Voilà un disque bien atypique connu
d'une petite poignées de passionnés. Avec sa pochette folklorique,
on aurait vite fait de le zapper en tombant dessus en brocante.
Pourtant, les quelques originaux encore sur le marché s'arrachent à
prix d'or, et l'on ne peut que saluer sa récente deuxième réédition
en 40 ans. Les connaisseurs peuvent enfin écouter sur vinyle ce
petit chef d'oeuvre inclassable de jazz à la française.
Fils de chemineau, Henri Texier né à
Paris en 1945 de parents bretons. Dès l'âge de 15 ans, il joue
régulièrement du piano en clubs parisiens, d'abord en
accompagnateur pour l'orchestre de Jef Gilson puis dans les années
60 auprès des prestigieux Donald Byrd, Dexter Gordon, Kenny Drew,
Bud Powell ou Kenny Clarke pour ne citer qu'eux. En 1968 il rejoint
Martial Solal et Lee Konitz mais c'est dans les années 70 qu'il se
met à élargir sa palette d'instruments, en total autodidacte.
Fan de Wilbur Ware, Henri jette
définitivement son dévolu sur la contrebasse. Mais sur ce deuxième
disque solo (comme sur Amir en 1975), il perfectionne la technique du
re-recording et superpose lui-même ses propres enregistrements de
contrebasse bien-sûr, mais aussi de oud, de bombarde, de flûte, de
fender bass, de percussions mais aussi de voix (ici pas de mots,
juste des sons).
On trouve sur cet album relativement
court de 9 morceaux un charme indéfinissable. Inspiré par la
culture celte mais aussi par l'Afrique du Nord et l'Inde, on a la
sensation d'écouter un crossover de genre assez inédit, plutôt
précurseur, sans cesse sur le fil, et qui il faut le dire n'a pas
pris une ride. Cela n'a d'ailleurs pas échappé aux producteurs de
musiques électroniques Bonobo ou Chinese Man qui ne se sont pas
gênés pour sampler "Les
là-bas", faisant
immédiatement monter la cote des rares copies encore disponibles.
Même si j'avoue ici ne pas avoir
écouté le reste de sa prolifique discographie, Henri Texier semble
avoir roulé sa bosse en toute discrétion et a su se faire respecter
par le milieu. Plus anecdotique, il a été fait Chevalier de la
Légion d'Honneur en 2001.
En bref : un disque iconoclaste et
intemporel de jazz français saupoudré d'influences africaines et
indiennes. Une perle à redécouvrir sans plus attendre.
2 Comments:
Je ne connaissais absolument pas. J'ai écouté, c'est intriguant et plaisant.
Trés chouette
le mec touche méchamment au oud
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