En voilà de drôles de zozos. Septuor inclassable originaire de Nouvelle-Zélande du côté d'Auckland et mené lors de sa meilleure période par son duo de têtes pensantes Tim Finn / Phil Judd tous deux chanteurs compositeurs attirés et exclusifs, Split Enz s'est surtout fait connaître comme un groupe new-wave à succès jusqu'au milieu des années 80.
Mais avant que de s'accoutrer de façon bizarre tantôt en Devo des antipodes, tantôt d'une manière qui a plus que dû influencer... la Bande A Basile de nos contrées, Split Enz était en fait un groupe... prog-rock. Avec des compos à tiroir forcément ambitieuses et que servait évidemment le nombre conséquent des musiciens ainsi que leur dextérité. Tim Finn officiait aussi au piano tandis que Phil Judd était dévolu aux guitares et autres instruments à corde. C'est d'ailleurs sa mandoline que l'on entend dans l'intro du fabuleux "Walking down a road" qui ouvre l'album ainsi que sur "Titus". Tandis que de nombreuses autres sonorités de clavinet, mellotron ou saxophone entendus ailleurs sur d'autres morceaux de bravoure évoquent eux fortement le glam arty d'un Roxy Music ; d'ailleurs les coupes de cheveux permanentées et / ou hérissées sont à l'avenant.
En vérité et même si la comparaison aura de quoi faire frémir ceux pour qui le rock progressif est davantage vu comme quelque chose de régressif, on pense à l'écoute de ce disque qui ne ressemble à aucun autre aux premières oeuvres de Genesis le groupe de Peter Gabriel. Judd notamment a ce chant aigu et affecté toujours à la limite du falsetto que soutient occasionnellement l'organe moins maniéré de Hinn.
La comparaison s'arrête là car les morceaux (10 au total dont un outro envoyé à la va-comme-je-te-pousse) ont le mérite de ne pas être trop longs. De cet OVNI, on retiendra outre les titres déjà cités le crescendo de "Stranger than fiction", la dramaturgie de "Time for a change", son piano et ses synthés en adéquation, l'emphase et la concision de "Titus". Avec "Walking down a road", ce seront d'ailleurs les 4 titres réenrengistrés (dans des versions légèrement inférieures) pour Second Thoughts, deuxième album à visée plus internationale qui feront décoller le groupe.
La mélodie à tiroirs de l'excellent "Spellbound" avec sa rythmique à contre-temps, sa montée menaçante est aussi l'un des climax du disque. Guère après ce dernier album Phil Judd quitte Split Enz et le groupe s'oriente alors vers une pop new-wave réjouissante mais aussi plus conventionnelle. L'ajout sur le tard de Neil Finn frère de Tim, annonce la naissance de l' autre groupe "culte à succès Crowded House qui sera l'affaire du seul Neil, les autres comparses ayant quitté le navire.
Poursuivant une carrière à succès dans son pays mais aussi sur le marché anglo-saxon, Split Enz est de ces curiosités à redécouvrir toutes affaires cessantes. Le chant affecté et tout en tremolo de Tim Finn ravira les aficionados de Marc Bolan et T. Rex. Mais pas seulement.
En bref : il est rare de voir une oeuvre aussi singulière venant d'un groupe pourtant essentiellement estampillé pop new-wave. S'il ne faut garder qu'un Lp de Split Enz, c'est sans doute celui-là.
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