Pour tout rocker, il y aura une date spéciale qui désormais comptera : celle du premier concert vécu après... DODB vous comptait il y a quelques jours son baptême d'un genre particulier à Montréal pour une déflagration sonique de Fuzz. La version hexagonale aura pour cadre la banlieue sud lyonnaise, et plus spécialement l'Epicerie Moderne, à Feyzin.
La salle se pare de ses habits de fête ; car ici mine de rien, on fête fièrement ses dix ans d'existence : hôtesses d'accueil charmantes, boutique à renfort de produits memorabilia : posters, books et même un LP vinyle anniversaire. Et si l'on ajoute la très accorte salle dédiée au houblon à quelques mètres de la scène, c'est peu dire qu'on ressent la convivialité offerte/
La présence de DODB en ces lieux très hospitaliers, et quelque peu lointains pour ses émissaires (mais quand on aime...), c'est évidemment de vérifier sur les planches tout le bien que l'on pense de l'une des nouvelles marottes de la pop folk indé US.
Lushes, duo américain ouvre les hostilités. Son drone planant façon mantra mâtiné de stoner n'est pas désagréable et se laisse écouter ; mais n'est pas Liars qui veut et la paire finit inévitablement par lasser.
Lushes, duo américain ouvre les hostilités. Son drone planant façon mantra mâtiné de stoner n'est pas désagréable et se laisse écouter ; mais n'est pas Liars qui veut et la paire finit inévitablement par lasser.
C'est alors que flanqué de ses Violators, notre ami Kurt Vile met tout le monde d'accord. D'un abord réservé, il semble en réalité que le musicien très concentré par les sonorités de ses chansons, se retranche derrière une retenue teintée de timidité et d'extase. Il faut le voir troquer sa Jaguar contre un banjo, puis celui-ci contre une acoustique et ainsi de suite de manière frénétique tout au long d'un set riche de 15 morceaux, pour comprendre que l'homme ne feint pas : il vit sa musique avec intensité, no bullshit, pas le temps de poser ; l'un des titres de son dernier opus ne s'intitule-t-il d'ailleurs pas "Less Talk (More Walkin Away)" ?
C'est naturellement sur son 6ème et récent B'Lieve I'm Goin Down... que s'appuie un set tendu, où un larsen sert invariablement de transition au morceau à venir : comme l'on pouvait s'y attendre "Pretty Pimpin" est l'intro de deux heures haletantes, et émouvantes aussi : émouvantes quand un silence de plomb -public très discipliné, ce qui n'est pas toujours le cas au passage- accueille les arpèges de la magnifique "That's Life, Tho (Almost Hate to Say)", sur laquelle les poils de bras de votre serviteur se dressent inhabituellement. Beaucoup de chansons "délaissées" lors de ce concert si attendu, parmi lesquelles nombre de merveilles parues sur Wakin On A Preety Daze ("Was All Talk", "Girl Called Alex", "Never Run Away, "Pure Pain", on en passe et des plus belles), finalement uniquement représenté par son divin morceau-titre et le très Neil Youngien et anodin "KV Crimes". La faute à un répertoire déjà conséquent ; mais la set-list a le bon goût de brasser large, de piocher dans les classiques de Smoke Ring For My Halo (2011), ces "Baby's Arms" et "Jesus Fever" fédérateurs.
Surtout, elle fera la part belle au fantastique Childish Prodigy de 2009, mis en exergue lors du rappel où le volume Db montera d'un cran : l'ultraviolent "Hunchback" puis "Freak Train" et son saxo déchaîné.
Enfin, comme un symbole du savoir-faire de cet artiste complet et important qu'est devenu Kurt Vile, il faut le voir revisiter en acoustique cette ballade électrique qu'est "Dead Alive" (également extraite de Childish...) : tout l'art de notre chevelu préféré tient dans cette étonnante posture, les jambes pliées dans un V bringuebalant que n'aurait pas renié Gene Vincent, ce pouce exagérément courbé qui ne lui sert pas qu'à faire des barrés, ce médiator à peine tenu, et qui pourtant s'acharne à fracasser des cordes qu'on devine dures, cet auriculaire qui va chercher des aigûes ardues...
Enfin, comme un symbole du savoir-faire de cet artiste complet et important qu'est devenu Kurt Vile, il faut le voir revisiter en acoustique cette ballade électrique qu'est "Dead Alive" (également extraite de Childish...) : tout l'art de notre chevelu préféré tient dans cette étonnante posture, les jambes pliées dans un V bringuebalant que n'aurait pas renié Gene Vincent, ce pouce exagérément courbé qui ne lui sert pas qu'à faire des barrés, ce médiator à peine tenu, et qui pourtant s'acharne à fracasser des cordes qu'on devine dures, cet auriculaire qui va chercher des aigûes ardues...
Plus que jamais, et sur cette chanson, le style Vile convoque l'ombre du grand Neil Young et évoque la dextérité et le feeling d'Elliott Smith. Rien de moins.
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