Le début / milieu des années soixante-dix s'apparente pour Alice Cooper (le groupe) qui d'ailleurs n'y survivra pas, à un âge d'or. Après deux albums encore un petit peu mal dégrossis, tout se met en place dès Love It to Death (71) et le restera jusqu'à Billion Dollar Babies et à un degré moindre Muscle of Love, tous deux de 1973. Puis ce sera l'implosion du groupe.
Les fans purs et durs ont tendance à préférer le fantastique Killer également de 1971, (quel binôme avec Love It to Death) à tous les Lp's d'époque d'Alice ; mais à la vérité si l'album qui nous occupe est notre préféré, tous sont des classiques méritant de figurer dans toute discothèque. D'autant qu'à compter de Love..., tous les albums du groupe de Detroit deviennent de l'or en barre commercialement parlant ; la critique suivant aussi cela va sans dire. Le grand Bob Ezrin qui supplée une autre légende en la personne de David Briggs à la production, n'y est pas étranger, qui pose en sus les jalons du Alice Cooper version solo.
School's Out qui atteint la 2ème place des charts US contient également la chanson-titre, succès massif car premier n°1 du groupe. Sur ce morceau acéré à l'intro cisaillée d'un riff parfait et légendaire, Alice fait preuve de son esprit séditieux en mentionnant dans une optique somme toute très punk avant l'heure, son dégoût des institutions et de l'école en particulier. Sur la chanson est convoquée une chorale d'enfants, gimmick que se rappropriera plus tard Pink Floyd dans la même thématique nihiliste. Le single irrésistible et qui emmène l'album très haut, est de ces titres qui marqueront l'épopée glam rock sur les deux principaux continents à ferrailler jabots et guitares. Parfaitement raccord avec le pupitre d'écolier sur la pochette, livrée avec sa savoureuse petite culotte ; le mauvais goût et l'outrance étant aussi l'apanage d'Alice Cooper.
Déjà présent sur Killer et à son apogée ici, l'éclectisme musical dont sait user le groupe qui n'est pas qu'une usine à riffs. Si "Luney tune" est encore dans la voie hard-rock classique avec toutefois un Alice démontrant quel grand vocaliste il peut être sur le pont, le survolté "Gutter cat vs the Jets" avec son break mélodique échappé du célébrissime West Side Story de Bernstein conduit le groupe à la bataille rangée "Street fight" sur laquelle la basse de Dennis Dunaway fait merveille.
Et "Blue turk" qui clôt la face A sur une note de tuba, d'explorer une veine Dixieland plus jazz cabaret jusque là inédite et qui sera plus tard rééditée.
"My stars" sur une sorte de mid tempo donne à nouveau au fantastique duo de guitaristes Glen Buxton / Michael Bruce l'occasion de briller, secondés qu'ils sont par Dick Wagner qui débauché par Ezrin prend le solo. "Public animal #9" reprend l'affaire de l'hymne glitter momentanément délaissée.
"Alma mater" est cette merveille de ballade où monsieur Vincent Furnier (le pseudo d'Alice) démontre ses talents de crooner. Avant que le bien nommé "Grande Finale" ne parachève ce coup de maître d'un instrumental princier percé de synthés cuivrés joué par Michael Bruce.
Ce qui faisait la force unique d'Alice Cooper, c'est qu'en plus de compter deux guitaristes en son sein, reprenant ainsi un line-up très seventies - on pense entre autres aux marquants New York Dolls, MC5 et Blue Öyster Cult avec qui le Alice Cooper Band a beaucoup joué - tous ses membres étaient de redoutables musiciens et compositeurs, le batteur Neal Smith y compris. Cette escouade, sorte de Spiders of Mars à l'américaine (avec deux Mick Ronson) avait en plus la classe infernale esthétiquement parlant, l'exact contraire de Queen serait-on tenté de dire.
En 2018, le monde eut l'incroyable surprise de voir lors du Record Store Day le groupe mythique reformé, hélas orphelin du merveilleux Glen Buxton soliste en chef, décédé prématurément en 1997.
En bref : on ne présente plus ce disque, pièce maîtresse de ses auteurs et pièce emblématique d'un glam triomphant. Inusable.
2 Comments:
C'est marrant j'étais convaincu que tu l'avais déjà chroniqué..
Moi aussi :)
En fait, je l'avais en brouillon depuis des lustres (comme tant d'autres chroniques d'ailleurs).
Découvert en 1989 lors d'un voyage au fin fond de l'Espagne avec Virginie, tout comme le disque qui va faire l'objet de ma prochaine chronique du 21 juin.
Je ne m'en suis jamais remis.
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