29 juin 2023

Love And Rockets - Sweet F.A. (1996)

Cet album de Love And Rockets (le 6ème et avant-dernier) est le plus rasséréné de leur discographie. Aucun besoin de séduire ni de déployer la carte radiophonique. Depuis l'album éponyme de 1989 (pas le meilleur) qui les a vu cartonner et rallier les charts US, le trio de Northampton n'a plus rien à prouver et fait ce qu'il lui plaît.  Un excellent album ambient (Hot Trip To Heaven) est depuis passé par là, rompant les schémas pop d'antan.

Sweet F.A. bat le rappel des guitares qu'avait délaissées l'album précédent. Mais sans l'esbroufe des brillantes mais parfois écoeurantes parties noyées de pédales Boss d'écho et de delay, la marque de fabrique du groupe depuis ses débuts au sein des goths de  Bauhaus, dont "Bela Lugosi's dead"  fut l'emblème sonore.

Place au less is more avec cette nouvelle livraison. On a rarement entendu les guitares de Daniel Ash, le-guitariste-qui-ne-fait-jamais-de-solo (il en est d'autres aussi brillants et l'on pense en premier lieu à Johnny Marr) aussi peu distordues et apaisées.

Les chansons de cet album ne sont pas en reste de ce parti-pris. Des rythmiques et des arpèges comme s'il en pleuvait, exercice dans lequel Ash a toujours été très à l'aise. On nage dans un esprit rêveur, déjà présent dans l'oeuvre du groupe mais beaucoup moins lénifiant que par exemple dans Earth, Sun, Moon. l'album de 87.

Dès le morceau-titre et sa coda, l'épure est de rigueur et l'on retrouve cette coolitude sur maintes pistes comme par exemple les très alanguis "Pearl", ou "Shelf life" chantés d'une voix caressante par David J.  Ou bien encore "Sweet Lover Hangover" qui cite l'intro du mythique  "For what it's worth" de Buffalo Sprinfield. L'humeur n'est pas forcément affable ("Sad and beautiful world", "Words of a fool", "Natacha" superbes), est plutôt à la raison ("Judgement day"), rare exemple de distorsion sur le riff avec la note obsédante de l'inquiétant "Clean", réminiscent des standards du groupe .

On retrouve aussi ce qui a fait la force et le succès du groupe à savoir ces morceaux d'obédience bluesy et dépouillés sur lesquels la base fretless de David J fait comme d'habitude des merveilles ("Use me", Fever"). Cet album qui ne paye pas de mine, n'en fait pas des tonnes est pourtant l'une des clés de voûte de la discographie de Love And Rockets, groupe essentiel et encore trop éclipsé malgré son succès, par sa première mouture en quatuor.
 
2022 en coffret puis 2023 en sortie individuelle aura vu enfin la première édition vinyle de Sweet F.A. voir le jour. Avec comme souvent des ajouts de titres sur la dernière face, rompant avec l'harmonie du tracklisting original. Mais lorsque les chansons offertes ont la qualité d"un "My dark twin" devenue une favorite du trio en concert, on ne boude pas son plaisir.

En bref : sixième et presque dernier volet de l'aventure Love And Rockets. Où rarement un groupe issu d'un nom illustre aura à ce point supplanté en qualité son devancier.

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