Ballad Of The Ice signe le premier essai des djs israéliens Dori Sadovnik et Niv Arzi, tous deux installés dans la moiteur de Tel Aviv. Connue pour être une cité au sommeil difficile, la place israélienne tend à sortir nos oreilles de leur léthargie par un parfait mixe des genres. Entre électronique acidulée, ethno-pop mélodieuse, et cold-wave synthétique, difficile de ne pas s'engouffrer dans les entrailles de ce léviathan sonore.
La formule peut sembler audacieuse, elle porte surtout en elle le sceau de la spontanéité. En effet, pondre une première œuvre aux couleurs si bigarrées aurait constitué un écueil pour beaucoup mais par pour ce duo d'Israël. La raison que nous invoquerons est celle du plaisir. Du plaisir à parcourir un arc musical dont les adjectifs sont sans cesse renouvelés, repoussés, à mesure que le paysage sonore dévoilé épouse des senteurs et des photographies d'une variété luxuriante. Du plaisir à recevoir de plein fouet des compositions qui ne tournent pas autour du pot...et qui font rapidement mouche. Du plaisir à penser que cette musique se veut universelle, croisant mécanique des machines et sensualité des instruments.
Une ouverture s'opérant sous la forme d'une bascule entre disco italienne et cold wave "Head Like Glass", laisse envisager la température du disque. Pas question ici de faire dans le cérébral, le son gicle sur la peau avec fracas, les mesures s'enchainant au travers d'une direction mélodique volontairement minimaliste et immédiate. Ainsi se présente la demeure carrée et formatée de "Kick Out You", traversée çà et là par d'heureuses percussions tropicales. Puis surgit "The Watkins", petit bijoux d'instruments vintage aux secousses house vénéneuses. La terre en tremble encore et c'est sans répit que survient la drone burlesque et pachydermique du morceau "Only A Clown Can Catch An Axe", pur instant de décompression...
La suite des événements se veut tout aussi surprenante, repoussant le mélange des genres pour opérer des combinaison improbables. Comme cette pop bossa nova du titre "Papa Sooma" exprimée par l'ex punk brésilien Abrão Levin dont la mélancolie souffle sur les braises d'une nostalgie douce et consumée. Tout simplement désarmant.
Bien que les pistes affichent des clichés musicaux distincts, elles n'enlèvent rien à la contiguïté esthétique de l'album. Car au demeurant de chacune transite ombre et lumière, peur et sueur. De l'équatoriale "Roads To The Hill" aux néons de l'électronique chimique des 90's "Candy" il n' y a qu'un pas. Puis lorsque le soleil rend vraiment l'âme, surviennent des airs crépusculaires, "Dream Like A Tale", ovni brillant de mille feux dans l'encre du ciel. Eblouissant !
En bref : Red Axes délivre avec Ballad Of The Ice un disque presque surnaturel tant il renverse et croise les genres. Une très belle pioche du label I'm a Cliché !
"The Watkins" (clip officiel)
"Papa Sooma" (clip officiel)
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