L'album qui encapsule les années psychédéliques du garage US ne contient pas l'ombre d'un effet psychédélique. Bon il y a bien une cruche électrifiée à l'arrière-plan mais pourquoi pinailler !
Roky Erickson et ses deux assesseurs que sont le guitariste Stacy Sutherland et Tommy Hall l'homme à la cruche créent leur quintette en 1966 en compagnie de deux sbires et d'emblée le groupe obtient un succès local et texan ultime avec l'un des plus grands hymnes qui soient : ce "You"re gonna miss me" échappé des Spades et composé par Roky est l'hymne repris par à peu près tout le monde et pas uniquement par des groupes punk à chien. On note notamment la cover marquante synth pop de Jad Wio au milieu des années 80.
Roky Erikson né Roger comme un autre célèbre frappadingue contemporain, a déjà fait sien avec ses copains l'adage de la fumette et des drogues psychotropes. C'est l'époque où de grands gourous et essayistes tels Thimothy Leary valident l'ouverture des portes de la perception. L'éphémère carrière du groupe ne sera d'ailleurs que suites de descentes de police et de mains basses sur de la marijuana quand ce ne seront pas les sacro-saints buvards qui vaudront à leurs détenteurs de sérieux démêlés avec les forces de l'ordre.
"You're gonna miss me" trône en bonne place sous sa chatoyante pochette au centre de laquelle se trouve l'Oeil de l'élévation humaine secondé au verso par le signe cabalistique de la pyramide ascensionnelle. Tout un programme.
La musique dans tout ça ? Elle est irrésistible et ce que l'on entend derrière la cruche quasi omniprésente qui imite le roucoulement du pigeon dans "Roller coaster", ce sont des chansons remarquablement écrites et qui pour une fois ne donnent pas dans les seuls slogans hédonistes amoureux du type "I need you so bad baby". Peu de résonances blues ou rhythm and blues dans la musique du groupe texan contrairement à nombre de leurs confrères de la même époque si ce n'est sur la lancinante intro de "Kingdom of heaven" qui n'aurait pas déparé une bande-son de David Lynch. Tout sonne...différent même si le groupe s'est nourri de ces mêmes influences à travers des reprises de Bo Diddley.
Et gimmick remarquable, pas une once de distorsion sur les guitares, aucun effet de flanger, feedback ou wah wah tellement empreints de leur époque. Autre élément à mettre au crédit des Elevators assurément. Dans ce disque sans temps mort, on note ces autres hymnes parmi les plus représentatifs du groupe que sont "Fire engine" lui aussi abondamment repris ainsi que "Tried to hide" réhaussé tout comme "....miss me" de l'harmonica de Roky.
Quand il ne jouait pas au possédé nasillard poussant des cris de hyène, le leader du groupe culte, savait être aussi ce chanteur formidablement touchant. Ainsi enfin débarrassé de la cruche, l'homme assène dans le magnifique "Splash 1 (Now I'm home)" ces douloureux et déchirants "I've seen your face before / I've known you all my life / And though it's new / Your image cuts me like a knife" prouvant s'il en était besoin que loin d'être cruche, le légendaire groupe Texan tel que décrit par le musicien rock critic Gilles Riberolles, disposait en plus d'un leader cinglé d'un son épuré qu'aucun autre groupe garage ne pouvait lui envier.
Quand il ne jouait pas au possédé nasillard poussant des cris de hyène, le leader du groupe culte, savait être aussi ce chanteur formidablement touchant. Ainsi enfin débarrassé de la cruche, l'homme assène dans le magnifique "Splash 1 (Now I'm home)" ces douloureux et déchirants "I've seen your face before / I've known you all my life / And though it's new / Your image cuts me like a knife" prouvant s'il en était besoin que loin d'être cruche, le légendaire groupe Texan tel que décrit par le musicien rock critic Gilles Riberolles, disposait en plus d'un leader cinglé d'un son épuré qu'aucun autre groupe garage ne pouvait lui envier.
Deux autres albums incontournables même si forcément moins réussis du fait de la démise progressive de Roky en proie à des tourments psychiatriques et carcéraux allaient suivre. Dont notamment Easter Everywhere (1967). Mais aucun ne réunirait autant de folie et de sauvagerie que ces Sonorités Psychédéliques, premières de cet intitulé dans l'histoire de la pop.
En bref : avec une première occurrence du mot "psychédélique" et sans l'ombre (ou presque) d'un artifice sonore, le coup d'essai des Thirteen Floor Elevators du grand fêlé Roky Erickson demeure l'une des pierres angulaires du garage US.

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