Préambule, il y avait ce compagnon collégien qui présentait cette particularité de mimétisme physique avec son idole, comme souvent je l'ai remarqué, les adorateurs et ou fans exclusifs de l'Artiste. Reviennent alors quelques noms d'anonymes en tête, et plus universellement de personnes plus connues dont celui évident de Jérôme Soligny.
Direction les racines pop et les galettes RCA, les premiers Iggy (produits et coécrits par... Bowie), Transformer du Lou, (produit et écrit etc)..., et assez vite l'intégrale du caméléon, dont très vite ce classique sans âge.... sur lequel le compagnon émettait de sérieux doutes sur sa fonction catchy
Grave erreur, Aladdin Sane est sans nul doute l’un des albums les plus fédérateurs et les plus accessible de Bowie, en dépit ou plutôt de la versatilité de ses influences et des voies empruntées.
Impossible déjà d'aborder Aladdin Sane sans mentionner la pochette flash éclair la plus célèbre du rock, celle qui de Nick Cave à Jay Jay Johanson en passant par... Kiss a été déclinée tant et tant de fois. L"androgynie à son sommet.
C'est dans cet écrin, et entouré pour la dernière fois en studio (ou quasi, il y aura l'album de reprises Pin Ups plus tard dans l'année) de ses Spiders from Mars, que Bowie envoie la purée glam : que n'a-t-on dit ou écrit sur ces "Watch that man", 'The Jean genie"dont l’allusion à Jean Genet n’était semble-t-il que phonétique , "Cracked actor" où affleurent les influences Warholiennes, une reprise survitaminée du "Let's spend she night together", totalement à son avantage, les hommages aux amis et héros contemporains tels Marc Bolan ("The prettiest star"). Lesquels côtoient des titres étonnamment baroque, cabaret, "Brechtiens" ; car c'est là la nouveauté Bowiesque : une nouvelle texture sonore apportée par le grand piano du nouveau venu Mike Garson.
Il faut entendre ce dernier déverser des cascades de notes, sur les très décadents "Aladdin sane" (qui justifie à lui seul la possession de ce disque), "The prettiest star" "Time", "Lady grinning soul"". Bowie a-t-il jamais mieux chanté et sur une palette aussi vaste que sur ce 6ème opus solo ?
Car le bougre, en parfaite phase avec quelque style que ce soit, aborde la musique noire : par un excellent doo-wop ("Drive-in Saturday") tout d'abord, puis par un morceau très ambitieux, qui annonce les splendeurs soul de Young Americans ou de Station to Station à venir ; un "Panic in Detroit" aux percussions et aux choeurs féminins irrésistibles.
Comme un trait d'union de son oeuvre passée et à venir, David Bowie offre beaucoup plus qu'un disque parfois qualifié à tort de transition : il signe de sa patte intemporelle 41' de bruit blanc et de tripes noires, du rock le plus primesautier à la pop la plus ouvragée et exigeante.
Le testament de Ziggy Stardust assurément. Mais pas celui de Bowie qui n'est pas prêt d'être mort.
En bref : chacun ira s'abreuver à sa guise dans cette oeuvre on ne peut plus immense. Ici se mêlent rock et cabaret, testostérone et décadence dans une intelligence, une cohésion rarement atteinte.