28 janvier 2016

Aut' Chose - Une Nuit Comme Une Autre (1975)

A part les québécois, personne ne doit vraiment connaître Aut' Chose. Pourtant, le groupe montréalais des années 70 emmené par le charismatique Lucien Francoeur (textes et voix) et son acolyte Pierre André Gauthier (guitare et synthés) a depuis longtemps acquis le statut de formation culte chez nos frères d'Amérique. Avec cinq albums au compteur, Aut' Chose a largement contribué à changer le paysage musical à Montréal. Mais ce sont surtout les deux premiers albums qui sont intéressants. Un peu plus tôt la même année, sortait Prends Une Chance Avec Moé, un disque déjà très éclectique. Mais Une Nuit Comme Une Autre sorti un peu plus tard la même année est pour moi le plus malade, à la fois glauque, moderne et électrique.


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24 janvier 2016

The Ex/Getatchew Mekuria - Moa Anbessa (2006)

Ça fauche sévère en ce moment, entre Galabru, Boulez, Lemmy, Bowie, le mari de Céline Dion, eh oui, la faucheuse n'a pas toujours bon goût. Quand certains font toujours la même chose sans intérêt pendant 50 ans ("the ace of spaaaaades"...), d'autres se réinventent presque à chaque instant, et c'est bien la cas de The Ex. Groupe hollandais anarchopunk des années 80, The Ex aurait pu rester dans l'ombre des squats, mais c'est bien le contraire qui s'est passé. Musiciens de haute volée, ils traversent les années hardcore avec des albums classiquement mais brillamment ancrés dans l'anarchopunk à la Crass, puis font des choses de plus en plus originales (il faut écouter Pokeherrie), jusqu'à vriller complètement à la rencontre des musiques non occidentales et plus particulièrement du jazz éthiopien moderne des années 60, celui sous le charme duquel est tombé Jarmush pour la BO de Broken  Flowers. Désormais, ils donnent régulièrement des concerts en Éthiopie et terminent leurs tournées en laissant aux musiciens locaux leur matos. La classe, non?

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18 janvier 2016

Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de Chou (1976)

Parfois il peut s'avérer utile de démystifier un artiste. Moins pour l'exercice de style  que pour le rappel de certaines vérités. Parce que son héritage est colossal même s'il ne comporte guère que 16 albums en quelque trente ans de carrière, parce que le grand Serge demeure l'un des rares frenchies pris au sérieux outre-Manche et outre-Atlantique, et que son influence peut s'entendre à peu près partout, on a tendance à manquer d'objectivité avec lui : Gainsbourg, le Zidane de la pop, de la chanson d'ici (et sans le coup de boule ni les collusions occultes avec le Qatar qui plus est), a donc été déifié jusqu'à écoeurement : Que peut-on dès lors retenir de notre vache sacrée ?


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11 janvier 2016

David Bowie - Aladdin Sane (1973)

Préambule, il y avait ce compagnon collégien qui présentait cette particularité de mimétisme physique avec son idole, comme souvent je l'ai remarqué, les adorateurs et ou fans exclusifs de l'Artiste. Reviennent alors quelques noms d'anonymes en tête, et plus universellement de personnes  plus connues dont celui évident de Jérôme Soligny.

Direction les racines pop et les galettes RCA, les premiers Iggy (produits et coécrits par... Bowie), Transformer du Lou, (produit et écrit etc)..., et assez vite l'intégrale du caméléon, dont très vite ce classique sans âge.... sur lequel le compagnon émettait de sérieux doutes sur sa fonction catchy

Grave erreur, Aladdin Sane est sans nul doute l’un des albums les plus fédérateurs et les plus accessible de Bowie, en dépit ou plutôt de la versatilité de ses influences et des voies empruntées.
Impossible déjà d'aborder Aladdin Sane sans mentionner la pochette flash éclair la plus célèbre du rock, celle qui de Nick Cave à Jay Jay Johanson en passant par... Kiss a été déclinée tant et tant de fois. L"androgynie à son sommet.

C'est dans cet écrin, et entouré pour la dernière fois en studio (ou quasi, il y aura l'album de reprises Pin Ups plus tard dans l'année) de ses Spiders from Mars, que Bowie envoie la purée glam : que n'a-t-on dit ou écrit sur ces "Watch that man", 'The Jean genie"dont l’allusion à Jean Genet n’était semble-t-il que phonétique , "Cracked actor" où affleurent les influences Warholiennes, une reprise survitaminée du "Let's spend she night together", totalement à son avantage,  les hommages aux amis et héros contemporains tels Marc Bolan ("The prettiest star"). Lesquels côtoient des titres étonnamment baroque, cabaret, "Brechtiens" ; car c'est là la nouveauté Bowiesque : une nouvelle texture sonore apportée par le grand piano du nouveau venu Mike Garson.

Il faut entendre ce dernier déverser des cascades de notes, sur les très décadents "Aladdin sane" (qui justifie à lui seul la possession de ce disque), "The prettiest star" "Time", "Lady grinning soul"". Bowie a-t-il jamais mieux chanté et sur une palette aussi vaste que sur ce 6ème opus solo ?

Car le bougre, en parfaite phase avec quelque style que ce soit, aborde la musique noire : par un excellent doo-wop ("Drive-in Saturday") tout d'abord, puis par un morceau très ambitieux, qui annonce les splendeurs soul de Young Americans ou de Station to Station à venir ; un "Panic in Detroit" aux percussions et aux choeurs féminins irrésistibles.

Comme un trait d'union de son oeuvre passée et à venir, David Bowie offre beaucoup plus qu'un disque parfois qualifié à tort de transition : il signe de sa patte intemporelle 41' de bruit blanc et de tripes noires, du rock le plus primesautier à la pop la plus ouvragée et exigeante.
Le testament de Ziggy Stardust assurément. Mais pas celui de Bowie qui n'est pas prêt d'être mort.

En bref : chacun ira s'abreuver à sa guise dans cette oeuvre on ne peut plus immense. Ici se mêlent rock et cabaret, testostérone et décadence dans une intelligence, une cohésion rarement atteinte. 



"Drive-in Saturday" :


 "Panic in Detroit" :


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