Le voila ce concert que l'on attendait tant pour des raisons un brin personnelles...... Elle arrive MeShell (Ma belle...etc), l'air renfrogné et surtout frigorifié car vêtue d'un poncho - il fait froid dans la petite salle - mais notre musicienne black préférée va se faire fort de réchauffer la salle à l'aune d'un set de deux heures absolument impeccable.
C'est d'abord un brelan d'hommages à Nina Simone qui ouvre les hostilités, extraits de son Pour Une Âme Souveraine A Dedication to Nina Simone de 2012. Tempos lascifs, langoureux, sexy - il y a bien sûr l'imputrescible "Please Don't Let Me Be Misunderstood", l'un des morceaux les plus repris au monde et auquel elle confère ce son lounge et jazzy. Assez vite, la température monte d'un cran avec le renfort du percussionniste antillais Roger Raspail, venu renforcer un beat déjà dense impulsé par l'artiste et son trio de musiciens, tous aussi excellents les uns que les autres, qu'il s'agisse de ce très jeune batteur, vanné gentiment d'un bout à l'autre du concert par une MeShell redevenue hilare, d'un clavier hiératique et (mention spéciale) du très racé Chris Bruce, en tunique et turban. Son jeu est souple - l'homme comme sa patronne du reste a un CV long comme le bras - servi par un rack d'effets impressionnant.
MeShell dans tout ça n'est pas en reste : se déridant peu à peu (elle restera longtemps en retrait de la scène), on la voit se lâcher, psalmodier dans une sorte de mime ses paroles, bref rendre terriblement humaine et attachante cette posture en apparence distanciée qui est la sienne. En vérité, elle vit intensément sa musique (comment pourrait-il en être autrement ?) et gratifie l'audience du jeu de bassiste le plus félin, le plus virevoltant qui soit, en ayant tout autant l'heur de caresser son manche que de le marteler. Ce n'est pas pour rien qu'elle est encore aujourd'hui considérée comme l'un des meilleurs spécialistes au monde de la quatre cordes.
Son répertoire, riche de 11 albums, fait comme il se doit la part belle au petit dernier, le très réussi Comet, Come To Me sorti cette année : il sera joué en quasi intégralité. Manque assez étonnamment "Conviction", sans doute l'un des meilleurs morceaux du disque ; qu'à cela ne tienne : en pinacle est interprétée la fantastique "Folie à Deux" illuminée de déflagrations de réverb superbes à la guitare. Autres moments forts, "Article 3" ( The World Has Made Me The Man of My Dreams de 2007) et sa partie de basse vrombissante et limite tribale, assénée par une Me'Shell pour le moins habitée.
Le rappel amènera son lot de surprises : "Dead End", extrait de Weather (2011), et le "Pink Moon" de Nick Drake pour clôturer une humeur et une vibe "sentimental" (dixit Me'Shell), dont la tournée française de 2014 s'achève avec regret ce soir.
Et vous savez quoi ? Cette artiste rare, qui a l'air de s'acoquiner plus que de raison avec le public français, on a déjà envie de la revoir lors de ses prochains passages par chez nous ; au mois de mai notamment, elle passera par l'Espace Julien à Marseille. Il faudra en être.
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