Parfois il peut s'avérer utile de démystifier un artiste. Moins pour l'exercice de style que pour le rappel de certaines vérités. Parce que son héritage est colossal même s'il ne comporte guère que 16 albums en quelque trente ans de carrière, parce que le grand Serge demeure l'un des rares frenchies pris au sérieux outre-Manche et outre-Atlantique, et que son influence peut s'entendre à peu près partout, on a tendance à manquer d'objectivité avec lui : Gainsbourg, le Zidane de la pop, de la chanson d'ici (et sans le coup de boule ni les collusions occultes avec le Qatar qui plus est), a donc été déifié jusqu'à écoeurement : Que peut-on dès lors retenir de notre vache sacrée ?
D'abord, une chanson à texte désabusée et cynique, extrêmement bien écrite, teintée de jazz et de bossa durant la première décennie (1958-1968), avant le virage pop.
De Gainsbourg, le grand public ne retiendra d'ailleurs volontiers que les indispensables hits yé yé, les collaborations un tantinet complaisantes avec sa muse (les aphorismes pesants, les calembours lourdingues offerts à Birkin), quand ce ne sont pas les multiples collaborations, certaines géniales (Bashung), d'autres ratées (Dutronc... et beaucoup d'autres).
Mais le grand oeuvre, celui qui éclipse tout le reste et notamment .... Tête de Chou, n'est-il pas le classique et fabuleux Histoire de Mélody Nelson ?
Au grand dam de ce 12 ème album, pourtant sans doute le plus abouti de tous, l'album qui cristallise le talent de parolier et de mélodiste de notre homme, l'oeuvre préférée de Bambou la dernière compagne.
Au grand dam de ce 12 ème album, pourtant sans doute le plus abouti de tous, l'album qui cristallise le talent de parolier et de mélodiste de notre homme, l'oeuvre préférée de Bambou la dernière compagne.
Le dernier grand disque quoi qu'il en soit ; car ce ne sont pas les fantastiques musiciens de Kingston ou les requins de studio qui sauveront les deux ignobles et ultimes diptyques reggae et funky ; ni à fortiori leurs affligeantes collections de rimes sous couverts de thématiques panpan culcul prout zizi prépubères.
On le voit donc : Gainsbourg n'a pas toujours été un grand auteur ; il n'a pas toujours voire jamais brillé par ses talents de compositeur non plus. Qu'on y songe : de la chanson réaliste rive gauche aux accents jazz et ethnique, peu de place pour une musicalité exacerbée ; les mots d'alors l'emportant sur tout le reste.
Par la suite, emprunts, citations classiques, manque d'audaces - il n'y a jamais de pont chez Gainsbourg, rarement plus d'un thème ou deux déclinés ad libitum dans ses chansons.
N'était l'art de trousser un refrain pop parfait piqué à Dvorak ("Initials BB") et de le décliner à l'infini, Gainsbourg a su certes défricher (l'incroyable piste rap avant l'heure de "Requiem Pour Un Con") ; mais l'apport mélodique resta assez pauvre... y compris dans Melody où seules 15' offrent finalement quelque chose de nouveau ; dix s'apparentant à de la relecture (géniale certes) des thèmes de la face A.
Ainsi quand le génie s'en mêle au sein d'un concept un peu brouillon, ce sont surtout les arrangements que l'on retient (les cordes de Vannier) ou bien dans les BO marquantes ("Anna", "Cannabis", les cuivres, les claviers de Colombier... et l'apport de Vannier encore)
Par la suite, emprunts, citations classiques, manque d'audaces - il n'y a jamais de pont chez Gainsbourg, rarement plus d'un thème ou deux déclinés ad libitum dans ses chansons.
N'était l'art de trousser un refrain pop parfait piqué à Dvorak ("Initials BB") et de le décliner à l'infini, Gainsbourg a su certes défricher (l'incroyable piste rap avant l'heure de "Requiem Pour Un Con") ; mais l'apport mélodique resta assez pauvre... y compris dans Melody où seules 15' offrent finalement quelque chose de nouveau ; dix s'apparentant à de la relecture (géniale certes) des thèmes de la face A.
Ainsi quand le génie s'en mêle au sein d'un concept un peu brouillon, ce sont surtout les arrangements que l'on retient (les cordes de Vannier) ou bien dans les BO marquantes ("Anna", "Cannabis", les cuivres, les claviers de Colombier... et l'apport de Vannier encore)
Bref, que mérite-t-il de rester de L'Homme A Tête de Chou, album constamment phagocyté par ..., ?
Flop commercial à sa sortie, accessoirement très incompris - pour mémoire, ce disque a figuré dans un hors-série best of de Libération pour ses 20 ans, , et curieusement s'y faisait défoncer - cette nouvelle (et vraie narration conceptuelle) fut le grand oeuvre incompris de Gainsbourg.
Flop commercial à sa sortie, accessoirement très incompris - pour mémoire, ce disque a figuré dans un hors-série best of de Libération pour ses 20 ans, , et curieusement s'y faisait défoncer - cette nouvelle (et vraie narration conceptuelle) fut le grand oeuvre incompris de Gainsbourg.
S'il n'est pas question de remettre en question l'écriture savante, mélange de cut-up, d'assonances à donner le vertige (l'incroyable progression aléatoire de "Variations sur Marilou", la plus surréaliste et poético-absurde des odes à la masturbation féminine, ("Elle s'y Coca-colle un doigt. Qui en arrêt au bord de la corolle...../Est pris près du calice / Du vertige d'Alice de Lewis Caroll).
Les rimes sèches en -ec, -ic et -oc de "L'Homme A Tête de Chou" ou de "Flash Forward", des enjambements savants ("De ses souvenirs d'enfants / Que n'ai-je.... su préserver la fraîcheur de vie........... Tous droits de reproductions interdits. Moi naïf, je pensais que me proté /geaient......les droits de copyright d'opéra / mundi) ; la prosodie, le rythme des plus aventureux de ces chansons de rupture ; la musique peut-elle ainsi être sujette à caution comme elle le fut dans le papier assassin de Libé ?
On en doute, car une nouvelle fois habillé par le génial Alan Hawkshaw, présent aux claviers et à la direction musicale depuis Mélody, c'est peu de dire que le son de ce disque à nul autre pareil était novateur. L'épure a semble-t-il posé un problème auquel nos esgourdes resteraient sourdes : qu'il s'agisse des roulements de batterie caverneux de "Meurtre à l'Extincteur", du digeridoo obsédant de "Transit à Marilou", des glissandos de timbales de "Lunatic Asylum", tout concourait à donner à ce disque une patine, un son intemporel, et donc relativement moderne.
Peu d'artistes ont osé s'en réclamer, oser défier ces lyrics sinistres, où rarement la tendance est à l'apaisement (l'irrésistiblement chaloupé "Ma Lou Marilou" à la mélodie librement empruntée à l'Appassionata de Beethoven, "Variations..." encore), mais plus sûrement proche d'un univers cafardeux et mortifère d'un Lautréamont (le "radio poux....pou pidou"" de "Lunatic Asylum").
Seul Bashung reconnaissant des années "Play Blessures" en oserait une relecture avisée et respectueuse en 2011, preuve s'il en est que cette oeuvre figure bien parmi les plus magistrales que l'artiste a su produire, la plus personnelle, la plus symbiotique des talents de son auteur.
Les rimes sèches en -ec, -ic et -oc de "L'Homme A Tête de Chou" ou de "Flash Forward", des enjambements savants ("De ses souvenirs d'enfants / Que n'ai-je.... su préserver la fraîcheur de vie........... Tous droits de reproductions interdits. Moi naïf, je pensais que me proté /geaient......les droits de copyright d'opéra / mundi) ; la prosodie, le rythme des plus aventureux de ces chansons de rupture ; la musique peut-elle ainsi être sujette à caution comme elle le fut dans le papier assassin de Libé ?
On en doute, car une nouvelle fois habillé par le génial Alan Hawkshaw, présent aux claviers et à la direction musicale depuis Mélody, c'est peu de dire que le son de ce disque à nul autre pareil était novateur. L'épure a semble-t-il posé un problème auquel nos esgourdes resteraient sourdes : qu'il s'agisse des roulements de batterie caverneux de "Meurtre à l'Extincteur", du digeridoo obsédant de "Transit à Marilou", des glissandos de timbales de "Lunatic Asylum", tout concourait à donner à ce disque une patine, un son intemporel, et donc relativement moderne.
Peu d'artistes ont osé s'en réclamer, oser défier ces lyrics sinistres, où rarement la tendance est à l'apaisement (l'irrésistiblement chaloupé "Ma Lou Marilou" à la mélodie librement empruntée à l'Appassionata de Beethoven, "Variations..." encore), mais plus sûrement proche d'un univers cafardeux et mortifère d'un Lautréamont (le "radio poux....pou pidou"" de "Lunatic Asylum").
Seul Bashung reconnaissant des années "Play Blessures" en oserait une relecture avisée et respectueuse en 2011, preuve s'il en est que cette oeuvre figure bien parmi les plus magistrales que l'artiste a su produire, la plus personnelle, la plus symbiotique des talents de son auteur.
En bref : un très grand disque dont l'étonnante brièveté (28'), le thème réitéré de la Lolita font bien évidemment écho à ...Mélody Nelson. Où les synthés glaçants d'Hawkshaw suppléent les cordes brumeuses de Vannier. Pour ce qui reste le parangon poétique gainsbourgien.
"Flash Forward"
"Variations sur Marilou"
12 Comments:
Le billet le plus mal fichu que j'ai pu lire ces dernières années. Bourré de fautes de frappes, on ignore si l'auteur veut déboulonner l'icône Gainsbourg - si montrer que Gainbourg n'a pas toujours été passionnant ou grand c'est prouver que ce n'est pas un grand artiste, il n'y a guère de grands artistes sur Terre voire aucun - ou rendre hommage à un grand album (mais c'est fait de manière tellement chaotique que l'on finit par se poser des questions). Je remarque que la grande culture du chroniqueur l'a fait oublier le troisième album concept de la même époque "Rock Around the Bunker" qui rend perplexe tous ceux qui l'écoutent et qui auraient permis de développer le discours.
Comme on dirait à l'école "brouillon, manque de rigueur. Il faut faire un plan".
Damned , petite cause, grands effets....;
C'est la première fois que ça m'arrive, j'appuie sur ENTER et hop ; le temps de m'apercevoir de mon erreur.....
De là à imaginer que cela me vaudrait illico presto un commentaire, moi qui déplore souvent la rareté de ceux-ci...
alors, rassure-toi, cher Li-An, si d'aventure je viens poster pour te donner mon ressenti sur l'une de tes BD, je veillerai d'abord à en lire la version définitive et non les épreuves !
Car il s'agissait bien d'un brouillon mal dégrossi que j'ai posté par mégarde, ce que laissait supposer l'absence de conclusion....et les multiples coquilles que ta grande mansuétude ne prend heureusement pas pour des fautes d'orthographe.
Alors pour faire court, et répondre point pour point à ton post
1) l'auteur ne cherche nullement à déboulonner Gainsbourg qui est assez bien représenté dans son inconscient musical et ses étagères. L'auteur tient juste à rappeler quelques vérités : que Gainsbourg pouvait être un grand auteur....et un affreux dictionnaire de rimes ambulant. Qu'il avait surtout du savoir-faire plus que du génie dans son rôle de compositeur, souvent réduit à un rôle de passeur, de faiseur ou pire de paresseux !
L'idée de vache sacrée que l'on ne peut critiquer m'étant odieuse, mon billet a de fait une double visée.
2)Oui, de défendre L'Homme a Tête de Chou qui est sans doute l'album que je préfère et que je m'attache à défendre ici tant son legs me paraît mésestimé. Ce que je dis, c'est qu'à de rares occasions, le talent de mélodiste et celui d'auteur s'est exprimé EN MEME TEMPS chez Gainsbourg. Même dans Mélody où la musique et les arrangements priment...au détriment des textes non chantés assez peu intéressants.
Et paradoxalement de m'insurger contre le procès assez injuste fait par un journaliste de Libé en 1988, concernant la musicalité et le legs de cet album.
3)Assez ironiquement, il se trouve que j'évoquais Rock Around The Bunker dans ce qui n'était qu'un work in progress avant d'être une entrée aboutie de DODB.
Las, ce disque n'étant à mes yeux qu'un avatar assez mineur dans la discographie de Serge - le début des calembours pourris "SS si bon", ce genre" : je n'ai pas jugé utile de le confronter à ces deux monstres sacrés que sont HDMN et LHATDC
Maintenant libéré de l'aspect formel initial dont j'ignorais qu'il pouvait susciter une réponse, j'espère que tu utiliseras ton droit de réponse pour me dire en quoi ma culture musicale (qui se porte bien, merci pour elle !)et mon parti-pris dans cette chronique sont outrageants envers Gainsbourg.
Etant moi-même celui qui te modèreras, tu n'as aucune inquiétude à te faire pour a liberté d'expression...
Bien à toi
En général, mes amis/collègues trouvent mes crayonnés plus sympas que les planches définitives... Un peu déprimant.
Bon, je m'excuse - je passe mon temps à m'excuser aujourd'hui. J'ai bien compris l'ensemble de la chose (je suis très déboulonnage moi-même) mais ça partait tellement dans tous les sens que ça m'a un peu agacé.
Si j'ai fait un commentaire c'est parce que j'aime beaucoup cet album évidemment et si je ne commente pas d'habitude c'est parce que je n'ai pas grand chose à dire.
Quoiqu'il en soit, inutile de vous excuser après mes jérémiades peu reluisantes. Aujourd'hui c'est lundi et il fait froid, ça doit jouer sur mon humeur.
Je suis assez d'accord pour le Rock - que je n'ai écouté qu'une fois dans ma vie (mon Dieu, en 33 tours en plus).
Après, je peux faire mon malin en parlant de la BD scénarisée par Gainsbarre et qui reprenait un peu les thématiques de ces deux albums cultes - publiée dans Métal Hurlant - mais je ne sais même pas si c'est sorti en album ce truc.
Bref, continuez comme si je n'existais pas, c'est encore ce qu'il y a de mieux à faire.
Rassure-toi, non seulement nous allons continuer - mine de rien ça va bientôt faire 10 ans que ça dure - car nous aimons ça, c'est viscéral ! mais en outre nous nous accommoderons de ton existence ; en d'autres termes, n'hésite pas à venir poster, tu seras toujours le bienvenu !
Loin de devoir m'excuser ou me justifier, il fallait à tout le moins que j'apporte l'explication à ce brouillon mal écrit, plein de fautes et non terminé qui s'est retrouvé par mégarde sur le blog !
En tout cas, je ne sais pas si tu suis DODDB, si tu as des alertes à chaque billet posté, mais alors là quelle célérité, quelle réactivité ! :))
Je suis abonné au flux RSS et visiblement j'ai découvert le nouveau billet au moment de sa parution.
Ceci expliquant cela, tu reviens quand tu veux !
Tu sembles toi aussi avoir été marqué par la mort de Bowie..
Je ne vais pas refaire mon billet mais ça fait toujours un pincement de voir partir un artiste capable encore de nous exciter.
Oui, et quand bien même il ne nous excitait plus depuis un bail (quoique le dernier album, à la revoyure..) il s'agit juste d'une légende quoi !
Ah ben, justement, moi je trouve le dernier album excitant - alors que je n'ai pas été emballé par le précédent opus tellement médiatisé.
salut nickx
j'aime bien ton jugement mesuré sur gainsbourg ; pour moi, s'il a fait de belles choses c'est souvent qu'il était bien entouré (melody nelson sans vannier c'est rien du tout) ; de toutes façon je suis pas très fan du showbiz en général et du showbiz français en particulier ; la période de gainsbourg que je préfère je crois que c'est la période jazz. tu vois, l'album d'Eddy que t'as chroniqué c'est chouette mais ça me donne pas des frissons, même avec les zicos de Magma.
d'accord avec vous les gars, il faut écouter le dernier Bowie, il y a quelquechose dans le travail sur sa voix, et il fait péter le sax comme jamais.
@Li-An, c'est du dernier album dont je parlais quand je concédais "quoique" !
The Next Day, jai trouvé ça naze, quand le dernier, après avoir eu du mal, notamment avec ces batteries jungle et ces sax envahissants, eh bien à la revoyure et malgré le contexte pesant qui entoure sa relecture, c'est peut-être un album qui va faire son petit chemin !
@Jé alias Hiohop alias Mon Ami d'enfance
Ah toi, dès qu'il y a du sax (au fait chouettes progrès au passage congrats !), tu auras saisi que ma chronique visait plus à glorifier Gainsbourg au travers d'un album génial (là où s'était mépris Li-An au départ sur mes intentions) ; puisque j'en venais même à régler un vieux compte avec Libé suite à une chronique particulièrement mal sentie sur Tête de Chou.
Après il me paraît normal et sans que ça ne le déprécie d'insister sur les insuffisances de Gainsbourg pour en faire ressortir le génie lorsqu'il se manifeste !
La narration et l'histoire en prose(ac) de Melody, tout le monde s'en fout !
Cet album est fantastique, y'a pas ; mais sans la présence de Vannier qui est présent pour moitié à la composition et qui arrange ça de manière incroyable avec des putains de cordes de sa mère, le disque n'a jamais le même impact : on est d'accord !
Sur Tête de Chou, Gainsbourg compose tout sans l'aide de personne, écrit divinement bien des rimes qui loin d'être les rimes pourries de l'ensemble de son oeuvre "connue" confine à la poésie la plus pure !
Et musicalement, il tient la route ; même si généralement le nombre de thèmes et de variations nous fait comprendre qu'il y a loin entre lui et un Polnareff par exemple en matière de composition !
Polnareff, tu écoutes l'instru "Voyages" sur l'excellent album Polnareff's, et ce morceau est plus riche dans sa conception que tout ce que SG a pu composer dans sa vie ; qu'à cela ne tienne : Gains écrivait de meilleurs textes que Michou et Tête de chou et Mélody sont évidemment des must have !
Quand dans l'époque "récente", Bunker et Extérieur sont au mieux de sympathiques albums avec quelques rares pics, et les disques reggae et funky des brouets absolus aux textes affligeants, déjà porteurs du pathétisme de Gainsbarre.
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