Dès le titre de ce 7ème album - chiffre magique dans bien des discographies - tout est dit ; car on tutoie ici les anges. Cardiacs, né des cendres de Cardiac Arrest, mythique combo post punk qui ne réalisa qu'un single suivi d'une cassette autoproduite, est l'oeuvre de Tim Smith, grand allumé devant l'Eternel qui avec son frère Jim met sur pied dès la fin des années 70, le plus improbable des aréopages pop psyché à être apparus dans la banlieue londonienne. A être apparus tout court ; car ce groupe à géométrie variable comme on dit, ne ressemble à rien de connu.
De ce mélange d'esprit punk conjugué à une extravagance pop pompière, aux confins du prog, peu de critiques leur en surent gré à leurs débuts. Qui baptisèrent cette improbable pièce montée et salmigondis mélodique, émanation du cerveau de Tim Smith du néologisme musical imbécile (comme le sont tous les néologismes de genres musicaux) "pronk". Tim Smith, fort de ses influences musicales "classiques" a toujours réfuté le terme, arguant que son credo était celui de la pop. Preuve en était l'imparable reprise du "Susannah's still alive" des Kinks sur l'un des premiers Eps.
Mais à vrai dire, on aurait du mal à décrire la furie des compositions du démiurge en chef : celles-ci sont d'une complexité effarante, offrent des ruptures et breaks insensés, ces morceaux-fleuves qui à l'instar du magique "Dirty boy", "Manhoo" ou "Nurses whispering verses" - mais il y en a tant - cette dernière, relecture d'un vieux titre du premier album The Seaside ; ont sans doute laissé des traces chez le leader des Cardiacs. Ce dernier s'est débattu ainsi de longues années contre une hémiplégie consécutive à une crise cardiaque et deux AVC.
Mais à vrai dire, on aurait du mal à décrire la furie des compositions du démiurge en chef : celles-ci sont d'une complexité effarante, offrent des ruptures et breaks insensés, ces morceaux-fleuves qui à l'instar du magique "Dirty boy", "Manhoo" ou "Nurses whispering verses" - mais il y en a tant - cette dernière, relecture d'un vieux titre du premier album The Seaside ; ont sans doute laissé des traces chez le leader des Cardiacs. Ce dernier s'est débattu ainsi de longues années contre une hémiplégie consécutive à une crise cardiaque et deux AVC.
Dont est probablement responsable l'oeuvre complètement hallucinée de son groupe, l'une des plus abouties et cohérentes de la pop moderne.
A quoi se réfèrent ces morceaux aux paroles absconses et aux mélodies insaisissables qui évoquent tour à tour l'esprit des Residents, la démesure de Sparks, le dadaïsme d'un Devo, l'excentricité de Split Enz ? Que pourraient évoquer ces envolées suraiguës, totalement barrées, sorte de partouze mentale où se soulageraient les créatures mondaines du Muppet Show, les Chipmunks, le tout dans un robot mixeur vertigineux où seraient broyées des voix d'elfes et de lutins ?
Dans sa psyché suractive, Tim Smith a sans doute la réponse. Mais qu'est-ce qui peut présider à un tel déferlement d'idées, exacerbées dans Sing To God par l'ajout de Jon Poole, guitariste allumé et qui trouve en Cardiacs le terrain de jeu idoine pour laisser libre cours à son imagination et quelques compositions ? On n'en sait rien
En y réfléchissant, tout ceci n'a rien de prog, du fait des rythmes échevelés ("Eat it up worm hero" et les choeurs enjoués et délicieux de la saxophoniste Sarah Smith, "Bell clinks", tout en doubles cordes, "Angleworm angels"), de l'espit DIY qui habite les 22 compositions du disque.
On ne voit guère que la fratrie des américains Fiery Furnaces à être ainsi allée aussi loin dans cet esprit "more is more", unique dans le circuit indé. Et à la limite les Butthole Surfers, l'esprit foutraque avec doigt dans le cul en sus.
On ne voit guère que la fratrie des américains Fiery Furnaces à être ainsi allée aussi loin dans cet esprit "more is more", unique dans le circuit indé. Et à la limite les Butthole Surfers, l'esprit foutraque avec doigt dans le cul en sus.
Car Cardiacs, c'est avant tout cela : des poppers ayant gardé l'éthique punk de leurs premières années, doublés de musiciens et compositeurs doués et ambitieux. Aucun risque d'indigestion avec ce groupe inclassable. Plutôt celui d'être pris dans un tourbillon vertigineux de mélodies qui fait rare, n'empruntent ici à personne ; tout au plus note-t-on des Who cités dans "Flap off you beak".
Un disque plus loin et Cardiacs seraient en sommeil ; ce qui relève du drame pour tous ses admirateurs. Et pour ceux qui on pris le temps de découvrir cette musique à nulle autre pareille. Ce sont souvent les mêmes.
En bref : groupe OVNI, sans équivalent dans la pop anglo-saxonne de ces 50 dernières années, Cardiacs atteint ici une forme d'apogée de son art. Une musique dont l'élaboration le dispute à la fraîcheur iconoclaste de ses membres et de son leader omnipotent Tim Smith.
6 Comments:
ça m'apprendra à délaisser dodb!!
je découvre, ravi, ce post sur les cardiacs
j'adore ce groupe, ce mélange de punk et de trucs tordus à la Zappa, ses progressions harmoniques inattendues
je suis fan du split avec Camp Blackfoot !!
merci de rendre hommage à ce super groupe, dont tout le monde se fout !
J
Whaou, ainsi comme moi, tu es un toqué du groupe ?
Les fans les plus invétérés disent et c'est vrai, qu'une seule de leurs chansons contient plus d'idées que l'oeuvre intégrale de bien de groupes.
oui, je les ai découvert il y a un ou deux ans, je suis total fan.
avec les copains on s'est amusé à composer une coda à la manière des cardiacs , sur une de nos compos ; ils ont une conception trés personnelle de l'harmonie, trés libre, un peu comme robert Wyatt ; ça sonne terrible. en tout cas tu as raison, ça n'a rien à voir avec du prog. Pour moi c'est la même famille que Devo, oui, et aussi Nomeansno, que j'adore.
sur un des morceaux du split avec campblackfoot, une note aigue est tenue pendant trois plombes, mais traverse toute une grille bien chiadée, qui lui donne des couleurs différentes ; aussi fort que Morriconne !!
bises
Ha ha, ne serait-ce point la note aiguë du final de "Dirty boy", morceau que j'arrive peu à peu à décrypter à la guitare.
Ce n'est pas tant les accords qui sont difficiles que les changements incessants des harmonies et des thèmes musicaux qui s'entrelacent.
M'enfin, maintenant je peux le jouer.
Ce groupe qui peut déconcerter, est absolument unique en son genre. Tiens, je les mets, au niveau de Prince lorsque ce dernier se piquait de morceaux alambiqués partant dans tous les sens style "3 chains o' gold".
Et non effectivement, ça n'est pas du prog car cela reste "simple" et extrêmement humble dans son approche mélodique ; même si le nombre de mini-thèmes et de breaks dans la même chanson est ahurissant.
Comme je le dis dans la chronique, je ne vois que les Fiery Furnaces qui, avec moins de bonheur encore, parviennent à livrer une pop aussi ambitieuse et "compliquée.
Tim Smith est véritablement un compositeur exceptionnel.
Et non Jé, il ne faut JAMAIS délaisser DODB. ^^
Jé, la prochaine fois que tu passes à la maison, prends ton saxophone et on se fait les 9 minutes et quelques de "Dirty boy".
Tu fais la partie lead de la guitare au début (mi, fa# sol, do, do si, ), puis celle du chant tout le long, et je faisla rythmique.
Impossible à chanter, c'est trop aigu.
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