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16 décembre 2016
Frank Zappa - Waka Jawaka (1972)
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04 décembre 2016
Meshuggah - Transbordeur de Lyon 27/11/16
Le meilleur groupe à grosses guitares du monde nous avait laissé un peu sur notre faim au mois de juillet à Montreux (voir dans ces colonnes), pas loin de passer pour un groupe un peu fatigué de tourner, en comparaison de papy Slayer plus en forme que jamais, et qui jouait juste après. Entre temps, nouvel album sorti en en novembre, plus rock'nroll, moins cérébral, enregistré live (ce qu'il n'avait pratiquement jamais fait, tant leur musique est complexe, et parfois difficilement jouable par les musiciens eux-mêmes!), le truc qui sonne méchant et agressif, et qui promettait un live bien costaud. C'est parti donc pour l'european tour de Meshuggah, avec nouvel album, nouveau set et nouveau light show, autant dire que les fans étaient bien chauds ce soir là ! D'autant plus que la setlist est censée se terminer sur "futur breed machine", tube absolu qui a fait prendre conscience du style meshuggien au moment de Destroy erase improve, et que le groupe ne joue plus en concert depuis 10 ans. Après avoir remercié la première partie d'être bien nulle (High on Fire, pour info, du Motorhead avec des plans stoner et quelques riffs à la Melvins, mais je me souviens surtout de la bière et des frites que j'ai pas pu manger parce que l'attente au bar à frites était trop importante), on peut passer aux choses sérieuses !
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28 novembre 2016
Arno - L'Etoile (Châteaurenard) - 26/11/16
A bientôt 70 ans, Arno a toujours la frite. Arpentant les scènes d'Europe et de Navarre, nous le retrouvons ce jour à l'Etoile, superbe scène sise en plein centre-ville de la petite ville de province qu'est Castlefox. La bande-son d'avant concert que ne renierait pas l'ami Christian Casoni, rend hommage aux obsessions Delta blues du bonhomme. Ce qui est somme toute logique , car le blues n'est-il pas prégnant dans l'univers et les albums d'Arno depuis les débuts ?
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26 novembre 2016
Arno - Human Incognito (2016)
Et si ce 13 ème (?) album d'Arno sous son nom sorti au début 2016 (il y a aussi celui avec les Subrovnicks) mettait tout le monde d'accord ?
L'impayable belge remet ça, drivé à nouveau par John Parish, qui l'avait remis en selle sur son précédent Future Vintage de 2012. Et c'est à nouveau un régal de veine poético-absurde, une jubilation d'entendre sa voix éraillée déclamer des manifestes "anti" ("I'm an atheist / C'est si bon d'être con !") sur "Please exist", avec toujours ce mélange français-anglais au sein du même titre que seul l'ex-cuisinier personnel de Marvin Gaye peut s'autoriser, sans paraître ridicule. L'anti-Noir Désir en quelque sorte...
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20 novembre 2016
Monophonics - Paloma (Nîmes) - 19/11/16
courtesy of Miss Olivia Marco
L'émotion est de rigueur dès que le sextette de Frisco investit la scène surélevée du Club. Kelly Finnigan, le très habité chanteur-organiste de Monophonics n'oublie pas en effet l'hommage attendu de la part de son groupe, à Sharon Jones disparue la veille. Et c'est à une minute de silence inhabituelle mais religieusement respectée que le leader de la formation soul/rythm and blues invite le public.
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02 novembre 2016
Clinic - Free Reign (2012)
"To give free rein" signifie lâcher la bride en anglais, plus exactement "donner libre cours à son imagination" ; c'est peu dire que le quatuor inclassable liverpuldien a usé de cette homophonie pour l'élaboration de son 7ème album.
Ici, tous les anciens reliquats pop-surf à base de masques de chirurgien - c'est ainsi qu'ils aiment à s'affubler lors de leurs concerts - s'évanouissent peu à peu, pour laisser place à un krautrock invertébré.
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28 octobre 2016
Preoccupations - s/t (2016)
Il n'y a qu'à imaginer de nouveaux fers de lance du rock français qui porteraient le patronyme de Fellaghas ou bien Néo-Destour ! Et on aura une idée de ce que le quatuor venu de Calgary (Canada) a pu endurer de son administration : concerts annulés, pression...
Bref, sans soute le nom de Viet Cong était-il devenu trop lourd à porter... Qu'importe le flacon ; pourvu qu'on ait l'ivresse c'est ce qu'ont dû se dire Matt Flegel et ses copains, qui reviennent avec un album sombre, aux voix sépulcrales et à l'humeur toujours rieuse.
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27 octobre 2016
The Flying Machine - The Flying Machine (1969)
Si pas grand monde ne se souvient de ces machines volantes c'est sans doute à cause du groupe US du même nom emmené par James Taylor, pourtant pas plus prolifique que le groupe UK qui nous occupe. Assez vite catalogué "One hit wonder" pour ceux qui daignent bien s'en souvenir (l'imparable "Smile a little smile for me"), le quatuor de Tony Newman n'a en effet livré que deux albums complets (celui-ci et Down to Earth with The Flying Machine un an plus tard, que je n'ai pas encore eu la chance d'écouter mais qui n'est en fait qu'une version remaniée du même album). Mais loin de n'avoir qu'une seule cartouche dans leur chargeur, les Flying Machine déroulent sur ce disque court (30 minutes max) quantité de tubes calibrés pour d'ensoleillés dimanches matins.
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25 octobre 2016
Blues Pills - Paloma (Nîmes) - 23/10/16
courtesy of Olivia Marco
Si un support-band donne le fil conducteur d'une soirée, alors pas de doute : ce nouveau This Is Not A Love Night ne fait pas la part belle aux tapettes. Les teutons de Kadavar, nantis d'un son énorme, déroulent en mode power trio leur stoner surpuissant et leurs références qui puisent dans la New wave of British Metal, battant le secret des riffs sacrés de Tommi I. et Jimmy P. Pillés on le sait par la NWOBM.
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23 octobre 2016
Nick Cave And The Bad Seeds - Skeleton Tree (2016)
Il y aura toujours des auditeurs sots - certains sont malheureusement critiques - pour refuser une démarche artistique, une orientation musicale, dès lors qu'elle ne correspond pas à leurs canons. (Dieu merci, la toujours pertinente Isabelle Chelley n'est pas de ceux là.)
Beaucoup associent ainsi Nick Cave exclusivement à ses toxiques ruades rock and roll, le cantonnant paresseusement à ce blues gospel déstructuré, frénétique et dérangé dont on peut trouver les meilleurs moments dans Tender Prey, Let Love In et Abattoir Blues notamment.
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24 septembre 2016
PJ Harvey - The Hope Six Demolition Project (2016)
Déjà le 11ème album pour Polly Jean. Il semble loin le temps de la découverte de cette jeune brune austère à tête de ritale énervée qui racontait ses problèmes menstruels, et voulait faire leur fête à tous les mâles de la terre.
C'étaient les années Lenoir, ces années où le rock britannique, au sortir de la vague Madchester avait encore le vent en poupe. Et voila qu'apparaissait ce petit bout de femme rappelant vaguement Patti Smith pour le côté vindicatif qui en mode trio, procurait le temps de deux albums et notamment du debut Dry, tous les motifs de s'enthousiasmer pour le rock au féminin.
C'étaient les années Lenoir, ces années où le rock britannique, au sortir de la vague Madchester avait encore le vent en poupe. Et voila qu'apparaissait ce petit bout de femme rappelant vaguement Patti Smith pour le côté vindicatif qui en mode trio, procurait le temps de deux albums et notamment du debut Dry, tous les motifs de s'enthousiasmer pour le rock au féminin.
Aussi dangereux et abrupt qu'un disque de riot girrrl, pas moins .
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05 septembre 2016
Ukandanz - Awo (2016)
La musique éthiopienne est un virus redoutable, surtout dans ses hybridations rockn'roll, qui savent toucher les petits blancs que nous sommes (The Ex avait déjà réussi à débaucher le grand Getatchew Mekuria,voir dans ces colonnes, "king of the ethiopian saxophone"). Car Ukandanz n'est pas un groupe natif d'Addis Abeba : c'est à la base des gars qui font du noise/math rock, de la musique un peu barrée et inventive, qui exige d'un guitariste qu'il connaisse un peu plus que sa pentatonique mineure et ses plans blues piqués à Keith Richards ou Clapton.
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Publié par M.Ceccaldi 2 commentaires
Catégories : Afrobeat, Chroniques, Jazz, Math Rock, Noise, Punk, Rock
31 août 2016
Jazz à Montreux - Meshuggah/Slayer- 6 juillet 2016
Ah le jazz à Montreux ! C'est comme on l'aime, tourné vers le futur, assoiffé d'expérimentation, c'est-à-dire avec des grosses guitares et des tatouages ! "jazz is not dead, it's smell funny", disait mon moustachu guitariste préféré... mais alors là, le jazz smells carrément bizarre, avec au programme de ce 6 juillet un battle inespéré : Meshuggah contre Slayer. Quelques mots de présentation, car nous ne sommes pas très coutumiers, à Dodb, des cornes de boucs et autres mosh pits.
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04 juillet 2016
The Pretty Things - Secret Place (Montpellier) 02/07/16
Dans ce haut lieu du garage, de la oï et du punk survitaminé, où seuls les groupes à guitares ont droit de cité, le rocker lambda avait rendez-vous ce samedi avec des légendes du British Beat.
Le Secret Place de Saint-Jean-de-Védas donc, ses plafonds bas, sa petite scène, sa drôle de configuration en L, sa sono euh... douteuse et son ambiance tellement roots et sympathique accueille les Grys-Grys, furieux groupe local à croisement de Supergrass (les rouflaquettes du chanteur) et de BJM (pour les tambourins et maracas du Joël Gion du cru). Ces locaux nous ont enchantés via deux EP en écoute sur les différentes plateformes. Où le rhythm and blues le dispute au garage le plus teigneux.Lire la suite
07 juin 2016
#TINALS - An IV - Chapitre 3 - 05/03/16
Pour des raisons tant auditives que de parti-pris, le troisième et dernier volet de cette édition du TINALS 2016 ne paraît pas nous être le plus destiné sur le papier. Même si ici ou là, quelques noms ont été déjà été cochés.
Commencée sous une cagne conséquente, bien loin des précipitations tant redoutées, direction la Flamingo pour le set des très attendus marseillais de Quetzal Snakes.
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06 juin 2016
#TINALS - An IV - Chapitre 2 - 04/06/16
Le Grand Soir
C'est avec un planning minuté aux petits oignons que nous investissons à nouveau la place. Sans doute passons-nous à côté de quelque chose de chouette pour ce qui est de la tribu australe de No Zu qui aux dires de nombre de festivaliers, aura mis le feu à la Grande Salle avec son set bigarré et festif. Dont acte. Le meilleur est à venir.
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05 juin 2016
#TINALS - An IV - Chapitre 1 - 03/06/16
TINALS, 4ème du nom donc. Déjà, serait-on tenté de dire, tandis que les esgourdes encore remplies du cru précédent, on a conscience que cette nouvelle mouture bénéficie d'un décalage bienvenu d'une semaine, intempéries obligent !
Cette année, le festival passe à la phase supérieure avec la création d'une deuxième scène extérieure, la Mosquito, qui on le subodore au vu du line-up, apportera forcément son lot de surprises. Agencé différemment au niveau de ses stands, le site offre une profondeur nouvelle et c'est tant mieux !
En attendant, c'est tout juste sortis des bouchons de la périphérie nîmoise que l'on s'apprête une nouvelle fois à en découdre.
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13 mai 2016
King Gizzard & The Lizard Wizard - Concert au Ritz de Montréal le 11/05/16
Les voilà enfin ces australiens dont tout le monde parle, bien partis pour voler la vedette au désormais pachydermique Tame Impala. C'est donc avec autant d'excitation que de Z dans leur nom que je rejoins l'incontournable Ritz de Montréal, sold-out pour l'occasion
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14 avril 2016
Field Music - Commontime (2016)
Pour les retardataires - mais leur rayonnement demeure très insulaire - les deux frangins du Wear Peter et David Brewis usinent une discographie sans faille dès le début des années 2000.
Ceci est leur 5ème album, si l'on ne tient pas compte de la compilation excitante de B-sides des débuts (Write..) ni de Field Music Play.... (leur album de reprises), ou bien de la bande-son Music For Drifters de 2015.
Plus rien néanmoins depuis le Plumb de 2012, une éternité donc qui avait vu les deux frères pérenniser des projets parallèles (School Of Language pour David, The Week That Was pour Peter), et un break salutaire nourrir leur nouvelle oeuvre d'expériences domestiques telles le couple, la paternité.
A dire la vérité, ça n'est pas tant pour cette mise en abyme réitérée du moi amoureux que l'on s'entiche tant de la musique de ces deux oiseaux-là. Commontime, et par delà ses prédécesseurs, renvoie à tout un inconscient rêvé de musique anglo-saxonne et à cette post-punk tant vénérée et fêtée dans nos contrées. Si l'on ne s'étonnera pas de distinguer ici ou là tel emprunt à The Knack ("Same Name") tellement empreint de ces influences new-wave new yorkaise et anglaise - on devine Peter et David férus de Talking Heads - on est frappés de la manière dont tout ceci est à présent digéré dans un univers du tout possible, où le funk robotique de XTC ou de Devo règnerait en maître ("I'm Glad").
Ici à nouveau, un double album à la durée décente (une heure), qui reprend les choses là où (Measure) les avait laissées. Mais la nouveauté, c'est que la recette parfois éprouvée dans le passé, fonctionne à merveille lors de ce chapitre, dont on ne saurait détacher tel titre plus qu'un autre. Tout juste note t-on une entame des plus accortes "The Noisy Days Are Over", et sa rythmique bien évidemment syncopée qui a le bon goût d'intégrer un final à renfort de saxophone dissonant du plus bel effet, que n'aurait pas renié un Prince à son plus jazzy - le Maître ayant d'ailleurs dans un Tweet célèbre adoubé le morceau.
On fera fi des voix blanches impersonnelles de Peter et David, qui évoqueront ici où là tel Win Butler (Arcade Fire) ou Joseph Mount (Metronomy) voire Kevin Barnes (Of Montreal) pour s'attarder davantage sur la musicalité et l'audace du duo qui n'a pas son pareil pour torcher des morceaux à l'apparente immédiateté mélodique, mais qui néanmoins reposent sur de sacrés changements d'accords, de ruptures harmoniques. ("Indeed It Is", et son piano typiquement percussif, "How Should I Know If You've Changed", "That's Close Enough For Now", et ses inénarrables bruits de bouche et talk-box signés Peter.
La production dépouillée sait aussi à l'occasion inclure cordes et anches du plus bel effet : la très tendre "The Morning Is Waiting", "It's A Good Thing" ou bien "They Want You To Remember." au violoncelle enchanteur.
Mais Field Music sait aussi jouer la jouer plus catchy ; dans cet exercice, outre "The Noisy Days...", on les retrouve très convaincants dans "But Not For You", "It's A Good Thing", l'épiphanie "Stay Awake" et ce très curieux "Trouble At The Lights" qui rappelle un peu l'esprit aventureux du Knack, et qui est un peu à la discographie de Field Music ce que "Africa" fut aux new-yorkais d'hier, en terme de rupture thématique d'album (Round Trip - 1981).
Une collection d'influences qui ne doit pas faire fuir le chaland, mais au contraire inciter le curieux avide de nouvelles horizons musicales à découvrir l'un des secrets les mieux gardés de la musique britannique actuelle.
Dont la paire de compositeurs hors pairs qui le compose rappelle encore et toujours les divins Squeeze, probablement l'un des derniers duos d'importance en matière de savoir-faire pop de la perfide Albion. C'est dire le niveau d'excellence atteint par les frères Brewis.
En bref : le meilleur groupe britannique actuel que personne ne connaît remet ça, et livre ce qui ressemble fort à son meilleur album. Avec de rares mais très pertinents arrangements ici ou là, voila un groupe et un disque qui évoquera Squeeze, autre secret très bien gardé des 80's. Une nouvelle leçon de songwriting classe et définitive.
Le clip de "The Noisy Days Are Over", ou une hilarante visite guidée de Sunderland :
"Indeed It Is" :
un lien vers le finale de "Trouble At The Lights"
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07 mars 2016
Mick Abrahams Band - At Last (1972)
Au départ, l'affaire paraît mal engagée. Il y a bien sûr cette pochette magnifique, ronde comme le premier Curved Air, dépliable comme le Odgen's Nut Gone Flake des Small Faces dont le visuel est assez proche. Et on imagine déjà se perdre dans son contenu un peu comme on le ferait dans un vieux Hawkwind des familles.
Que nenni, ici le contenu est diamétralement différent, et très basiquement éloigné de tout idée de concept-album ou de planerie éventuelle. Même si ces genres ne sont évidemment pas une fin en soi, aurait-on a ici affaire à une énième déclinaison rock de bûcherons 70's, aux visages massifs et aux moustaches qui ne dépareraient pas les albums Panini de nos tendres années ? Une pop maousse bêtement bluesy sur quelques titres, et pop épique sur les autres ? Non, car cet objet est de fait le premier et unique album de ce qui n'est pas tout à fait un supergroupe tel que pouvaient les engendrer la décennie chérie.
Car en fait de gros poisson, il n'y a que Mick Abrahams, bretteur et co-fondateur de Jethro Tull avec Ian Anderson, qui lassé des aspirations artistiques du farfadet unijambiste, et sans doute désireux d'apparaître un peu plus dans la mire, décide de quitter le groupe après There Was (68), d'obédience plus bluesy que ses successeurs, pour voler de ses propres ailes. Sur la pochette d'icelle il est le bûcheron effrayant au centre.
L'homme crée tout d'abord toutes voiles boogie-blues déployées Blodwyn Pig, qui enregistre deux albums. Puis avec quasi le même personnel, s'arroge la légitimité d'enregistrer sous son seul nom et sort un album éponyme (71) dont au moins un titre ("Awake") est grandiose. Sans doute l'ego insuffisamment rassasié, son quartette devient quintette, non sans que Abrahams ait consenti à lui accoler le nom "Band" ; on voit ainsi mieux qui est le boss.
C'est donc un vrai faux premier album qui nous occupe ici, si l'on tient compte du line-up ; mais aussi que sur les deux déclinaisons, ils sont deux à se partager le chant et la composition, Abrahams, majoritairement et son compère guitariste et organiste Bob Sargeant. Qu'est-ce qui fait donc que ce combo oublié mériterait d'être exhumé dans la rubrique rock lourd seventies, chère à l'excellent Jonathan Witt (R&F) ?
Eh bien pour une fois, les morceaux sont à la hauteur : il y a la ballade soul très rythmée ("Absent Friends"), ses cuivres majestueux, sa progression ambitieuse, sans que jamais l'esbroufe tant redoutée ne s'en mêle. L'incroyable "Maybe Because" qui préfigure vaguement "Ziggy Stardust" le temps d'un brelan d'accords après l'inévitable intro à la tierce, est une chanson d'anthologie où le chant puissant et testéroné d'Abrahams donne toute sa mesure ! 8' d'un pur régal de jam lors d'un pont affolant, qui le dispute en esprit funky avec un Lafayette Afro Rock Band, c'est dire le niveau de la chose.
At Last ose le gimmick tant risqué mais payant lorsque maîtrisé, de l'album qui monte en puissance. Après les feux d'artifice des deux pièces citées, chacune présente sur une face, une autre ode au rêve hippie disparu qui ne paye pas de mine au prime abord : "The Good Old Days" évoque le meilleur de Procol Harum. C'est d'ailleurs au niveau du chant qui parfois donne dans la soul aux yeux bleus ("Absent Friends" mais aussi ""Whole Wide World" et "You'll Never Get It From Me") que ce disque impressionne. L'instrumentation monstrueuse notamment ce son de basse à décoiffer un vulgaire mp3, est à l'avenant.
Enfin, nous lancerons avec ce disque une réhabilitation plus générale des grands chanteurs que personne ne connaît, qui tous ont oeuvré dans un registre soul, blues, pop dans des combos marquants : qui peut se targuer de citer en soirée les noms de Jay Ferguson (Spirit), John Drake (The Amboy Dukes), Mickael Kamen (The New York Rock Ensemble), John Kay (Steppenwolf), et même de rendre ses lettres de noblesse à Jack Bruce (Cream) bien sûr le plus connu de tous ? Liste non exhaustive à laquelle on peut rajouter sans remords Mick Abrahams.
En bref : un tour de force vocal et instrumental qui jamais ne tombe dans la tant redoutée démonstration. Virtuoses mais pas bavards. La fin du rêve hippie encapsulé par de grands oubliés moustachus qui soulent, rockent, rythment et bluesent leur monde. Remarquable.
"Absent Friends"
"Maybe Because"
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06 mars 2016
Tindersticks - Paloma (Nîmes) 05/03/16
Christine Ott avait la lourde tâche d'ouvrir pour Tindersticks ce samedi au Paloma. Ondiste de son état, son instrument ce sont donc les mythiques Ondes Martenot, création de Maurice Martenot, qui furent à la création française ce que le Theremine fut pour les russes. Sorte de synthétiseur à étages doté d'un oscillateur, on peut l'entendre outre chez les pionniers de musique concrète comme Pierre Henry, lors de l'ascension de la tour de Lord Mc Crashley par Fandor dans Fantomas ou bien en intro du "Broken Train" de Beck (Midnight Vultures)... exemples parmi tant d'autres.
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28 février 2016
Brainticket - Cottonwoodhill (1971)
De même que les Electric Prunes seraient nos empereurs du garage psyché Nuggets, les Byrds, les rois du folk rock, les Beach Boys, dieux pop sans rivaux, le Jefferson Airplane meilleur attelage freak(sco), les divins Mamas and the Papas, plus grands chanteurs du monde, Syl, Labbi et James les plus grands soulmen de la terre, eh bien Brainticket ne serait-il pas le plus important krautrock band de l'histoire ?
La question mérite d'autant plus d'être posée qu'à l'exception de quelques entrées ici où là dans les excellents bouquins de Philippe Thieyre ou de la collection Le Mot et Le Reste, cet aréopage psyché "européen" est largement (et inexplicablement) ignoré des anthologies.
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26 février 2016
Interview - Alloysious Massaquoi, Young Fathers (2016)
Vanité es-tu là ? © Pauline Alioua |
Les lecteurs réguliers de DODB se souviennent peut-être de cette chronique faite en 2014 de Dead, premier album des Young Fathers. On y détectait alors un son hybride et hautement explosif, soufflant sur les braises du trip hop période Mezzanine et autres premiers efforts des regrettés TV On The Radio... La déflagration entrainée par les écossais continue depuis de se répandre, Mercury Prize 2014, un 2ème disque signé dans la foulée White Men Are Black Men Too et à présent cette collaboration d'une logique implacable avec Massive Attack, porteuse du titre "Voodoo In My Blood" sur lequel Alloysious Massaquoi, pierre angulaire du trio d'Edinburgh, pousse la chansonnette. On a recueilli quelques mots de ce dernier, sagesse d'âme et noblesse de coeur, pour une discussion à la résurgence politique certaine...
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05 février 2016
Jacco Gardner - Paloma (Nîmes) 03/02/16
A peine remis de l'arthrite causée quelques jours plus tôt par les frénétiques parties de Pacman et d'antediluviennes joutes Pong lors du set DJ d'Arnaud Rebotini dans un Paloma transformé à l'occasion en vaste penny arcade, nous revoilà dans notre salle fétiche pour célébrer la pop made in Europe. Du frog, du teuton, du batave, il y en a pour tous les goûts.
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28 janvier 2016
Aut' Chose - Une Nuit Comme Une Autre (1975)
A part les québécois, personne ne doit vraiment connaître Aut' Chose. Pourtant, le groupe montréalais des années 70 emmené par le charismatique Lucien Francoeur (textes et voix) et son acolyte Pierre André Gauthier (guitare et synthés) a depuis longtemps acquis le statut de formation culte chez nos frères d'Amérique. Avec cinq albums au compteur, Aut' Chose a largement contribué à changer le paysage musical à Montréal. Mais ce sont surtout les deux premiers albums qui sont intéressants. Un peu plus tôt la même année, sortait Prends Une Chance Avec Moé, un disque déjà très éclectique. Mais Une Nuit Comme Une Autre sorti un peu plus tard la même année est pour moi le plus malade, à la fois glauque, moderne et électrique.
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24 janvier 2016
The Ex/Getatchew Mekuria - Moa Anbessa (2006)
Ça fauche sévère en ce moment, entre Galabru, Boulez, Lemmy, Bowie, le mari de Céline Dion, eh oui, la faucheuse n'a pas toujours bon goût. Quand certains font toujours la même chose sans intérêt pendant 50 ans ("the ace of spaaaaades"...), d'autres se réinventent presque à chaque instant, et c'est bien la cas de The Ex. Groupe hollandais anarchopunk des années 80, The Ex aurait pu rester dans l'ombre des squats, mais c'est bien le contraire qui s'est passé. Musiciens de haute volée, ils traversent les années hardcore avec des albums classiquement mais brillamment ancrés dans l'anarchopunk à la Crass, puis font des choses de plus en plus originales (il faut écouter Pokeherrie), jusqu'à vriller complètement à la rencontre des musiques non occidentales et plus particulièrement du jazz éthiopien moderne des années 60, celui sous le charme duquel est tombé Jarmush pour la BO de Broken Flowers. Désormais, ils donnent régulièrement des concerts en Éthiopie et terminent leurs tournées en laissant aux musiciens locaux leur matos. La classe, non?
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18 janvier 2016
Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de Chou (1976)
Parfois il peut s'avérer utile de démystifier un artiste. Moins pour l'exercice de style que pour le rappel de certaines vérités. Parce que son héritage est colossal même s'il ne comporte guère que 16 albums en quelque trente ans de carrière, parce que le grand Serge demeure l'un des rares frenchies pris au sérieux outre-Manche et outre-Atlantique, et que son influence peut s'entendre à peu près partout, on a tendance à manquer d'objectivité avec lui : Gainsbourg, le Zidane de la pop, de la chanson d'ici (et sans le coup de boule ni les collusions occultes avec le Qatar qui plus est), a donc été déifié jusqu'à écoeurement : Que peut-on dès lors retenir de notre vache sacrée ?
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11 janvier 2016
David Bowie - Aladdin Sane (1973)
Préambule, il y avait ce compagnon collégien qui présentait cette particularité de mimétisme physique avec son idole, comme souvent je l'ai remarqué, les adorateurs et ou fans exclusifs de l'Artiste. Reviennent alors quelques noms d'anonymes en tête, et plus universellement de personnes plus connues dont celui évident de Jérôme Soligny.
Direction les racines pop et les galettes RCA, les premiers Iggy (produits et coécrits par... Bowie), Transformer du Lou, (produit et écrit etc)..., et assez vite l'intégrale du caméléon, dont très vite ce classique sans âge.... sur lequel le compagnon émettait de sérieux doutes sur sa fonction catchy
Grave erreur, Aladdin Sane est sans nul doute l’un des albums les plus fédérateurs et les plus accessible de Bowie, en dépit ou plutôt de la versatilité de ses influences et des voies empruntées.
Impossible déjà d'aborder Aladdin Sane sans mentionner la pochette flash éclair la plus célèbre du rock, celle qui de Nick Cave à Jay Jay Johanson en passant par... Kiss a été déclinée tant et tant de fois. L"androgynie à son sommet.
C'est dans cet écrin, et entouré pour la dernière fois en studio (ou quasi, il y aura l'album de reprises Pin Ups plus tard dans l'année) de ses Spiders from Mars, que Bowie envoie la purée glam : que n'a-t-on dit ou écrit sur ces "Watch that man", 'The Jean genie"dont l’allusion à Jean Genet n’était semble-t-il que phonétique , "Cracked actor" où affleurent les influences Warholiennes, une reprise survitaminée du "Let's spend she night together", totalement à son avantage, les hommages aux amis et héros contemporains tels Marc Bolan ("The prettiest star"). Lesquels côtoient des titres étonnamment baroque, cabaret, "Brechtiens" ; car c'est là la nouveauté Bowiesque : une nouvelle texture sonore apportée par le grand piano du nouveau venu Mike Garson.
Il faut entendre ce dernier déverser des cascades de notes, sur les très décadents "Aladdin sane" (qui justifie à lui seul la possession de ce disque), "The prettiest star" "Time", "Lady grinning soul"". Bowie a-t-il jamais mieux chanté et sur une palette aussi vaste que sur ce 6ème opus solo ?
Car le bougre, en parfaite phase avec quelque style que ce soit, aborde la musique noire : par un excellent doo-wop ("Drive-in Saturday") tout d'abord, puis par un morceau très ambitieux, qui annonce les splendeurs soul de Young Americans ou de Station to Station à venir ; un "Panic in Detroit" aux percussions et aux choeurs féminins irrésistibles.
Comme un trait d'union de son oeuvre passée et à venir, David Bowie offre beaucoup plus qu'un disque parfois qualifié à tort de transition : il signe de sa patte intemporelle 41' de bruit blanc et de tripes noires, du rock le plus primesautier à la pop la plus ouvragée et exigeante.
Le testament de Ziggy Stardust assurément. Mais pas celui de Bowie qui n'est pas prêt d'être mort.
Le testament de Ziggy Stardust assurément. Mais pas celui de Bowie qui n'est pas prêt d'être mort.
En bref : chacun ira s'abreuver à sa guise dans cette oeuvre on ne peut plus immense. Ici se mêlent rock et cabaret, testostérone et décadence dans une intelligence, une cohésion rarement atteinte.
"Drive-in Saturday" :
"Panic in Detroit" :
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