12 avril 2018

Labi Siffre - Remember My Name (1975)

A la manière d'autres grands artistes noirs dont tout le monde connaît les musiques mais que personne ne cite, l'anglais d'origine nigériane Labi Siffre se stuerait dans un Panthéon  où pourraient se côtoyer des Lee Dorsey, Syl Johnson, Gil Scott-Heron ou bien encore Terry Callier, tellement plus trendy il est vrai.


Comme ses contemporains, et notamment le grand Gil Scott Heron, dont il partage l'injuste déficit d'image, Claudius Afolabi Siffre (de son nom complet) est un poète et essayiste qui a abondamment publié sur la cause noire et queer.

Bien que ne reniant jamais son identité gay, il n'est curieusement que peu question d'amours masculines dans ses nombreuses (et belles) chansons d'amour où le féminin est plus souvent qu'à son tour convoqué.

Labi Siffre est avant tout un chanteur exceptionnel, qui possède un vibrato à se damner ; et à faire chavirer tel un Terry Callier les plus endurantes des âmes blasées. Tout le monde ou presque l'a repris, qu'il s'agisse de Madness ("It must be love" extraite de son 3ème album Crying Laughing Loving Lying de 1972), les rappers, le Wu Tang en tête.

Et bien sûr, il y a l'affaire "I got the", incroyable ouverture funky de Remember The Name, 5ème et meilleur album de l'artiste. Sans parler des divines cordes d'intro que Primal Scream samplerait sur son "Kill all hippies", ces mêmes cordes qui s'affolent en des trémolos de folie après le fameux break... Oui le fameux break au Wurlitzer que tout le monde connaît et  sur lequel un rappeur blanc indigne a bâti sa réputation et a au passage, fait dériver la notion de sample à un degré de plagiat rarement atteint.

Et on fera l'économie des attaques de batterie dont les crate diggers DJ's de la planète se sont repus - l'intro de "The vulture" constituant universellement un cas d'école.

Tout le reste de cette oeuvre est un pur régal : des tendres et solennelles odes au Fender Rhodes que sont les déchirants "Down" et "Remember the name", le morceau-titre.

Mais il y a aussi, la superbe envolée de 12 cordes que Labi Siffre de sa voix de velours envoie avec une expressivité et une émotion qu'il n'est pas éhonté d'aller chercher du côté du divin Marvin Gaye.

Sur les 8 morceaux signés de la main de Labi que comptent les 9 plages du disque, aucun remplissage. L'album avec ses 42' syndicales, varie tour à tour les ballades et les tueries soul ("I got the", "The vulture", "Sadie and the devil") dans lesquels la wah wah est bien entendu présente ; avec d'incroyables arrangements de cordes et de cuivres ; le tout serti d'une production aux petits oignons.  Signée du producteur qui produisit le premier Deep Purple ; c'est dire si ce disque claque.

Dans un palmarès restreint de l'incroyable patrimoine noir, Remember My Name occuperait inévitablement une place de choix. Un must have que cette création du génial auteur-compositeur-guitariste et claviériste.

En bref : l'un des 10 disques essentiels d'une culture afro-américaine qui a donné à la soul anglophone - ici britannique - ses plus belles lettres de noblesse. Indispensable.
 

2 Comments:

Ju said...

Et dire que je ne connais pas ce disque, je vais aller écouter ça dare-dare. Merci !

Nickx said...

L'un des plus grands disques noirs ever. Et en plus la voix est terrible.
Un des rares soulmen encore vivants.