Si vous me dites qu'aujourd'hui le rock à grosse guitare, c'est mille groupes qui se ressemblent tous et proposent une énième mouture blacksabbathienne rebaptisée "stoner rock", eh bien je vous répondrais que vous avez ... raison ! Alors quand un groupe indé donne dans le lourd tout en faisant entendre autre chose, il faut se précipiter, fermer son Noise Mag (on attend toujours la chronique au passage), remiser pour un temps vos chouchous pop-psyché ou vos a priori anti-métal, et écouter.
Komodo experience appartient au cercle fermé des groupes qui groovent. C'est le premier truc à dire parce que c'est la première chose qui s'entend. On se dit la même chose que quand on écoute du Messhuggah, du Shellac, du Nomeansno, quand on écoute Elvin Jones jouer avec Coltrane : ça groove TOUT LE TEMPS, quelque soit le tempo, que ça ralentisse, que ça accélère, sur un riff trois accords ou sur une phrase alambiquée, ou même sur des silences ! Le groove dans tous ses états, balancement ample, ponctuations judicieuses de la batterie, épilepsie subite, jeu ternaire de la basse, tout y passe, au long de ces compos compliquées et riches en rebondissements. Prenez "Conflit", par exemple : gros riff menaçant avec trois notes, puis accélération presque motörheadienne, puis le reste c'est trop dur pour que Motörhead puisse le jouer...
Komodo Experience s'est formé à Annecy en 2012, sur les cendres death/crust de Human Side (trois albums au compteur, dix années d'existence, on a pas à faire à des ptits jeunes). On va dire que c'est du métal. Mais avec cet équilibre dans le trio qui donne une large place à la basse, et qui manifeste une dette évidente envers le noise rock. Il faut écouter l'attaque à l'unisson de la basse et de la batterie sur le morceau "À l'inverse", sur un pattern ultra rapide, un calage sidérant qui fait penser à Zorn ou Zappa. Il y a ce goût pour les cassures, les changements rythmiques, la vitesse et la précision, cette profusion des idées en même temps qu'une monstrueuse patate (putain ce batteur!), en bref un petit côté math-métal à la Converge (putain, ce batteur!). Non ne partez pas tout de suite, point de beuglante hardcore sur leur compos, puisque le gros Komodo est, pour l'instant, parfaitement muet. Le fan club se déchire : faut-il oui ou non un chanteur ? Et qui ? Mike Patton, tu veux bien ? Envoyez vos candidatures au groupe. Komodo Experience a sorti un EP trois titres et un LP 8 titres, et se demande déjà ce qu'il va devenir... le doute, la recherche, c'est toujours mieux que le ronron. C'est bon signe les gars, continuez, vous allez tout défoncer !
En bref : Vous n'écoutez pas beaucoup de métal, c'est normal vous êtes sur Dodb. Mais vous aimerez Komodo Experience (j'ai un copain qui aime le jazz et Meshuggah, donc c'est possible). Un croisement excitant de Speed métal , noise rock, gros son et grande classe instrumentale à la Converge.
Le Bandcamp
"À l'inverse" à 3'00 :
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