En 1991, combien d'entre nous en âge de s'intéresser encore au rock indé, avons écouté en boucle ces madeleines diffusées par Bernard Lenoir qu'étaient "Kicking a pigeon" et "Mad went the barber". Deux titres parus sur un single promo proposé aux radios. Pour ne pas citer "Diego", première chanson diffusée sur l'antenne.
Bon des disques indé, il en sortait treize à la douzaine et on savait déjà pertinemment qu'à un moment donné, un tri s'imposerait. Mais assez vite, on se penchait sur ce curieux portrait d'enfant qui ornait le premier disque sans titre de ce "groupe" au drôle de nom cinématographique. Et l'auditeur curieux, de vite apprendre qu'il s'agissait de celui de Kim Fahy, homme à tout faire de l'un des groupes les plus importants et novateurs de son temps.
Kim Fahy citoyen britannique a passé une partie de son enfance en France et à la manière d'un Jean-Jacques Burnel s'exprime dans un français impeccable. Passionné de rock psychédélique (Pink Floyd), de new-wave aventureuse (Cure, Echo and the Bunnymen) et évidemment de pop dans son ensemble, notre homme a fourbi ses premières armes au sein des Assassins et un petit peu au sein de Miranda Sex Garden aussi, collectif gothique et majoritairement féminin. C'est d'ailleurs en compagnie de Chris Wilson, son acolyte et bassiste dans les deux combos qu'il lance The Mabuses, véritable faux groupe et vraie émanation créative solo.
Fahy est aussi un fervent admirateur des films de la Hammer, Warner et autres cinémas horrifiques et impressionnistes ; le nom de son avatar en dit déjà long. Très vite, on est intrigué par ces textes barrés dont l'un est littéralement dédié à l'extermination du volatile parasite (voir supra).
Et puis il y a cette musique, ces entrelacs et pistes de guitare absolument inclassables dont certaines parties peuvent rendre fou un guitariste aguerri, moins pour leur technicité que pour... leur écriture et superpositions. Toutes les intros sont magnifiques ("Cubicles", "Kicking a pigeon", "Gibbon walk", "The novice" vraiment flippante) avec des breaks renversants ("Thats how men drop"), des arpèges somptueux, les deux "Diego" très différents et complémentaires. Et il semble que ce soit Fahy qui se soit chargé d'empiler lui-même ces parties de guitares, que celles-ci soient compressées, à l'envers, comme sur l'infernal "Mad went the barber" et son outro qui sample vite fait les Beatles ; John Carruthers Valentine transfuge des Banshees n'étant pas encore là pour prêter main forte.
Que d'originalité dans ces soundtracks de poche, ces "Brightmares", "Gibbon walk" ou "The novice" ; chansons pouvant évoquer éventuellement l'esprit dérangé de Syd Barrett grande influence du Mabuse en chef mais en réalité sans aucun équivalent à ce qui peut alors se faire en indé à l'époque.
Assez curieusement, Kim choisit sur ce premier disque de mixer sa voix très en retrait (il changera d'optique par la suite) tant il est vrai que celle-ci chétive ne lui a jamais convenu. Elle est pourtant pour beaucoup dans l'étrangeté de ce disque que les critiques et amateurs ont adoré mais qui reste à l'image de son créateur un artefact assez culte.... et curieusement facilement trouvable pour le commun des mortels.
On n'est pas prêt de se sevrer des ces guitares à l'attaque frontale et piquée telles que les affectionnait Tom Waits, de ces mélodies entêtantes et fragiles, pourtant les reflets d'une écriture parfaitement aboutie. D'autant que The Mabuses sait se faire désirer : trois albums en un peu plus de 16 ans - un 4ème existe aussi sous le nom d'Egomaniacs - et l'histoire s'est arrêtée en 2008 sans qu'on ne sache trop pourquoi ; notre homme continuant par tous les vents à composer et à créer. Précieux et difficile à cerner.
On n'est pas prêt de se sevrer des ces guitares à l'attaque frontale et piquée telles que les affectionnait Tom Waits, de ces mélodies entêtantes et fragiles, pourtant les reflets d'une écriture parfaitement aboutie. D'autant que The Mabuses sait se faire désirer : trois albums en un peu plus de 16 ans - un 4ème existe aussi sous le nom d'Egomaniacs - et l'histoire s'est arrêtée en 2008 sans qu'on ne sache trop pourquoi ; notre homme continuant par tous les vents à composer et à créer. Précieux et difficile à cerner.
En bref : en 1991, les fans d'indé rock étaient servis entre le premier album psychiatrique de Mercury Rev et cet espèce d'OVNI à mi-chemin entre le psychédélique et la new-wave. Il s'agissait en fait de l'acte de naissance de l'un des plus rares et doués songwriters qu'Albion ait jamais enfantés. Rien de moins.
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