C'est l'époque qui veut ça : les groupes s'intitulent désormais Portugal. The Man quand ça n'est pas Cage The Elephant, Foster The People. Passons.
Ce 9ème disque du groupe originaire d'Alaska est aussi une ode à l'ami défunt Chris Black, une tendance en 2023 puisque les suédois de the Hives rendaient au même moment un vibrant hommage à l'existence apocryphe de leur mentor Randy Fitzsimmons.
Enfin, John Gourley, leader omnipotent de la bande et Zach Carothers autre membre permanent de l'aventure, semblent avoir ouvert les vannes du songwriting au reste de leur groupe ; Chris Black Changed My Life étant en effet la production la plus collégiale des faux lusitaniens.
On y retrouve pêle-mêle les gens de Unknown Mortal Orchestra sur l'hédoniste "Summer of luv" pour chiller sans effort. Et ici et là, des intervenants vocaux, producteur (Jeff Bhasker), musicien chevronné (le frère de Johnny Winter à la guitare !) sur l'étonnamment dépouillée (pour qui connaît les oeuvres fluo antérieurees du groupe) "Champ". Il y a même le nain Paul Williams sur "Anxiety : clarity" !
En dépit de quelques gimmicks hmmm évitables qui font de Portugal. The Man les pendants d'artistes aussi différents que John Cale, Jean-Louis Murat ou... Maître Gims - que fout cet épouvantable autotune sur l'intro de "Time's a fantasy ?!" - le groupe naguère flashy et sa pop pleine de saccharine, réussit enfin à tendre vers une sobriété qu'on ne lui connaissait pas. Jusque dans la pochette de disque qui jusqu'alors était à l'avenant.
Alors il y a toujours ces vocaux enfiévrés, très souvent mixtes et qui font plus qu'évoquer l'âge d'or d'Arcade Fire sans l'esprit gospel ("Heavy games II", Grim generation", "Anxiety : clarity"), de beaux morceaux hantés ("Doubt", "Champ"). Tout un esprit choral que l'on tant pu apprécier chez des formations nord-américaines hélas passées de mode comme Bodies Of Water et Family Of The Year ou plus près de nous des canadiens de Crack Cloud.
Beaucoup de titres ici s'avèrent tubesques ("Summer of luv', Thunderdome") mais sans le côté mille-feuilles ultra produit d'autrefois. Personne ne s'en plaindra.
Le disque a le bon goût de ne pas être verbeux, avoisinant ainsi les 36 ' sans qu'on n'y trouve à redire. Et le fait de virer concept en réutilisant telle mélodie, celle d'ouverture de "Heavy games II" ne donne pas une impression de facilité. Il y a dans Chris Black Changed My Life pas mal de motifs de se réjouir : des choeurs élégiaques, des refrains excitants et des enchaînements futés. Toujours se méfier des groupes indé US qui s'habillent comme Weezer et portent casquette comme Grandaddy. Cet album ne changera certes pas votre vie mas la rendra plus belle.
En bref : l'album préféré de ceux restés jusqu'ici sourds à l'art de Portugal. The Man. Chris Black didn't change my life but made my day.
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