C'est la découverte de l'année. Où un DJ, James Baron, rompu aux scènes électro et homme fort de moult déclinaisons chill (Crazy Penis, Secret Stealth) se retrouve comme beaucoup, face à lui-même lors du confinement de 2020.
Désireux de s'ouvrir à d'autres musiques qu'il vénère (Nick Drake, les harmonies vocales de Crosby Stills & Nash) notre quinquagénaire décide donc de perfectionner son finger picking et d'expérimenter les tunings chers à ses idoles. Il prend alors des cours du soir auprès de son ami Ben Smith qui intervient aussi sur ce premier lp et fourbit ses armes.
Notre homme ainsi subjugué par le son Laurel Canyon encapsulé par la Canadienne Joni Mitchell, se lance dès 2021 avec un premier EP sous son nouvel avatar, le très réussi Falling That You Know, qui vire babord toute vers la folk délicate. Ainsi pour la première fois, il est ainsi donné l'occasion d'entendre l'organe vocal de l'artiste. Organe pas si éloigné par certains trémolos de celui de Rustin Man, l'ex Talk Talk, même si de fait c'est davantage vers l'univers onirique et faussement désabusé que l'on pourrait rapprocher les deux hommes.
Et on en arrive donc à ce magistral Love Makes Magic. Dans lequel n'étaient la franchement groovy "Oxygen", que l'on peut lire comme une diatribe envers les réseaux sociaux et "Soul river flow" , souvenir de journées bucoliques passées en famille aux Aber Falls du Pays de Galles, il n'est que peu de part laissée aux parenthèses funky et dansantes. Ces deux morceaux irrésistiblement enchaînés font aussi la part belle à une sorte de mélancolie toujours empreinte d'ouverture d'esprit.
"Across the street" qui s'interroge sur les relations sociales exacerbées parfois faussement, pendant le confinement, "A life inbetween", mise au point revancharde mais pas vacharde et personnelle de l'auteur, la somptueusement écrite "Where the leaves are falling", hommage au couple parental miraculeusement épargné sont autant d'affolantes ballades pop folk nimbées de choeurs évanescents.
L'un des points forts du disque, en tout cas sa pièce centrale est "The ballad of San Marino", somptueux instrumental de 7' d'une folk song qui in fine prend son envol pop.
Autre coup de force où à nouveau l'éclectisme savant de James Baron règne en maître : cette reprise totalement rêveuse et transfigurée du "Phoenix" de The Cult sur laquelle Danielle Moore échappée des Crazy P vocalise de façon bienvenue. Magique.
Ah, et il y a aussi cette magnifique pochette qui convie à la fois dystopie et horizons solaires, soit la schizophrénie de ce remarquable premier effort solo.
Jim emmène sa folk vers des cimes douces-amères naguère visitées par l'un de nos culte représentants d'ici, Quiet Dan. Ici affleure davantage le background funky de l'artiste ; mais la qualité d'écriture pour ce qui s'apparentait a priori à une récréation devenue mise en abyme personnelle, s'avère invariablement étourdissante.
Jim a le mojo.
En bref : les débuts incroyablement réussis d'un vétéran des scènes dance et électro. James Baron transforme en or un recueil d'influences musicales et intimes, né d'un isolement forcé. Un coup de maître qui en appelle beaucoup d'autres.
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