08 mars 2023

Belle & Sebastian - Late Developers (2023)

Comment peut-on être si douloureusement schizophrène ?  Tout le monde aura remarqué que Belle & Sebastian jadis intrépide escouade de poppeux écossais reconvertis mainstream, avait pour le moins ruiné ses récents disques du fait d'effets de production parfois grossiers. Y compris sur leur précédent A Bit Of Previous, paru seulement un an avant Late Developers et qui annonçait un regain de forme.

Là, dans ce qui est décrit comme un disque issu de sessions concomitantes, paraît le déjà 13ème album des calédoniens qui d'emblée semble renouer avec une caution mélodique dont on a toujours su Stuart Murdoch et sa troupe capables.
D'emblée "Juliet naked" annonce de beaux auspices et une créativité retrouvée : rythme enlevé, délicats arrangements flûtés qui ne donnent pas dans la surenchère. Lui succède "Give a little time" assez délicieux et une nouvelle fois plutôt groovy, chanté par Sarah Martin et qui a la bonne idée de réutiliser les même accords de piano northern soul que ceux de "Women's realm", déjà lointaine parution du groupe et probablement sa meilleure (Fold Your Hands Child  You Walk Like a Peasant). On se dit que débarrassé de ses élans tubesques, le groupe tient le bon bout d'autant que tous les titres de la face A sont à l'avenant. Le groupe renoue avec sa délicatesse initiale, ses premières amours avec le ravissant "Will I tell you a secret" qui porte la patte de ce groupe n'ayant pas son pareil pour susurrer des couplets que l'auditeur peut s'accaparer comme autant d'offrandes personnelles et uniques. "So in the moment" qui envoie du bois est défendue au chant lead par Stevie Jackson. Le discret guitariste retrouve ici l'inspiration de "The wrong girl" ou de "Step inside my office, baby" pas moins, dans ce qui est peut-être la meilleure chanson du disque. Jusqu'à tant que Murdoch lui rende la pareille dans le très choral et réussi "The evening star".
Partant, on n'est pas loin de penser que l'on tient le meilleur album de Belle & Sebastian depuis des lustres... depuis Dear Catatstrophe Waitress (2003), tiens !

Sauf que patatras, le groupe se reprend les pieds dans le tapis et convoque une face B pour le moins douteuse. Passe encore sur le "When you're not with me" et sa ligne de basse bien putassière et bien sûr sur ce "When the cynics stare back from the wall", salutaire parenthèse dans un océan de médiocrité caractérisé. Mais il est à entendre ensuite de bien embarrassants hymnes discoïdes auxquels l'Eurovision n'aurait pas rêvé dans ses pires cauchemars, ce "Do you follow? "inepte et surtout un "I don't know what you see in me" (on ne te le fait pas dire) tout à fait repoussant. Avant un morceau-titre qui clôt l'affaire, tout à fait quelconque.
Qui prouve si besoin était que B&S a toujours été plus crédible en disciple de Love qu'en émule d'Abba.

En bref : un disque schizophrène : délicat et inspiré puis complètement ruiné sur sa deuxième face par une production vulgos et les vieux démons mainstream du groupe. Dommage. Car on tenait à priori un bon cru.

 


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