Les secrets les mieux gardés, par essence, ne devraient pas l'être. Car le plaisir goûtu et un peu snobinard de se dire qu'on connaît quelque chose dans un entre-soi, laisse vite place à la frustration. Celle de voir qu'il ne reste pour l'heure de Calc que l'image d'un groupe culte. Une comète, comme le furent les Scenario Rock, Film Noir et tant d'artistes de France ou d'ailleurs ardemment défendus dans DODB.
Euh... une comète qui a voyagé une grosse dizaine d'années quand même (6 albums !), et qui à défaut d'avoir "trouvé son public" comme on dit, a toujours bénéficié de retours très favorables (et justifiés) de la part de la critique.
Lorsqu'en 2007, sortait Dance Of The Nerve, nous ne savions pas encore qu'il s'agissait d'une épitaphe. Depuis, de Victory Hall à Mars Red Sky, excellent combo stoner, en passant par sa carrière solo, Julien Pras n'est jamais resté inactif. Cette anthologie très opportune de son groupe phare, permet d'y voir un peu plus clair, et de restituer le parcours exemplaire de Calc.
Tout démarre comme souvent dans une chambre avec une guitare et un laptop. De son Bordeaux natal Julien très influencé par le rock indé noisy pop d'alors (Sebadoh, Dinosaur Jr, Pavement, Yo La Tengo) fait paraître en 1999 une collection de vignettes pop doucereuses, (Something Sweet) dans laquelle son timbre vocal fragile fait plus qu'évoquer le géant Elliott Smith. A l'instar des collègues Kim, Pull (où officient des membres de Calc) ou Adam Kesher, la pop made in Bordeaux a le vent en poupe. Et tient avec Calc ce qui est assurément sa figure de proue. D'ailleurs Great Fun (2000), collection de morceaux éparpillés à travers les années enfonce le clou. Les deux premiers essais sont d'obédience plutôt lo-fi et aux guitares brisées, ('I care about you", "Distance"). Si les tirages et les ventes demeurent confidentielles, la critique elle, suit.
Il est alors temps de passer aux choses sérieuses. Julien quitte sa chambre, et aidé de David, Hugo, David et Mathieu, ses fidèles accompagnateurs sur scène, se mue en véritable groupe et produit avec Any Downs At All une oeuvre beaucoup plus aboutie et arrangée. De fines dentelles pop ("Fields of plaster", "Neon signs", Brest#4") sont le reflet de la créativité de Julien. Celui-ci qui tire de son chant une fragilité toute contenue, n'en finit pas d'étonner : de ruptures harmoniques abruptes ("Feel the sting" et tant d'autres) , en changement de tonalités inattendus ("Neon signs"), il peut apparaître à l'auditeur distrait, que le musicien se torture les méninges à produire quelque chose de compliqué.
En vérité, que ce soit à l'électrique ou en acoustique, ces géniaux entrelacs de guitare, de "Feel the sting" qui donneront la matrice du superbe Twelve Steps To Whatever de 2005, probablement le sommet de Calc sont tout sauf superflus ; chaque arpège possède son évidence. Très à l'aise, le groupe ose une intro aux accents Morriconiens ("Suicide Girls"), qui de ballade plaintive ("Siamese brains") à chanson pop parfaite ("Cheap monologue", hélas absente sur ce disque) s'affranchit assez aisément de ses maîtres pop indé en pondant des drones lancinants ("Dress and Pack") façon MBV. Il y avait déjà "Ida" sur Great Fun.
Le groupe de Julien Pras franchit un cap artistique cette année là, avec la parution quasi conjointe du toujours magnifique Real To Reel. qui contient un morceau incroyable : ce "Fluorescent knives" avec ses choeurs féminins qui filent le frisson ; curieux disque en vérité que ce mélange de brûlots ("When You're Around") et de planeries ("...knives"). Tout juste le fan déplore-t-il que fasse défaut ici, l'instrumental Kurt Vilien en diable et avant la lettre ("Saddle creek").
L'affaire se soldera gentiment par le déjà nommé Dance Of The Nerve, et Calc disparaîtra des radars, non sans qu'on conserve une oreille attentive au parcours de son démiurge. Le talent n'a pas de frontière, et celui de Julien Pras exsude par tous les pores. Il faut redonner sa chance à Calc.
En bref : une collection impeccable et non exhaustive de l'un des groupes et musiciens les plus inventifs de nos contrées. A rendre jaloux beaucoup de vos apprentis mélodistes anglophones préférés. Now spread the word .
Il est alors temps de passer aux choses sérieuses. Julien quitte sa chambre, et aidé de David, Hugo, David et Mathieu, ses fidèles accompagnateurs sur scène, se mue en véritable groupe et produit avec Any Downs At All une oeuvre beaucoup plus aboutie et arrangée. De fines dentelles pop ("Fields of plaster", "Neon signs", Brest#4") sont le reflet de la créativité de Julien. Celui-ci qui tire de son chant une fragilité toute contenue, n'en finit pas d'étonner : de ruptures harmoniques abruptes ("Feel the sting" et tant d'autres) , en changement de tonalités inattendus ("Neon signs"), il peut apparaître à l'auditeur distrait, que le musicien se torture les méninges à produire quelque chose de compliqué.
En vérité, que ce soit à l'électrique ou en acoustique, ces géniaux entrelacs de guitare, de "Feel the sting" qui donneront la matrice du superbe Twelve Steps To Whatever de 2005, probablement le sommet de Calc sont tout sauf superflus ; chaque arpège possède son évidence. Très à l'aise, le groupe ose une intro aux accents Morriconiens ("Suicide Girls"), qui de ballade plaintive ("Siamese brains") à chanson pop parfaite ("Cheap monologue", hélas absente sur ce disque) s'affranchit assez aisément de ses maîtres pop indé en pondant des drones lancinants ("Dress and Pack") façon MBV. Il y avait déjà "Ida" sur Great Fun.
Le groupe de Julien Pras franchit un cap artistique cette année là, avec la parution quasi conjointe du toujours magnifique Real To Reel. qui contient un morceau incroyable : ce "Fluorescent knives" avec ses choeurs féminins qui filent le frisson ; curieux disque en vérité que ce mélange de brûlots ("When You're Around") et de planeries ("...knives"). Tout juste le fan déplore-t-il que fasse défaut ici, l'instrumental Kurt Vilien en diable et avant la lettre ("Saddle creek").
L'affaire se soldera gentiment par le déjà nommé Dance Of The Nerve, et Calc disparaîtra des radars, non sans qu'on conserve une oreille attentive au parcours de son démiurge. Le talent n'a pas de frontière, et celui de Julien Pras exsude par tous les pores. Il faut redonner sa chance à Calc.
En bref : une collection impeccable et non exhaustive de l'un des groupes et musiciens les plus inventifs de nos contrées. A rendre jaloux beaucoup de vos apprentis mélodistes anglophones préférés. Now spread the word .
"Feel the sting"
"Siamese brains"
4 Comments:
Meilleur groupe français de rock indé ever ! Tout simplement. Et super compilation, à posséder absolument.
Mais carrément !
salut!
en revanche j'aime pas du tout son groupe stoner "mars red sky"
pour moi c'est du métal cliché soporifique horrible, juste pour mettre du beurre dans les épinards
bises
j
C'est sûr que le stoner se prête moins aux talents d'écriture que la pop.
Calc reste non seulement ce que Julien Pras a fait de mieux, mais aussi possède une discographie exemplaire tous groupes indés confondus comme disait Ju.
Et encore ces chansons vont bien au-delà des chapelles indés. Ce sont vraiment des morceaux superbement écrits qui n'ont rien à envier aux songwriters les plus cités.
Vraiment un grand groupe que l'on peut chérir, d'autant qu'ils sont français quoi.
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