Daddylonglegs, à ne pas confondre avec le groupe rock de Brooklyn Daddy Long Legs, était le projet éphémère de la paire de producteurs écossais Howie B. / Jeremy Shaw. Howie B. pour Bernstein à ne surtout pas confondre non plus avec Howie Beck musicien canadien de son état dont les oeuvres étaient concomitantes à celles en solo de Howie B. ; ce qui pouvait porter à confusion.
Dans les années 90 ces deux-là avaient le vent en poupe et leurs albums respectifs étaient abondamment chroniqués ici ou là. Berstein qui a un pedigrée de clubber et de producteur d'electronica, a frayé avec de nombreux artistes et collectifs de Grande-Bretagne à l'époque du trip-hop émergent. On le retrouve aux manettes derrière le fameux Wild Bunch qui vit émerger tant d'artistes importants : au mix des premiers singles de Massive Attack, dans l'ombre du mythique Maxinquaye de Tricky, aux côtés de Nellee Hooper avec qui il fit ses gammes aux balbutiements de Soul II Soul, avec Neneh Cherry évidemment.
Mais aussi auprès de grands noms de la new-wave dont les plus connus sont Siouxsie and the Banshees... et U2. U2 pour qui il devint une sorte de pygmalion façon Brian Eno ; et c'est vrai que Howie B. a partagé plus d'un point commun et pas uniquement physique avec le divin chauve. Comme lui Bernstein se décrit comme non-musicien, usant de manière empirique des matières sonores via un instint et une créativité que l'on subodore sans limites.
Horse est donc cette parenthèse enchantée où entre de multiples avatars et albums en solo d'obédience electro ou folk - l'un d'eux s'intitule même Folk (2001) et n'accueille rien moins que Robbie Robertson comme chanteur (!) - Howie B. avec son producteur ami dressent ainsi cette géniale ode au cheval. Avec des titres comme "Stallion", un clin d'oeil à Sydney Pollack ("They shag horses don't they ?"), "Giddy up" '(Hue dada !NDA) ou "Pony express", le fabuleux "Black beauty" avec ses boucles d'enfer, les refs sont partout présentes.
Sans doute très à l'écoute de ce qui se faisait à Detroit, voici le versant techno minimale que Howie B. et Jérémy Shaw proposent. A la façon d'un Carl Craig façon Landcruising (1995), le tempo est assez lent et procure l'effet d'une pulsation qui jamais n'est prise en défaut. Peu d'effets, on entend deux guitares et pas une de plus sur "Pony express" et "When Betty comes to town" avec même une voix sur ce dernier, celle de Will O'Donovan du projet Mayonnaise dans lequel oeuvrait aussi Howie B.
Economie de moyens, aucune boursouflure si ce n'est une rythmique ici et là plus appuyée ("A man called Betty"), on reconnait là l'héritage d'un Eno ; certaine plages n'auraient pas déparé sur Another Green World (1975).
Album unique en tous points, on entend même sur "They shag horses..." et c'est inédit pour être signalé, un sample du grand John Martyn issu du majestueux Solid Air (1973). Preuve que ces gens-là en plus d'être originaux, en hommes de goût avaient tout digéré leur bréviaire folk/pop. Si Howie B. samplait à tout va, il s'appellerait DJ Shadow.
En bref : un classique d'electro et de techno minimale, oeuvre d'un touche-à-tout de génie écossais qui a produit, mixé et travaillé avec à peu près toute la scène électronique britannique et pas que. Un album à redécouvrir d'urgence.
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