Sans égaler leurs grands disques d'antan et notamment l'insurpassable Only Heaven, voilà néanmoins un come back qui fait plaisir. Celui des Young Gods dans leur quasi formation originelle qui plus est avec Cesare Pizzi de retour aux machines et samplers en lieu et place d'Al Comet qui lui avait succédé dès après L'Eau Rouge (1989) qui fit son succès
Le groupe qui continuait à produire des disques depuis plus de 20 ans n'avait pas spécialement fait parler de lui lors des quelques disques essaimés depuis lors - on pense notamment à Second Nature (2000). Et beaucoup d'artistes se réclamant de l'illustre trio zürichois, Nine Inch Nails entre autres, ont entre temps raflé la mise.
Beaucoup de musiciens ont revendiqué du reste le savoir-faire du trio ; Bowie avait par exemple initié son diptyque techno (Outside / Earthling) en se mettant à la page et en citant à l'envi le groupe de Franz Treichler.
The Young Gods revient aujourd'hui sur des terres plus apaisées et moins indus que lors de leurs premiers efforts légendaires. Data Mirage Instagram est en tout cas leur album le plus cohérent depuis plus de 20 ans. Le retour de Cesare Pizzi a curieusement de l'aveu du groupe permis d'accentuer le parti-pris collégial de la composition dont l'affaire était peu ou prou jusqu'alors le fait de Franz Treichler, devenu une sorte de directeur artistique du trio. Sans oublier l'homme de l'ombre, le producteur et arrangeur Roli Mosimann, remplacé entre temps par l'incontournable Alan Moulder, homme à tout faire de U2 et Depeche Mode autres admirateurs avoués du groupe.
L'appétence pour les titres étranges en français n'a en touts les cas pas disparu ; "Entre en matière" offre à cet égard une boucle doucereuse de guitare qui s'insinue peu à peu jusqu'à révéler les véritables aspirations rythmiques des Young Gods. Celles-ci se déclinent sagement dès "Tear up the red sky" et jusqu'à "All my skin standing" véritable noyau du disque. Sur laquelle traîne à nouveau cet l'helvétique et impayable accent traînant sur les voyelles ("Au feeeeur et à meseuure"). Autre réussite, "Moon above et ses très inhabituels accents dépouillés bluesy. Qui démontre si besoin était que tel un Alan Véga ou un Christophe de nos contrées, nombreux sont les musiciens de l'electro à se rassasier sur du 12 mesures vintage.
Sans renier les recettes qui ont fait ses succès antérieurs, ce 10ème Young Gods cite cependant moins les éléments tels qu'il avait coutume de le faire, les 7 mouvements de ce nouveau disque sonnant bien moins percussifs ou telluriques que par le passé. On se fera notamment cette réflexion sur le très ouaté et vaporeux "Everythem" qui clôt l'album.
Qu'à cela ne tienne, si l'infernale machine à samples helvétique est moins prodigue et surprend moins, elle n'en conserve pas moins ses capacités hypnotiques et son savoir-faire.
En bref : le retour très digne du meilleur groupe suisse de sa génération. Sur des terres ambient jadis explorées par sa cohorte d'admirateurs/suiveurs dont les très estimables Bowie et Trent Reznor, The Young Gods délaisse la lave et fait à nouveau parler l'hypnose.
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