On a souvent tendance à délaisser les contributions musicales de l'autre pays du fromage. Peut-être justement parce qu'il n'y est pas question que de fromage. Or, des exactions freakbeat des divines sixties aux scènes pop et electro émergentes des années 80, beaucoup de choses essentielles qui des Ousiders, Q65 ou Motions jusqu'aux merveilleux Nits et de l'incunable scène indus new wave, méritent d'être (re)découvertes.
Parmi elles, le duo formé par les deux amis bataves Paulus Wieland (guitare, claviers) et Richard Neumoller (chants et bandes) qui s'adjoignent assez rapidement les services d'un troisième compère ingénieur du son Ton Willekes. Le trio d'abord éconduit par les maisons de disques car ne se soumettant à aucune compromission commerciale adopte vite une nouvelle structure (Clogsontronics). En effet leurs premières demos ne sont pas retenues et ne feront l'objet d'une réédition que des décennies plus tard. Un premier album For This Is Past sort en 1983. Le titre de l'album fait écho à This Is Future, oeuvre unique du duo culte et compatriote Störung aux sonorités davantage post-punk que synth-wave toutefois.
Tout au long des 10 titres sépulcraux du disque où l'on sent l'influence kraftwerkienne présente, celle aussi des voisins belges de Front 242, règne une atmosphère élégiaque, des lignes mélodiques entêtantes (ce son typique de basse Fender VI). En dépit d'un succès local, on se demande comment un morceau tel que "The art of being" a pu passer ainsi sous les radars des charts internationaux ? C'est à n'y rien comprendre. Mais là n'est pas la seule incongruité.
En effet, "Maitre satori" défriche à lui seul le meilleur de la scène synth-wave européenne à venir. Le chant atone et désabusé de Lawrence de Felt dont les premiers efforts sont contemporains est ainsi en gestation. Et si "Better life's", "The art of being" doivent beaucoup à Wire et à la scène post-punk, la touche hantée qu'insuffle Ensemble Pittoresque est assez unique.
Air a dû beaucoup écouter le vocoder de "Love song" et tous les addicts de la French touch et au-delà ne manqueront pas de tressaillir aux nappes et choeurs de "Auratorium" ni au roboratifs sample vocal de "Building brains" ainsi qu'aux cris de hibou glaçants de "Reichsdorfr room 6".
Malgré son statut évidemment culte, For This Is Past a des airs de classique instantané. Un deuxième et ultime album (à peine moins réussi) Frequenz suivra un an plus tard et on en restera à un secret de plus bien gardé. Il est temps de chiller hollandais
1 Comment:
Je ne sais par quel prodige le nombre de vues de cette chronique ne décolle pas mais l'important est évidemment ailleurs : il faut écouter et(re)découvrir ce grand disque de synth pop qui en aura influencé plus d'un passé sa date de publication en 1983.
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