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Brut brit brat
Deuxième journée qui s'annonce, avec programmation idoine en pleine cagne, bière en pogne et effluves de beuh persistants : il s'agit du dernier concert gratuit du jour, à savoir Niall Galvin alias Only Real, la nouvelle coqueluche slacker made in London.
Ce jeune gaillard de 22 ans - mais il en paraît facilement 6 de moins - vient de publier son premier lp Jerk at The End Of The Line. Accompagné dans ses clips et ses concerts de trois sbires, le garçon donne dans un jovial flow mâtiné de pédale chorus omniprésente (un peu comme chez Connan Mockasin), et clairement ne se prend pas au sérieux. Preuve en est un accoutrement cartoonesque (sorte de Calvin en plus âgé) : tee shirt flamingo XXL, short baggy (bas de pyjama ?) + soquettes à bandes montantes, yeah !
Même si les morceaux évidemment se ressemblent, Only Real, dont la démarche lo-fi rigolarde rappelle furieusement dans l'esprit du moins le Baby Bird des early 90's ; il se trouve toujours un petit refrain pour emballer l'affaire et fédérer un public déjà bien alcoolisé. Notre préférée ? "Cadillac Girl". Branleur mais impeccable pour démarrer les hostilités.
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Dissonances libres
Peu au fait de la cause des oiseaux d'Aquaserge, on rejoint la grande salle, en se disant qu'on va assister à une sorte d'énième lounge pop avec basses medium, tendance bobo et dans le vent. En plus, le patronyme est une profession de foi à lui seul. L'on sait que ce groupe a servi d'accompagnateur à April March et à l'excellent Burgalat. Que nenni, erreur sur toute la ligne. On assiste à un jeu et un jet de dissonances décomplexées, louchant vers les stridences de Tanger, à l'époque où ce groupe se voulait encore défricheur.
Par moments, on se surprend même à songer à Gong voire ...... à Magma que Aquaserge a sans doute écouté - toutes proportions gardées quand même ; n'est pas virtuose qui veut. On n'a que peu goûté au disque solo de Julien Gasc, et les lyrics à peine audibles de son groupe plombent quelque peu une suite de tableaux qui gagne à demeurer instrumentaux.
Mais quand même, cette musique évidemment très cérébrale, si elle aura peut-être fait fuir des festivaliers peu enclins au free et à la déstructuration, aura également permis auditivement et visuellement - cette clarinette basse, quelle splendide idée - d'offrir un panel de musique plus complet à un festival résolument indie.
Pause sandwich aux abords de la grande scène extérieure sur laquelle officie Twerps, combo mixte australien, dépositaire de cette pop à guitares cristallines des antipodes. Sympathique, mais pas fondamental.
Puis, désireux de découvrir l'afro-beat de Vaudou Game, on ne s'attarde que peu dans la grande salle, après qu'elle a été prise d'assaut par une légende de l'americana, Howe Gelb et son Giant Sand. Dont acte.
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Frénésie, énurésie et hérésie
A nouveau la fournaise très climatisée (et bondée) nous accueille : que se passe-t-il en ce moment dans la capitale des Gaules qui entraîne un tel métissage culturel ? Ou après le mariage avec l'Inde (le vétéran Slow Joe et son Ginger Accident), voila que s'opère une association inédite : le Togo de Peter Solo, racé et musculeux chanteur/guitariste avec un autre orchestre lyonnais.
Que dire : son nickel, symbiose parfaite, complicité touchante entre le leader (il signe tous les morceaux) et ses musiciens, en particulier sur cette séquence où réunis autour de Peter, le Vaudou Game qui arborent tous le même tee-shirt, se lance dans un chant tribal endiablé. Ca swingue, ça funke, la section cuivres est à l'avenant. Bien sûr, le tube ("Pas Contente") qui scande les affres du pipi au lit, déclenche l'adhésion du public qui clappe, jappe au gré des demandes du posse. On a aussi droit entre deux giclées de wah-wah, à une leçon de choses sur l'écologie, les éléments, l'usage profane qui est fait du vaudou. Bref, on passe un moment revigorant.
Nouvelle pause, on reprend la direction de la grande scène où l'insoutenable et très aiguë sono dessert le set de la diva Ariel Pink, assourdissante et saturée. Sur scène, ça beugle, ça gémit, ça a l'air de partir dans tous les sens : symphonique, free, bêtement pop ; certains invoquent Zappa. Peu nous chaut, l'envoyé babylonien reste hermétique.
Après avoir suivi et à regret dans le patio une partie sans le son ou quasi de la retransmission de Wand (car le club est une fois de plus bondé), il apparaît, cela sera confirmé, que les "autres" californiens, récemment signés par Ty Segall, envoient du bois. A vrai dire, et après avoir écoute leur disque, on n'en doutait guère.
Mariage gay, solstice d'été et guitar hero
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Plus vu ni entendu depuis des lunes, The Divine Comedy, est la grosse tête d'affiche indé de la soirée, et sans doute si l'on y prend garde, le vétéran de ce festival. Sous une parfaite nuit étoilée, Neil Hannon porte une barbe fleurie, et va revisiter pour le plus grand bonheur de ses fans un répertoire de plus de vingt ans d'âge. Cela commence avec "Absent Friends". D'humeur badine, un tantinet cabot, mais toujours d'une amabilité constante, l'artiste porte beau : costume cintré/cravate, il a la quarantaine (bien entamée) impeccable, et ce faisant, rehausse un look ambiant assez négligé par les artistes sur ce TINALS, un verre de vin rouge à portée de main.
N'oubliant jamais de parsemer le concert d'anecdotes, il rappelle que telle chanson fut écrite il y a plus de deux décennies, et s'enquiert du tour de taille de ceux qui étaient là à l'époque, et qui auraient pâti comme lui (dixit) d'une surcharge pondérale ("a beer belly") ; se rend-il compte qu'il est toujours aussi filiforme qu'à ses débuts ?
S'ensuit "The Summerhouse"" où amusé de la coiffe d'une festivalière, il s'enquiert avec un peu d'avance d'un clin d'œil au solstice d'été. "Our Mutual Friend", "Generation Sex" arrivent, et en bon irlandais, notre homme se félicite du mariage gay récemment adopté dans son pays natal.
Son groupe à vocation folk - il y a un accordéoniste - assure le service minimum ; la basse est exagérément saturée, ce qui la fait parfois sonner faux. Et détonne avec le mood pub irlandais de l'ensemble : une constante, sur la grande scène où le son n'est pas toujours à la fête.
Confessant ne pas posséder de grandes notions musicales, Hannon tout en continuant à biberonner sa bouteille de vin rouge, reconnaît hilare qu'il vient enfin de réussir un solo de guitare après plusieurs essais infructueux. Et c'est sur cette prestation très sympathique que s'achève notre deuxième acte du TINALS.
Suite et fin au prochain numéro.....
3 Comments:
J'ai toujours trouvé les dissonances d'Aquaserge un peu dures à l'oreille (remarque je n'ai jamais trop apprécié les dissonances en général) mais l'album solo de Julien Gasc était vraiment très bon.
Quoi vous avez raté Giant Sand ?! Ca m'aurait bien dit perso..
Vaudou Game faut que j'écoute ça.
Et puis Ariel Pink moi j'ai jamais compris ce que les gens lui trouvent.
Bon j'attends demain ton retour pour Foxygen et ses choristes ( ;
Franchement Giant Sand j'aurais aimé voir, on a vu le premier titre et la fin du dernier ; mais je voulais vraiment voir le Vaudou Game, et je n'ai pas été déçu !
Ariel Pink, c'est pourri ; au mieux un titre ou deux sur tel album, mais ça ne suffit pas à faire un artiste accompli...
Des mecs comme lui, y'en a des tonnes, c'est juste qu'ils n'ont pas les cheveux roses.
Ah, quant à Julien Gasc, c'est bien ; mais il faut vraiment pas qu'il chante :)
Sinon Aquaserge, je m'attendais tellement à un tuc branchouille et commun français genre à la Melody Echo Chamber ou Dorian Pimpernel, que j'étais agréablement surpris !
Mais bon, j'irai pas acheter les disques non plus ; ça va j'ai déjà les Magma :)
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