09 septembre 2024

Hoodoo Gurus - Mars Needs Guitars! (1985)

Au cinéma, il est toujours plus facile d'émouvoir sur un sujet grave et universel qu'il n'est aisé de déclencher des fou-rire de qualité au plus grand nombre. En d'autres mots, on se demande parfois à l'aune du disque qui nous occupe s'il n'est pas plus simple de briller en donnant dans la musique cérébrale, arty et qui se la raconte plutôt que dans le sacro-saint axiome  couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain évidemment plus convenu.

La pop guitare-basse-batterie serait-elle une recette galvaudée ? Dave Faulkner, leader en chef des Hoodoo Gurus déclarait tout de même dans Best pour la sortie de l'excellent Magnum Cum Louder (4ème album du groupe) en 89 : "Mes chansons s'écoutent peut-être bien mais qu'est-ce que j'ai du mal à les pondre !".

Lorsque naît à Sydney Le (sic) Hoodoo Gurus au tout début des années 80, le groupe déjà emmené par son chanteur-leader Dave Faulkner est une sorte de groupe sonnant comme les Cramps  c'est-à-dire sans bassiste,  doté de deux guitares gavées de reverb et d'une batterie derrière laquelle officie James Baker, pas le Secrétaire d'Etat américain mais le musicien qui officiera au sein des Scientists, Dubrovnicks et autres Beasts Of Bourbons, mythiques formations australiennes. Cette formation sauvage n'existera que le temps d'un simple, le garage et très tribal "Leilani". Assez rapidement une ossature va se dessiner une fois les 3 premiers acolytes partis. Parmi eux les fidèles Mark Kingsmill remplaçant de Baker et parti depuis et le guitariste beau gosse Brad Shepherd.


Mars Needs Guitars! est l'album leur deuxième  qui les fait connaître en Europe et dans le reste du monde. Le son s'est affiné sans plus aucune aspérité et le groupe réussit une salve de chansons dont on se demande encore pourquoi et comment elles ne sont pas devenus des tubes. Pas moins de 4 simples  sont extraits, la très charmeuse "Bittersweet" sur laquelle l'on distingue le timbre d'une activiste pop, la regrettée Wendy Wild. Suivent "Poison pen" qui sonne très Dogs, et les endiablées "In the wild" et "Like a wow wipeout". Avec les Hoodoo Gurus, lorsqu'on aime la pop la plus pure, on est servi : à l'image des remerciements déclinés au verso de la pochette qui citent des gens aussi intègres que Flamin Groovies et Fleshtones; les fameux couplets et refrains proposés en enfilade sont étincelants. On navigue ici en pleine ligne claire sans aucune distorsion. A l'image de sa musique simple et accorte Dave Faulkner s'avère la valeur ajoutée de son groupe ; son timbre aigu et avenant l'emporte aussi bien sur le terrain pop que sur les chevauchées plus hillbilly ("Hayride to hell"). Laissant éventuellement le micro au chant tout de testostérone de Shepherd le temps d'un brulôt ("Mars needs guitars!") les Hoodoo Gurus incarnent tous ces rêves de groupes fantasmés lors des sixties : ceinturés de cuir, chemises à jabot, vestes de velours, l'école des garage bands en tout de même beaucoup moins fruste et beaucoup plus racé dans le songwriting.


Le final dans un déluge de chambre d'écho s'intitule "She" et n'est pas le classique de Aznavour revisité par Costello mais bien l'un des multiples sommets de Faulkner.

Malgré le contexte d'une musique passée de mode et qui depuis l'âge d'or des Beatles n'a plus jamais fait vendre, malgré les vicissitudes d'une carrière aussi longue, en dépit de la maladie qui a pu affecter Brad Shepherd et du break inhérent à toute formation, les Hoodoo Gurus sont toujours sur la route et continuent à produire des disques sans doute moins essentiels que ceux qui les ont fait quitter leur terre natale. Mais à la manière de leurs frères d'armes baroudeurs susmentionnés auxquels on peut rajouter Redd Kross, ces gens mourront sans doute sur scène car incapables de faire autre chose. Pour notre plus grande joie.

En bref : le parcours sans faute de musiciens aussie devenus prophètes mais pas uniquement, dans leur pays. Ceci est sans doute leur meilleur disque et une très revigorante ode aux power chords.

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