Voilà une super compil' sortie chez Soul Jazz Records, il y a déjà sept ans. Si vous avez envie d'être un peu décoiffé, marre de la variét' et de la chanson française festive, du stoner rock, de la neo cold wave, bref des trucs bien plats et bien chiants (mais qui vendent), et bien c'est ce qu'il vous faut. Le soleil en plus!
Ce disque donne un aperçu trés riche (deux volumes) de la fusion opérée dans les années soixante entre musiques trad' brésiliennes (samba, forro) et jazz américain (le noir, le vrai, pas le blanc commercial, mais c'est pas vraiment une question de couleur c'est une question d'énergie).
Ces gens sont des cinglés, surtout sur le plan rythmique. L'art de la polyrythmie est très très poussé chez les percussionnistes et chez les batteurs, quand on les écoute, on ressent un peu la même sensation de décrochement de mâchoire que quand on écoute un duo tablas/sitar dans la musique indienne, ou le nouvel album de Meshuggah. Mais on trouve une harmonie très jazz dans ce répertoire, pour le coup très éloignée d'une harmonie de musique trad', avec beaucoup d'accords, souvent enrichis (du genre F13 : le jazz étant une musique avec beaucoup d'accords jouée devant peu de gens, le rock étant une musique avec peu d'accords joué devant beaucoup de gens :-)). les voix ont enfin une place très importante.
Pour les amateurs de feu d'artifice, on conseillera d'abord le génial Quarteto novo. C'est le groupe qui impressionne le plus. Constitué de grosses pointures qui feront ensuite chacun une belle carrière, ce quartette ne nous aura livré qu'un album en 1965, mais quel album ! Hermeto Pascoal est à la flûte, Airto Moreira, qui jouera bientôt avec Miles Davis, aux percussions et à la batterie. Les structures sont complexes et les parties écrites plus nombreuses que dans le jazz américain, les unissons sont diaboliques (amateurs de Zappa, précipitez-vous!), les impros sur tempo rapide éblouissantes, ça accélère, ça ralentit, c'est tantôt hyper mélodieux, tantôt ultra rythmique, bref, la boucherie do brasil.
On écoutera aussi des choses en apparence plus faciles, mais assurément plus tubesques. Par exemple, "Batucada" de Luis carlos Vinha. Un petit air tout con joué à la flûte traversière, mais derrière ça joue grave, le batteur multiplie les polyrythmes jusqu'au vertige, ring, cymbales, caisse, toms, tout y passe. On écoutera aussi le tube des tubes dont le number one du groove bossa de cette compil' : "Sam blues", du Sambalanco trio. Un trio piano/basse/batterie qui déboîte tout.
En bref : la compil du soleil, qui regorge de musiciens mutants (à ne pas confondre avec Os mutantes, trés chouette groupe lui aussi brésilien, mais plutôt garage-prog !).
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