09 octobre 2024

Siouxsie And The Banshees - Kaleidoscope (1980)

Couleurs floues et Hamiltoniennes pour ce 3ème essai du grand groupe goth - Siouxsie And The Banshees est évidemment bien plus que ça. Première vraie réussite après les essais débraillés des débuts et sans doute l'un des points d'orgue d'une discographie qui n'en manque pas de ses débuts en 1978 avec The Scream jusqu'au bel album de reprises Through The Looking Glass. Cet album est important à plus d'un titre car il marque le premier bouleversement avec pertes et fracas dans la vie du groupe : le guitariste John McKay et le batteur Kenny Morris ont pris la poudre d'escampette lors d'une houleuse tournée. Qu'à cela ne tienne, Siouxsie continue l'aventure avec son partenaire d'écriture, le très inspiré Steven Severin dont l'inventivité n'est plus à dépeindre et Peter Clarke, exceptionnel batteur plus connu sous le nom de Budgie et qui sera de longues années le compagnon de la dame.

Et surtout les deux départs augurent de l'ère la plus féconde des Banshees qui voit l'arrivée et pour trois disques dont le sommet A Kiss In The Dreamhouse (1982) du plus inspiré des guitaristes post-punk. Malheureusement encore sous contrat discographique avec Magazine, John McGeoch n'apparaît pas sur les visuels de l'album pas plus que dans les clips où c'est Siouxsie le pauvrette qui mime les accords de "Christine". De fait et comme on est dans un entre-deux et qu'il n'est pas officiellement intronisé Banshee, McGeoch dont le rôle ne cessera de devenir prépondérant, ne participe qu'à l'écriture du seul "Trophy". C'est aussi lui qui fournit les lignes de saxophone de "Hybrid" sans doute le seul morceau décevant du lot. Mais il fournit évidemment la 6 cordes partout ailleurs excepté sur 3 titres : l'obsédante "Clockface"où Siouxsie psalmodie ainsi que les très énervées 'Skin" et "Paradise place" sur laquelle le son rond du chorus si particulier de Severin que l'on retrouve aussi dans la formidable "Desert kisses" fait des merveilles. Ici c'est Steve Jones en rupture Pistolienne qui joue : les deux n'apparaissent de toute façon que furtivement sur les crédits.
Où l'on note une fois de plus l'efficacité de Siouxsie et ses hommes sur de leurs emblématiques singles, "Happy house" avec déjà (!) les habiles contretemps de Budgie. Il y a ces sonorités électroniques nouvelles et les synthés de Severin sur les très bons 'Lunar camel" et "Red light", dernier titre qui aura certainement influencé et pas qu'un peu l'excellent duo de nos contrées Kas Product.

Si la capacité à se renouveler et à sortir de la nasse d'un mouvement est la marque des grands, Kaleidoscope fut à l'instar de London Calling  ou Machine Gun Etiquette autres exemples célèbres, la première pierre inscrite par le quatuor londonien. Jamais foncièrement goth en dépit de la coupe de cheveux de sa meneuse en chef et du respect accordé par la scène Batcave locale, Siouxsie And The Banshees allait poursuivre sa mue avec Juju (1981), disque adoré des fans même si moins doté en chansons marquantes de la trilogie avec McGeoch. Et poursuivre ainsi jusqu'au remarquable virage psychédélique de Hyaena (1984) et du plus conventionnel mais réussi Tinderbox (1986).
Avant que de se perdre dans une série de disques moins aboutis et le gimmick toujours renouvelé du "John guitariste" régulièrement renouvelé.
Dis-in-te-gra-ted

En bref : la mise en orbite d'un grand groupe punk qui sut à point nommé se réinventer. Il n'y en en eut pas tant.

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