés sans prises de tête avec la volonté de percuter directement les tympans comme peu en sont encore capables, Ty Segall en tête de liste.
On notera quelques nuances apportées çà et là au grondement échappé de guitares maltraitées comme sur "Transparent World" et sa voix synthétique au rythme monotone, intronisée par un drive de bass qui rase les pâquerettes. Ou encore sur certains élans naturellement californiens que les Dandy Warhols auraient pu revendiquer si les Thee Oh Sees ne possédaient pas en eux ce goût du chaos qui achève toute conduite mélodieuse à la racine.
Au final Drop arrive à se rendre original tout en conservant la verve déglinguée du groupe, induite par l'inoxydable John Dwyer, dans un rythme musical toujours aussi agité et ébouriffé, fuzz supersonique et basse métronomique à l'appui. De plus, quelques virages moins noisy tendant vers l'indie voir l'opéra rock des 60's sur "King's Nose", transportent les Thee Oh Sees sur des terres jusque l'à moins arpentées, ajoutant encore un peu plus de matière à cette odyssée du rock abordée en 2007 avec l'opus Sucks Blood.
En Bref : Avec Drop, Thee Oh Sees provoque une nouvelle vague scélérate sur le paysage du rock. Frais et puissant !
Thee Oh Sees sera en concert à Saint Malo le 14 juillet, à Charleville Mézières le 24 août et enfin le 29 août à Saint-Cloud dans le cadre de Rock En Seine.
"Penetrating Eyes"
"Savage Victory"
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