23 décembre 2021

FACS - Present Tense (2021)

C'est entendu. Le math-rock, c'est chiant comme la pluie. Déjà cette terminologie... pompeuse, lénifiante. Qui sous-entend un préambule scientifique puisque ternaire et louvoyant vers le jazz. Un peu du reste comme cette baleine dite rock progressif... qui n'a souvent de progressif que son intitulé.

Là dessus et pour corroborer, arrivent tous ces groupes Battles, Preoccupations et consorts qu'on décrit parfois comme post-rock mais qui se branlent un peu la nouille.

FACS pour Fluorescence Activated Cell Sorting nait des cendres du groupe Chicagoan Disappears en 2018. Ce déjà 4ème album qui pourrait être celui de la consécration donne à écouter 7 pièces  de 6 ou 7' en moyenne. Sur une section rythmique solide (Alianna Kalaba à la basse saturée façon Motörhead et Noah Léger aux percussions), le chanteur ou plutôt déclameur-guitariste Brian Case compose sur des tuning même pas open, des riffs déstructurés, répétitifs mais terriblement envoutants. On n'est pas loin du procédé de Sonic Youth, qui était d'utiliser une guitare désaccordée en mode percussif. Case, sorte de sosie de Lee Ranaldo, a d'ailleurs frayé sur des projets solo avec Steve Shelley, le batteur poupin new-yorkais.

Adepte de la technique du cut-up pour ce qui est de ses textes - on écrit des phrases en vrac avant de piocher au hasard et de broder - Brian Case se dit lui-même guitariste limité. A le voir maltraiter ses Mustang ou Jazzmaster sur l'excellente capture live présente sur Youtube, l'on se dit que ce musicien ou plutôt non-musicien autoproclamé, a tout compris aux affres de la création musicale qui ne repose pas sur une obligatoire technicité pour nourrir des morceaux que lui seul serait capable de reproduire. On ne comprend d'ailleurs rien à ses accordages à vide. Une musique qu'on n'imagine pas s'embarrasser de l'utilisation de capodastres. C'est pourtant le cas sur le morceau-titre.

Gimmick post-moderne entre tous, Case choisit d'illustrer le clip de "Strawberry cough", meilleure chanson de l'album, par la présentation de pochettes de disques de sa collection. A l'écoute d'un autre titre, le remarquable "Alone without" tout de vibrato pilonnant, l'auditeur se dit que Swans ou My Bloody Valentine doivent figurer en bonne place. Et effectivement, à mi-lecture et même si pas de Loveless (1991) ou de MBV (2013), le groupe de Kevin Shields apparaît en de nombreuses déclinaisons de maxis. On pense à  Liars aussi mais le clip ne dure que 5'35''.

Rien de nouveau sous le soleil pour qui est rompu aux joutes noisy et à la scène shoegaze. Nonobstant, Present Tense exerce sur le cerveau un pouvoir d'hypnose et d'attraction, se révélant même aguicheur par moments.  A noter cette belle monochromie orange de la pochette, inspirée d'un projet immobilier et réalisation maison (ha ha), en parfaite adéquation avec la ligne abrasive du disque.

En bref : les nouveaux venus d'une scène math-rock que l'on pouvait considérer comme éculée mais à laquelle des Chicagoans rendent leurs lettres de noblesse. Illustration avec une pochette abrasive et à l'avenant.

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