En ces temps de bienséance hystérique et de hashtags vengeurs, la pensée unique met l'art sérieusement à mal. Les no-lifers de 2019 qui reprochent leurs idées sociétales et politiques à des artistes en oublient justement qu'ils sont artistes et doivent avant toute chose être appréhendés à l'aune de ce qu'il créent.
Morrissey apporte-t-il son soutien à Nigel Farage leader d'extrême-droite britannique qu'on le met au ban et pour les plus radicaux de ses détracteurs, on s'interdit même de mettre en vente son nouveau disque comme c'est le cas pour une enseigne du Pays de Galles. Rien de plus cohérent finalement que cette vindicte quand on vit à Cannes le traitement ignoble réservé à Alain Delon pour ses propos "politiquement incorrects", un Alain Delon qui offrait on s'en souvient sa majestueuse plastique à la pochette de The Queen Is Dead, disque emblématique du Moz avec les Smiths, pour le magistral L'Insoumis (sic) d'Alain Cavalier. Le 21ème siècle sera censeur ou ne sera pas. Bien, on peut parler musique maintenant ?
Morrissey apporte-t-il son soutien à Nigel Farage leader d'extrême-droite britannique qu'on le met au ban et pour les plus radicaux de ses détracteurs, on s'interdit même de mettre en vente son nouveau disque comme c'est le cas pour une enseigne du Pays de Galles. Rien de plus cohérent finalement que cette vindicte quand on vit à Cannes le traitement ignoble réservé à Alain Delon pour ses propos "politiquement incorrects", un Alain Delon qui offrait on s'en souvient sa majestueuse plastique à la pochette de The Queen Is Dead, disque emblématique du Moz avec les Smiths, pour le magistral L'Insoumis (sic) d'Alain Cavalier. Le 21ème siècle sera censeur ou ne sera pas. Bien, on peut parler musique maintenant ?
Sur ce 12ème album, excluant les nombreux lives et autres compilations, Morrissey se paye son disque de reprises et arrive alors l'argument imparable : il est à sec, n'a plus rien à dire. Si tel est le cas, sachons-lui gré d'avoir remarqué que ses derniers albums et ses dernières chansons n'étaient pas à la hauteur de son majestueux ramage voire franchement en-deçà , et qu'il fallait peut-être puiser son inspiration ailleurs.
Est-ce pour se racheter une conduite ou bien pour montrer au monde que les accusations de racisme dont il fait l'objet sont quelque peu outrées, Morrissey reprend ici deux titres emblématiques de la contre-culture folk du Greenwich Village des sixties : il s'agit des fameux "Only a pawn in their game" et "Days of decision" de Bob Dylan et Phil Ochs, odes à la défense des droits civiques... des Noirs. Bien sûr l'interprétation quoique magistrale - Morrissey à la façon d'un Sinatra est de plus en plus impressionnant vocalement - porte beaucoup moins d'impact que celles de leurs auteurs in situ.
Un autre titre de la sainte trinité folk, le "Lenny's Tune" de Tim Hardin complète la contribution à la poésie militante beat.
Le reste est un feu d'artifice que certains sons de synthés appuyés ne parviennent pas à ruiner. Morrissey à la vérité fait tellement siennes ces chansons qui l'habitent qu'il les transfigure, les surpasse aisément. Il en va ainsi de l'hymne de Jobriath, première icône rock gay morte du sida (avant Klaus Nomi et Ricky Nelson) dont il livre une époustouflante version qui en éclipse le vernis glam. Et que dire de "Lady willpower" de Jerry Fuller popularisé par Gary Puckett and The Union Gap... un festival ! Les grands chanteurs et crooners sont également à l'honneur : Roy Orbison ("It's over"), les grandes compositions Bacharachiennes telles "Loneliness remembers what happiness forgets" popularisée jadis par la divine Dionne Warwick.
Ici, un savoureux air de bossa ("Wedding bell blues") de la non moins captivante Laura Nyro, là un plaidoyer en faveur des enfants ("Suffer the little children") pour ce qui est une attaque en règle de l'Education nationale qu n'est pas sans rappeler le virulent "Headmaster ritual" sur Meat Is Murder - titre à ne pas confondre avec le "Suffer little children", somptueux épilogue en forme de fait divers criminel et sordide narré sur le premier album des Smiths.
California Son renferme ainsi 12 favorites du plus controversé mais aussi du plus essentiel chanteur anglais des dernières décennies. Dont l'épitaphe pourrait bien être en ces temps troublés de concerts annulés, de crabe dévastateur et envahissant ces mots prophétiques de la chanson de Melanie (Safka) sur "Some say I got devil" qui clôt l'album.
Some say I got devil / some say I got angel / I am just someone in trouble / I don't think I'm in danger
En bref : au-delà de tous les préjudices, au-delà de tous les préjugés, une nouvelle pierre à rajouter à l'édifice musical de Morrissey. Les Pères la vertu et ceux que le timbre si particulier de l'artiste a toujours irrité passeront leur chemin. Les autres se féliciteront de retrouver un artiste majeur au sommet de son art après les quelques errances de sa discographie récente.
Un autre titre de la sainte trinité folk, le "Lenny's Tune" de Tim Hardin complète la contribution à la poésie militante beat.
Le reste est un feu d'artifice que certains sons de synthés appuyés ne parviennent pas à ruiner. Morrissey à la vérité fait tellement siennes ces chansons qui l'habitent qu'il les transfigure, les surpasse aisément. Il en va ainsi de l'hymne de Jobriath, première icône rock gay morte du sida (avant Klaus Nomi et Ricky Nelson) dont il livre une époustouflante version qui en éclipse le vernis glam. Et que dire de "Lady willpower" de Jerry Fuller popularisé par Gary Puckett and The Union Gap... un festival ! Les grands chanteurs et crooners sont également à l'honneur : Roy Orbison ("It's over"), les grandes compositions Bacharachiennes telles "Loneliness remembers what happiness forgets" popularisée jadis par la divine Dionne Warwick.
Ici, un savoureux air de bossa ("Wedding bell blues") de la non moins captivante Laura Nyro, là un plaidoyer en faveur des enfants ("Suffer the little children") pour ce qui est une attaque en règle de l'Education nationale qu n'est pas sans rappeler le virulent "Headmaster ritual" sur Meat Is Murder - titre à ne pas confondre avec le "Suffer little children", somptueux épilogue en forme de fait divers criminel et sordide narré sur le premier album des Smiths.
California Son renferme ainsi 12 favorites du plus controversé mais aussi du plus essentiel chanteur anglais des dernières décennies. Dont l'épitaphe pourrait bien être en ces temps troublés de concerts annulés, de crabe dévastateur et envahissant ces mots prophétiques de la chanson de Melanie (Safka) sur "Some say I got devil" qui clôt l'album.
Some say I got devil / some say I got angel / I am just someone in trouble / I don't think I'm in danger
En bref : au-delà de tous les préjudices, au-delà de tous les préjugés, une nouvelle pierre à rajouter à l'édifice musical de Morrissey. Les Pères la vertu et ceux que le timbre si particulier de l'artiste a toujours irrité passeront leur chemin. Les autres se féliciteront de retrouver un artiste majeur au sommet de son art après les quelques errances de sa discographie récente.
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